« Octobre Rose » à Bamako : un mois de mobilisation pour le dépistage du cancer du sein

La chanteuse Bintou Soumbounou lors de la cérémonie de lancement de la campagne Octobre Rose
La chanteuse Bintou Soumbounou lors de la cérémonie de lancement de la campagne d'Octobre Rose au centre de santé communautaire du quartier de Yirimadio à Bamako, le 7 octobre 2021.  © Mohammed Dayfour Diawara

Au Mali, où la lutte contre le cancer est un enjeu grandissant, MSF s’associe à une campagne d’information et d’action, dans le cadre d’Octobre Rose, pour encourager le plus grand nombre de femmes possible à venir réaliser un dépistage dans les structures de santé de la capitale. Présentes depuis fin 2018 pour offrir des soins palliatifs et un support aux patients du service d’oncologie et d’hématologie du CHU du Point G, les équipes MSF interviennent aujourd’hui également en soutien au dépistage, au diagnostic et à la prise en charge des cancers du col de l’utérus et du sein à Bamako.

Au Mali, où le nombre de cancers du sein est largement sous-évalué (il était estimé à 2450 en 2020 [1]), la lutte contre la maladie passe en priorité par l’accès à un dépistage précoce. « Premier cancer chez les femmes maliennes aujourd’hui, le cancer du sein peut être traité avec de très bons résultats si la maladie est diagnostiquée suffisamment tôt. S’informer et se faire dépister, c’est se donner la possibilité d’être diagnostiqué et pris en charge à temps. » explique Foura Sassou Madi, chef de mission MSF à Bamako.

Du 1er au 31 octobre 2021, le dépistage du cancer du sein et du col est gratuit pour toutes les femmes dans 21 structures de santé de Bamako, incluant notamment tous les centre de santé de référence de la ville. Dans le cas où une anomalie serait détectée, le programme de MSF mené en partenariat avec les autorités sanitaires accompagnera les patientes vers les structures spécialisées et prendra en charge le coût des examens pour confirmer le diagnostic et débuter, si nécessaire, les traitements. MSF appuie la campagne Octobre Rose avec des intrants médicaux, l’organisation de formations et d’appui technique auprès du personnel soignant, et contribue aux différentes activités d’information.

Les maladies non transmissibles, au premier rang desquelles figure le cancer, pourraient faire partie des premières causes de mortalité en Afrique dans les prochaines décennies, alors que le continent lutte toujours contre les ravages des maladies infectieuses telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/ Sida. Les chances de survie à 5 ans pour un cancer du sein demeurent extrêmement réduites en Afrique subsaharienne, alors qu’elles dépassent 87% en France [2].

« Bien qu’il existe, au Mali, des soignants formés, des structures relativement équipées et un stock disponible de médicaments dédiés à la chimiothérapie pour la population, nous faisons face à plusieurs problèmes. Le premier est le manque de dépistage systématique qui entraîne des tumeurs diagnostiquées trop tardivement. La majorité des femmes arrivent à un stade très avancé de la maladie » explique Charlotte Ngo, référente oncologie de MSF.
Malgré les efforts des pouvoirs publics dans la prise en charge des cancers, les cas de rémission sont encore trop rares au Mali et le parcours thérapeutique reste extrêmement compliqué pour les patientes, en plus d'être financièrement hors de portée pour beaucoup de familles.

Le programme d’oncologie de MSF, en partenariat avec les autorités sanitaires, s’efforce ainsi de faciliter l’accès à la détection précoce et aux traitements en renforçant le dispositif de dépistage existant : « Weekend 70 », porté par le Pr. Ibrahim Téguété, ainsi qu'en appuyant le seul laboratoire d’anamapathologie du pays, des opérations chirurgicales, des séances de radiothérapie, de chimiothérapie et d’autres traitements médicamenteux. Durant la première moitié de l’année 2021, 166 femmes diagnostiquées avec un cancer du sein et 126 femmes diagnostiquées avec un cancer du col ont été accompagnées dans leurs examens et traitements dans le cadre de ce programme.


[1] Source : selon l’Agence internationale de recherche contre le cancer, qui s’appuie sur le registre national des cancers du district de Bamako et des modèles épidémiologiques pour produire des estimations à l’échelle de la population du pays. https://gco.iarc.fr/today/data/factsheets/populations/466-mali-fact-sheets.pdf

[2] Source : selon l’institut national du cancer https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-du-sein

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