Soudan : les activités médicales de MSF entravées par les pillages et violences

Soudan : MSF appelle à une intensification urgente de la réponse humanitaire et à la levée des blocages
Impact de balles dans un local de MSF à Khartoum, Soudan. 21 avril 2023 © MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) dénonce le pillage et l'occupation répétés de ses bureaux, locaux médicaux et entrepôts, ainsi que des structures de soins qu’elle appuie au Soudan. A une dizaine de reprises depuis le début des combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide le 15 avril, des groupes armés se sont introduits dans différentes structures et y ont volé médicaments, fournitures ou véhicules. Ces incidents entravent les activités médicales de l’organisation à un moment où les besoins en soins de santé sont critiques.

Hôpitaux pillés

MSF appelle toutes les parties belligérantes à garantir la sécurité du personnel médical et des établissements de santé, à permettre le passage rapide et sécurisé des ambulances et des personnes ayant besoin de soins, ainsi que la circulation sans entrave des travailleurs, organisations et matériel humanitaires. Le 20 mai, un cessez-le-feu national a été annoncé entre les parties belligérantes ; les précédents n’ont été que partiellement respectés.

MSF, qui gère des projets médicaux dans dix États du Soudan, tente d'intensifier ses activités médicales depuis le 15 avril. Ces efforts ont été continuellement entravés par le pillage ou l'occupation armée de ses locaux, ainsi que par des problèmes administratifs et logistiques.

Depuis le 15 avril, une dizaine d’incidents ont affecté les locaux de MSF au Soudan, à Khartoum, Zalingei, Nyala, et El Geneina. Deux hôpitaux soutenus par MSF à Zalingei et El Geneina ont été pillés. Des entrepôts, maisons et bureaux de MSF ont aussi été pillés et occupés par des groupes armés. Des véhicules et ambulances ont été volés ainsi que du carburant, des médicaments, des générateurs et certaines parties d’un hôpital ont été détruites. L’entrepôt de MSF à Nyala, dans le sud du Darfour, pillé le 16 avril, est toujours occupé par des combattants armés.

Problèmes logistiques

« Après le pillage de l'un de nos entrepôts médicaux à Khartoum, les réfrigérateurs ont été débranchés. La chaîne du froid a été détruite, de sorte que les médicaments sont périmés et ne peuvent plus être utilisés », déclare Jean-Nicolas Armstrong Dangelser, coordinateur d’urgence de MSF au Soudan. « Les besoins sont massifs, mais ces attaques rendent la tâche des professionnels de santé beaucoup plus difficile ».

Ces attaques ne se limitent pas à MSF et s'inscrivent dans une tendance plus large de mépris des deux parties belligérantes pour les vies civiles, les infrastructures et les installations de soins. Au 22 mai, l'OMS avait recensé 38 attaques contre des structures de soins de santé depuis le début du conflit, alors que le système de santé soudanais est déjà confronté à un manque de fournitures essentielles qui s’ajoute aux pénuries de nourriture et d’eau potable.

MSF est également confrontée à des problèmes administratifs et logistiques. Il est extrêmement difficile d'acheminer des fournitures d'une région à l'autre du Soudan. Des équipes d'urgence de MSF ont pu entrer au compte-goutte au Soudan au cours des premières semaines du conflit, mais il est depuis lors difficile d'obtenir l'autorisation de se rendre sur les lieux des projets ou d'obtenir des visas pour du personnel international supplémentaire.

Liste des incidents

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