URGENCE GAZA

Gaza : la résolution du Conseil de sécurité sur un
cessez-le-feu doit être suivie d’effets immédiats

Lire le communiqué

Fonds d'urgence

Chapo

Grâce à vous, nos équipes interviennent en urgence auprès des populations qui en ont le plus besoin, partout où nous agissons.

je donne au fonds d'urgence MSF 

Soigner les enfants atteints de paludisme grave au Tchad: témoignage du Dr. Gaylord Delobre

Unité de traitement du paludisme MSF à l'hôpital de Moïssala Tchad. Consultation à l'admission au service de soins intensifs.
Unité de traitement du paludisme MSF à l'hôpital de Moïssala, Tchad. Consultation à l'admission au service de soins intensifs. © Andrea Bussotti/MSF

Gaylord Delobre est médecin généraliste. Il est de retour de trois mois de mission à Moïssala, dans le sud du Tchad, en pleine saison de paludisme. Il décrit l’atmosphère qui règne à l’unité paludisme gérée par MSF à l’hôpital de Moïssala, une petite ruche où tout le monde s’active pour soigner et sauver les enfants atteints de paludisme grave.

« Tous les enfants qui entrent à l’unité palu ne sont pas forcément dans le coma. Certains sont conscients et pleurent ! Surtout aux admissions, quand ils voient des gens qui s’affairent autour d’eux, qui leur piquent le bout du doigt pour avoir une goutte de sang pour mesurer le taux de sucre ou le taux d’hémoglobine, qui prennent quelques minutes pour essayer de leur poser une intraveineuse - et ce n’est pas facile sur les nourrissons. Donc oui on les pique, les enfants se sentent agressés, ils sont souvent paniqués et ils pleurent. C’est une situation de stress pour eux ! Il faut  parfois s’y reprendre à plusieurs fois pour les examiner, pour qu’ils soient calmes. Donc oui il y a du bruit. Les mamans qui parlent entre elle, qui rigolent ou s’invectivent parfois, il y a les infirmiers qui poussent les chariots, il y a les bruits de préparation des perfusions, les hygiénistes qui viennent nettoyer et qui soulèvent les chaises et les tables, les ventilateurs qui tournent, le générateur au loin qui permet d’alimenter le bâtiment en électricité, les extracteurs d’oxygènes qui font du bruit, l’oxygène qui arrive au bout du tuyau. C’est un endroit qui fourmille d’activités !

On est vraiment en pleine période de pic, il y a beaucoup de cas dans le district et à l’unité on accueille les cas les plus graves. Il y a deux formes de paludisme : simple ou grave. La principale forme grave est la forme neurologique, c’est-à-dire que l’enfant peut avoir des troubles de la conscience, tomber dans le coma, ou avoir des convulsions qui sont dues spécifiquement au parasite. L’autre forme grave que l’on rencontre est le paludisme anémique : le parasite se développe dans les globules rouges, ce qui provoque un déficit en oxygène et donc des symptômes de détresse respiratoire, de tachycardie.

L’enfant qui arrive à l’unité palu de Moïssala est très souvent référé par un centre de santé périphérique soutenu par MSF. Il arrive en général avec sa maman, tous les deux transportés à moto (c’est d’ailleurs souvent épique !). C’est d’abord un infirmier qui lui prend les premiers paramètres - la température, le poids, la taille - et voit s’il est malnutri ou non. On lui fait aussi une glycémie, on contrôle son taux d’hémoglobine. La première dose de traitement contre le palu est administrée en intraveineuse dès l’admission. Ensuite l’enfant est transporté aux soins intensifs où il peut être mis sous oxygène, transfusé ou perfusé.

Ça dépend des cas mais généralement les enfants restent très souvent 48h aux soins intensifs. Le temps que les convulsions s’arrêtent, que l’état de conscience s’améliore, que l’enfant récupère, qu’il n’ait plus besoin de perfusion ni de traitement intraveineux. Au bout de ces 2/3 jours, quand l’enfant va mieux, il est transféré dans un lit « d’aval », c’est-à-dire post-intensifs où l’on peut observer comment l’enfant répond au traitement par voie orale, s’il le tolère bien. Dès qu’on est sûr que l’enfant prend bien son médicament, il peut rentrer à la maison pour poursuivre son traitement à domicile. Si on sent que ce sera difficile parce que la maman a du mal à comprendre les consignes, alors on va garder l’enfant jusqu'à ce qu’il soit guéri.

Maintenant, il peut y avoir des décès, ou bien des enfants qui en gardent des séquelles neurologiques : un enfant qui arrive en marchant, qui ne marche plus, qui arrive en parlant, qui ne parle plus, qui arrive en s’alimentant tout seul et qui n’y arrive plus. Mais heureusement on récupère la plupart des enfants et ils sortent guéris. »

À lire aussi