Des centaines de blessés en Syrie après le bombardement d’un marché dans une ville assiégée près de Damas

Syrie 2013. Robin Meldrum/MSF
Syrie, 2013. © Robin Meldrum/MSF © Robin Meldrum/MSF

Le bombardement d’un marché à une heure d’affluence le 9 octobre a fait des centaines de blessés dans la ville d’Erbin, à la périphérie de Damas dans la Ghouta orientale. Quelque 50 000 personnes y vivent assiégées depuis plus de deux ans. Médecins Sans Frontières (MSF), qui apporte un soutien à plus de 100 structures médicales dans le pays, notamment dans la Ghouta orientale, est très préoccupée par le fait que les médecins à Erbin, comme dans les autres zones assiégées, luttent pour prendre en charge les afflux massifs de blessés.

Depuis le 4 octobre, les bombardements et les tirs d’artillerie se sont intensifiés dans la zone d’Erbin. L’attaque la plus violente a été le bombardement d’un marché. Après cette attaque, l’hôpital dans la zone qui est soutenu par MSF mais où ne travaille pas de personnel MSF, a fait état d’un afflux de 250 blessés.

« Après le bombardement du marché jeudi dernier, notre salle d’urgences était complètement débordée, explique l’un des médecins de l’hôpital, qui souhaite garder l’anonymat. Je travaillais en pleurant quand nous avons dû amputer les jambes de trois enfants grièvement blessés. Nous avons utilisé 95% de nos stocks de médicaments et de matériel médical, ces derniers jours où les urgences n’ont pas cessé. Avec les bombes qui continuent de tomber et un nouvel afflux de blessés ce matin [le 16 octobre], nous sommes très inquiets pour les jours et les semaines à venir. Nous sommes en état de siège et il est difficile de recevoir tout ce dont nous avons besoin. Je suis triste – et en colère – de ne pouvoir fournir le niveau de soins que nous devrions donner à tous nos patients. »

Entre le 4 et 14 octobre, l’équipe de l’hôpital a soigné au total 975 patients victimes de trauma ; 180 d’entre eux étaient des enfants âgés de moins de cinq ans et 345 étaient des filles et des femmes. La salle d’urgence n’a pas désempli un seul instant et l’équipe chirurgicale a fait 495 opérations sur les blessés les plus graves. A ce jour, 63 patients ont succombé à leurs blessures, dont dix enfants de moins de cinq ans.

L’équipe médicale syrienne à laquelle MSF apporte un soutien depuis avril 2013 et avec laquelle MSF est actuellement en contact journalier, se bat pour prendre en charge un nombre aussi important de patients. Pour lui venir en aide, MSF avait augmenté son assistance en médicaments essentiels si bien que l’hôpital était en quelque sorte préparé, mais vu le nombre de blessés reçus, la pharmacie de l’hôpital voit ses stocks de produits indispensables s’épuiser rapidement. MSF s’efforce d’aider l’hôpital à reconstituer ses stocks de médicaments et matériel médical essentiels, notamment d’anesthésiants, d’antibiotiques et de solutés de perfusion que le directeur de l’hôpital a demandés en urgence. Mais cela est extrêmement difficile à faire dans une zone assiégée depuis plus de deux ans.

« Ce bombardement horrible et ce carnage à Erbin est un exemple très clair de la violence exercée sans relâche sur les zones enclavées en Syrie et montre pourquoi ces hôpitaux ont besoin d’un soutien massif, note Bart Janssens, directeur des opérations à  MSF. Les conditions de travail et le stress auxquels sont soumis les médecins syriens dont la vie est directement menacée chaque jour ont atteint des niveaux insupportables, ajoute Bart Janssens. Cela fait deux ans que les médecins sont de garde tous les jours 24 heures sur 24, toujours prêts à prendre en charge les urgences. Ils ne savent jamais quand il y aura des coupures d’électricité,  quand l’eau va manquer dans l’hôpital ou s’il y aura du carburant pour une ambulance. Il est assez difficile pour eux de continuer à faire marcher les services de médecine courante quand l’acheminement de chaque boîte de médicaments est compliqué, sans parler de la prise en charge des urgences médicales extrêmes. »
 

MSF gère directement trois hôpitaux dans le nord de la Syrie, mais partout ailleurs les équipes MSF ne peuvent pas intervenir directement faute d’en avoir reçu l’autorisation ou parce que ce serait trop dangereux. Pour venir en aide aux médecins syriens, MSF a mis en place un vaste programme de soutien axé  plus particulièrement mis sur les zones assiégées et coupées de toute assistance. Ce soutien s’étend à plus de 100 hôpitaux et postes médicaux dans tout le pays et va de la fourniture régulière de médicaments et matériel médical pour que les hôpitaux et postes médicaux continuent de fonctionner, à de la formation médicale et à des donations d’urgence ponctuelles pour des urgences médicales spécifiques.

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