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Les réfugiés et migrants doivent être évacués de Libye de toute urgence

Tripoli, le 02 septembre
Immeuble endommagé par des tirs de roquette lors des combats qui ont éclaté à Tripoli le 26 août 2018 © MOHAME BEN KHALIFA

Au troisième jour d’un fragile cessez-le-feu à Tripoli, en proie à de violents affrontements depuis le 26 août, plusieurs milliers de réfugiés et migrants sont toujours pris au piège dans les centres de détention de la capitale. MSF demande que les mécanismes de relocalisation, au point mort depuis plusieurs mois, soient activés de toute urgence afin que ces personnes soient évacuées du pays le plus rapidement possible.

« Plusieurs centres de détention de Tripoli sont situés sur les lignes de front. Des milliers de personnes y sont emprisonnées et exposées au risque d’être victimes des tirs aveugles d’artillerie et d’obus. La distribution d’eau et de nourriture, habituellement assurée par une poignée d’organisations internationales et d’ONG qui sont aujourd’hui contraintes de suspendre leurs activités en raison de l’insécurité, est devenue très aléatoire et l’aide médicale disponible insuffisante » déclare Ibrahim Younis, chef de mission MSF en Libye.

Les combats n’avaient pas atteint un niveau aussi violent à Tripoli depuis des années, avec notamment le bombardement intense de zones résidentielles. Depuis le début des combats le 26 août le ministère de la Santé estime que plus de 60 personnes ont été tuées et des centaines blessées, majoritairement parmi la population civile.

Dès le premier jour des hostilités MSF a perdu l’accès à l’un des centres de détention les plus peuplés, où ses équipes se rendaient régulièrement, privant ainsi les 700 personnes confinées à l’intérieur de soins et d’assistance. Des missiles atterrissaient sur les terrains des centres de détention, et des combats intenses se déroulaient tout autour. Dans les jours suivants, ces restrictions se sont étendues à quatre autres centres. MSF a été contrainte d’évacuer une partie de son personnel, de suspendre ses consultations médicales et de limiter son aide au référencement des urgences médicales et à quelques distributions ponctuelles de rations alimentaires, d’eau et de biens de première nécessité. Les activités sont par contre maintenues à l’extérieur de la capitale dans les zones de Khoms, Misrata et Zliten.

La semaine dernière, le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) a annoncé avoir procédé, avec d’autres organisations internationales et Médecins Sans Frontières, à l’ «évacuation » de quelque 300 réfugiés et migrants du centre de détention de Ain Zara, qui risquaient d’être piégés dans les combats. En réalité, ces personnes n’ont pas été évacuées du pays mais transférées quelques kilomètres plus loin dans le centre de détention d’Abu Salim à Tripoli, qui s’est retrouvé lui aussi pris dans les combats.

 « Déplacer des réfugiés et migrants en danger d’un centre de détention à un autre dans la même zone de conflit ne peut pas être décrit comme une évacuation et n’est certainement pas la solution »  poursuit Ibrahim Younis. « Des ressources et des mécanismes de relocalisation dans un pays tiers existent et doivent être activés immédiatement. Une fois réellement mises hors de danger, ces personnes pourront déposer leur demande d’asile ou bénéficier des programmes de retours volontaires. Il est impératif et vital que cela se mette en route au plus tôt. »

La majorité des réfugiés et migrants en Libye restent exposés à des niveaux extrêmes de violence et d’exploitation, qu’ils soient à l’intérieur ou non des centres de détention officiels. Beaucoup sont encore retenus captifs dans des lieux tenus par des trafiquants, victimes de torture,  sont sous la coupe de réseaux criminels ou essaient de se cacher et de trouver un moyen d’échapper à ces conditions cauchemardesques. Fuir par bateaux est rendu chaque jour plus difficile par les efforts des autorités libyennes et européennes pour bloquer les opérations de recherche et secours en mer et pour intercepter et renvoyer un maximum de personnes en Libye, où elles sont ensuite maintenues dans un système de détention arbitraire. Les garde-côtes libyens soutenus par les Etats européens ont déjà intercepté en mer et renvoyé en Libye plus de 12,000 personnes depuis le début de l’année, un chiffre inédit contribuant à la situation de surpopulation constatée dans les centres de détention. Même au plus fort des combats, les garde-côtes libyens ont continué de ramener à Tripoli des personnes interceptées en mer.

MSF appelle aujourd’hui la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour organiser dans les plus brefs délais l’évacuation hors de Libye de ces personnes en danger. MSF appelle plus particulièrement :

  • le HCR et les gouvernements des pays dits « sûrs » qui le peuvent à organiser l’évacuation des réfugiés et demandeurs d’asile et faciliter leur réinstallation;

  • l’Office international des migrations (OIM) et les pays d’origine à accélérer les procédures de retours volontaires.

  • Enfin, l’Union européenne et les autorités libyennes doivent cesser  d’intercepter en mer Méditerranée, celles et ceux qui tentent de fuir la Libye pour les y ramener, dans le but de réduire les arrivées en Europe à tout prix.

 

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