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RDC : " les exactions contre les civils continuent "

Faradje Hôpital général de Faradje  Haut Uélé Province Orientale RDC.
Faradje, Hôpital général de Faradje - Haut Uélé, Province Orientale, RDC. © Miguel Cuenca

De retour du Haut-Uélé, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), Katharine Derderian, coordinatrice de projet pour MSF, décrit la situation de la population civile et le climat de peur qui règne dans cette région où un conflit oppose les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) à l'armée congolaise.
 
 

Quelle est la situation aujourd'hui dans cette région du Congo?

Depuis septembre 2008, les rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army ou LRA), qui viennent de l'Ouganda voisin, commettent des actes de violence à l'encontre des populations des Haut-Uélé et Bas-Uélé, au nord-est de la RDC.

Ces violences, qui touchent plusieurs régions du nord de la RDC, du Sud-Soudan et de République Centrafricaine, ont été exacerbées par les opérations menées contre la LRA par les armées des pays voisins en décembre 2008.

Aujourd'hui, les exactions contre les civils continuent et l'accès des organisations humanitaires reste difficile en raison de la forte insécurité.

Peux-tu nous parler de ta mission et des projets de MSF?

J'étais responsable du projet de MSF dans les villes des Niangara et Faradje, dans le district du Haut-Uélé.


A Niangara, MSF soutient un hôpital d'une cinquantaine de lits, et offre notamment des soins médicaux et psychologiques pour les victimes de violences sexuelles.

De l'autre côté de la rivière Uélé, qui traverse la ville, nous travaillons aussi dans un centre de santé. Au total, l'équipe de Niangara assure 800 consultations médicales par semaine.

Du côté de Faradje, nous appuyons un centre de santé de 40 lits, où l'équipe assure 500 consultations hebdomadaires et offre également une aide psychosociale aux personnes ayant vécu des expériences traumatisantes.

D'autres équipes MSF travaillent également dans les localités de Dungu, Dingila et Doruma. Au total, 130 Congolais et 21 employés internationaux travaillent dans les projets de MSF au Haut-Uélé et Bas-Uélé.


Où vivent les populations déplacées par les violences ?

Selon les estimations officielles, 250 000 personnes ont fui les violences dans le nord de la RDC et des dizaines de milliers d'autres ont traversé la frontière pour se réfugier au Sud-Soudan. A Faradje, 4 000 personnes déplacées vivent rassemblées dans trois camps alors qu'à Niangara, ils sont environ 10 000 à être accueillis par la population locale.

La population locale essaie tant bien que mal d'aider les déplacés et fait preuve d'une grande solidarité en leur offrant un abri, de la nourriture et des vêtements, alors que ces personnes ne parlent parfois pas la même langue. Or la population locale vit déjà dans des conditions très précaires et les conditions de vie se détériorent pour tout le monde. Ici, les gens partagent tout, même la misère.


Les déplacés peuvent-ils aujourd'hui rentrer chez eux?

Certains ont essayé mais c'est une minorité. Et souvent, ce qu'ils trouvent sur place les dissuade de rester : leurs maisons ont été brûlées, leurs biens pillés, et l'insécurité est omniprésente.

La plupart des déplacés restent donc dans les villes ou les camps. Quand la nourriture fait cruellement défaut, certains tentent des allers-retours vers leurs champs. Or, la dernière récolte de mars et avril a été perdue. Pour celle qui arrive maintenant, la plupart des habitants de la région n'ont pas pu semer en raison de l'insécurité.


Comment se traduit cette insécurité chez les populations ?

Ces attaques ont lieu depuis septembre 2008. La frayeur est tenace parce que presque tout le monde a été affecté par une forme de violence, soit parce qu'ils en ont été les victimes directes, soit parce que des personnes de leur entourage ont subi un meurtre, un viol ou un kidnapping.

Dans les yeux de chacun, vous percevez une peur indescriptible : la peur de se faire attaquer pendant son sommeil, la peur de voir ses enfants se faire kidnapper, et la peur d'abandonner sa maison et sa terre, source première de nourriture.

Lors des consultations, l'équipe MSF soigne le paludisme, des infections respiratoires ou des infections sexuellement transmissibles, mais aussi des cas de gastrites ou de douleurs diffuses. Or ces derniers diagnostics sont des indicateurs, entre autres, de stress.

En plus des soins médicaux, nous avons mis en place un programme d'aide psychosociale. Dans cette région, presque toutes les personnes que vous rencontrez ont vécu des expériences traumatisantes. Ces dernières semaines, au centre de santé de Faradje, nous avons reçu un nombre croissant d'enfants qui avaient été kidnappés par les rebelles de la LRA pour servir de porteurs, de combattants ou encore d'esclaves sexuels.

A ce jour, nous avons pris en charge 108 enfants, garçons et filles, âgés de 9 à 18 ans. Nous leur offrons un endroit où dormir, des espaces de jeu et un accompagnement individuel par une psychologue MSF. J'ai été impressionnée de voir à quel point ils évoluent positivement.


Les organisations d'aide sont-elles en mesure de répondre aux besoins des populations ?

Il est très difficile pour les organisations humanitaires de travailler dans la région. MSF est d'ailleurs contrainte d'effectuer la majorité de ses déplacements par avion, en raison du manque de route et de l'insécurité.

Aujourd'hui, l'aide humanitaire est largement insuffisante pour répondre aux besoins de ces populations, déplacées ou non. C'est pourquoi nous continuons d'appeler d'autres organisations humanitaires à établir une présence permanente auprès des populations des Haut-Uélé et Bas-Uélé, comme le fait MSF pour le moment.

 

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