Soudan du Sud : un programme dédié aux anciens enfants soldats

Des patients du programme MSF de Yambio jouent ensemble. 2019. Soudan du Sud. 
Des patients du programme MSF de Yambio jouent ensemble. 2019. Soudan du Sud. 

Médecins Sans Frontières aide depuis février 2018 d’anciens enfants soldats sud-soudanais à réintégrer leurs communautés d’origine, dans la ville de Yambio (Équatoria-occidental). Le Soudan du Sud est en proie à une guerre civile dévastatrice depuis 2013, qui a poussé plus de 4 millions de personnes à fuir les affrontements et les massacres, en se déplaçant dans le pays ou en se réfugiant dans des pays voisins.

Silvia Márquez est responsable des activités de santé mentale de ce programme MSF. Elle décrit les difficultés que rencontrent ces enfants une fois qu’ils ont quitté les groupes armés.

Tous nos patients sont originaires de Yambio et de ses alentours. Le plus jeune a 10 ans et le plus âgé vient d’avoir 19, mais la majorité a entre 15 et 17 ans.

Un tiers de nos patients sont des filles. Ils sont très peu à déclarer avoir rejoint volontairement des groupes armés, et quand ils l’ont fait ils étaient très jeunes et n’ont pas forcément compris les conséquences de ce choix.

Enlevés sur le chemin de l’école

D’autres enfants mettent en avant leurs conditions de vie difficiles mais la majorité d’entre eux disent avoir été enlevés sur le chemin de l’école ou alors qu’ils travaillaient dans les champs.

Silvia Márquez est responsable des activités de santé mentale du programme MSF de Yambio. 2019. Soudan du Sud. 
 © MSF
Silvia Márquez est responsable des activités de santé mentale du programme MSF de Yambio. 2019. Soudan du Sud.  © MSF

Certains disent avoir dû porter les armes et avoir été témoins de violence. Jusqu’ici, 983 enfants ont été démobilisés à Yambio, sur un total de 3 100 dans le pays (Unicef).

L’équipe de Médecins Sans Frontières leur offre une prise en charge médicale, qui prend en compte les cas de violences sexuelles, et leur fournit des soins de santé mentale afin qu’ils puissent se remettre des expériences vécues en tant que soldat.

Médecins Sans Frontières a ainsi réalisé 1 430 consultations et 911 sessions de santé mentale sur l’année écoulée.

La plupart des anciens enfants soldats ont été accueillis dans leurs familles, mais d’autres ont eu du mal à retrouver leurs parents, qui ont pu être déplacés par le conflit ou sont décédés depuis. Par ailleurs, certains enfants ont été considérés comme un fardeau et ont été rejetés par leur communauté. La plupart des enfants sont aujourd’hui scolarisés et travaillent dans les champs ou avec leur famille.

Reprendre une activité normale

Près de 35 % des patients sont atteints de stress post-traumatique et la dépression est fréquente chez ces anciens enfants soldats. Les symptômes sont variés : flashbacks récurrents, pensées intrusives ou suicidaires…

Programme de soutien aux anciens enfants soldats. 2019. Soudan du Sud. 
 © Alex McBride/MSF
Programme de soutien aux anciens enfants soldats. 2019. Soudan du Sud.  © Alex McBride/MSF

L’équipe de Médecins Sans Frontières est composée d’une centaine de professionnels qui soutiennent les patients, en traitant notamment les symptômes liés à leurs peurs ou à leurs anxiétés et en renforçant leur capacité d’adaptation et de résilience. Des sessions d’activités psychoéducatives sont également réalisées et des activités récréatives, comme des matchs de football ou des ateliers de peinture, sont organisées.

Toutefois, quand leur vie quotidienne devient trop difficile, certains pensent de nouveau à rejoindre un groupe armé, car les activités guerrières pourraient leur offrir un meilleur niveau de vie. Il est important dans ces moments-là de leur assurer un accès à l’éducation pour qu’ils se sentent intégrés de manière active dans leur communauté.

Pour ces anciens enfants soldats, un rétablissement est possible malgré les traumatismes vécus. Le processus thérapeutique peut leur permettre de poursuivre leur vie : se marier, avoir un enfant, retourner dans leur famille… Et près des deux tiers des patients qui ont quitté le programme ont achevé leur traitement avec succès.

À lire aussi