(r)évolution(s) : vous avez dit HPV ? Épisode 2, l’oncologie

En 2015, l’histoire de l’oncologie chez Médecins Sans Frontières se résumait à quelques lignes, pour l’essentiel consacrées au sarcome de Kaposi, une co-morbidité des patients malades du Sida. Dix ans plus tard, le récit s’est étoffé. 

Des équipes MSF au Mali et au Malawi prennent aujourd’hui en charge des patientes souffrant de cancers du col de l’utérus et du sein.  

Les constats qu’elles faisaient il y a dix ans restent sensiblement les mêmes aujourd’hui :  

  • Les programmes nationaux de lutte contre le cancer dans les pays aux ressources limitées sont sous-financés. 

  • Il n’y a pas, ou peu d’équipements accessibles pour les diagnostics et les traitements. 

  • Les quelques ressources qui existent sont centralisées dans les capitales  

  • L’approvisionnement en médicaments reste aléatoire   

  • Il n’y a pas assez de personnel médical formé   
     

Les femmes sont les premières victimes. Chaque année, 2,3 millions d'entre elles meurent prématurément d’un cancer. Parmi ces décès, 1,5 million pourraient être évités grâce à des stratégies de prévention et de dépistage. Les 800 000 restants pourraient être évités grâce à des soins de qualité.  

Au Malawi, MSF se concentre sur le cancer du col de l’utérus, le plus prévalent dans le pays. C’est une conséquence du fort taux d’infection au VIH : les patientes immuno-déprimées ont six fois plus de risque de voir une infection au papillomavirus humain, le HPV, évoluer en cancer. Il est donc impératif de développer la prévention et le dépistage précoce pour ces femmes.  
La vaccination HPV a été généralisée dans les pays à revenu élevé, mais le vaccin reste cher et dans les pays d’intervention de MSF, de nombreuses jeunes filles, et tous les garçons, en sont encore privés. Le dépistage et le traitement des lésions pré-cancéreuses pour toutes les femmes entre 25 et 49 ans est donc une autre priorité pour les équipes MSF. 
Afin de détecter ces lésions le plus tôt possible, les équipes MSF proposent un test HPV aux femmes susceptibles d’avoir été exposées. C’est un test efficace et qui nécessite seulement un auto-prélèvement. Selon les résultats du test, les équipes proposent un traitement sur place ou un référencement vers l’hôpital pour des soins avancés. Mais le coût trop élevé empêche de ce test HPV empêche une utilisation plus généralisée. 
MSF soutient également les femmes lors de leur parcours de soins en chirurgie, en approvisionnant le Ministère en médicaments anti-cancéreux de qualité, et dans certains cas, en prenant en charge les référencements en radiothérapie.  

Au Mali, les équipes accompagnent et prennent en charge des femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus et/ou d'un cancer du sein. 
L'enjeu pour le cancer du sein, puisqu'il est difficile de le prévenir, est de le diagnostiquer tôt, pour augmenter les chances de guérison. Les femmes qui présentent une anomalie, comme une douleur ou une rougeur, devraient avoir accès à un examen d'imagerie, intégré à leurs parcours de soins, par exemple lors de leurs consultations de routine pour la santé maternelle et infantile. Mais l’équipement permettant de réaliser une mammographie est coûteux et nécessite des techniciens formés, inexistants dans le secteur public au Mali. L'examen est donc réservé aux femmes qui peuvent le payer.
Poser un diagnostic sur le type de cancer relève ensuite du parcours du combattant, puisqu’il demande des examens spécifiques et coûteux, des laboratoires et des techniciens formés.  
Enfin, de très nombreuses femmes arrivent tardivement à l'hôpital, avec un cancer à un stade déjà avancé. Les soins palliatifs sont donc une composante importante de la prise en charge à l'hôpital et comme à leur domicile. 

D’ici à 2050, l'Organisation mondiale de la santé prévoit une augmentation de 150 % des cas de cancers dans les pays à ressources limitées.  

Cette décennie d’interventions dans ces deux pays nous aura enseigné une chose : il est possible d’avoir un impact sur la santé des femmes.   
Mais pour que les inégalités d’accès aux soins se réduisent enfin, les équipes médicales ont besoin d'équipements adaptés aux terrains, accessibles aux patientes, comme des mammographes portatifs. Des tests rapides pour l'identification des HPV à haut risque ou plus largement des diagnostics de cancer par test sanguin, sont à l'étude et permettraient de déployer à plus large échelle des moyens de diagnostic performants.  

L’actuel vaccin protège contre 9 types de papillomavirus, mais pas contre le HPV 35, particulièrement dangereux et très présent en Afrique subsaharienne. Les femmes qui y vivent ont besoin d’un vaccin qui les protège contre le HPV 35. Face à l’enjeu de santé publique mondial que représente le cancer, les innovations doivent être à la hauteur des besoins de tous les patients, de toutes les patientes, et leur accès doit être garanti pour les populations les plus vulnérables. 

Notes

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