RD Congo - Les convois humanitaires sous escorte armée : une réponse inadaptée

27 octobre 2008. Plus de 25 000 déplacés poussés à fuir de nouveau en raison des combats autour de Kibumba entre Rutshuru et Goma.
27 octobre 2008. Plus de 25 000 déplacés poussés à fuir de nouveau en raison des combats autour de Kibumba, entre Rutshuru et Goma. © Dominic Nahr / L'Oeil Public

Les convois humanitaires sous escorte armée de la Monuc créent une confusion entre aide humanitaire et action politique ou militaire. Pour MSF, cette distinction est cruciale.Lire notre dossier spécial Etat : critique

Les « convois humanitaires » sous escorte armée de la Monuc, de Goma à Rutshuru, qui ont été fortement médiatisés, sont une réponse inadaptée à la crise humanitaire à laquelle est confrontée la région du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), déclare MSF.

 

Les convois humanitaires sous escorte armée ont peut-être pour objectif d'améliorer l'accès des organisations humanitaires, mais ils présentent un danger, celui de réduire l'accès aux populations», note Anne Taylor, chef de mission de MSF à Goma.

Les organisations humanitaires peuvent être instrumentalisées par des acteurs politiques ou militaires et être assimilées à une partie au conflit.

Les convois humanitaires sous escorte armée, comme ceux de la Monuc, créent en outre une confusion entre aide humanitaire et action politique ou militaire. MSF insiste sur la nécessité de maintenir cette distinction cruciale dans la région instable du Kivu.

MSF dispense des soins médicaux à tous les patients sans discrimination, ajoute Anne Taylor. Du fait de notre neutralité, les équipes MSF peuvent se rendre là où la population a besoin de notre aide. MSF achemine son aide sans escorte armée.

D'une part, les convois sous escorte armée posent problème et, d'autre part, l'aide limitée qu'ils apportent n'arrive pas dans les  zones immenses touchées par le conflit et les déplacements de populations.

Avec l'escalade de la violence au Nord-Kivu dernièrement, l'attention dans le monde s'est de nouveau portée sur la RDC, mais les souffrances dans cette région ne sont pas une nouveauté. Depuis des années, les équipes de MSF sont témoin des déplacements massifs et répétés de populations dans tout le Nord-Kivu.

MSF achemine son aide sans escorte armée. Du fait de notre neutralité, nos équipes peuvent se rendre là où la population a besoin d'aide.

Anne Taylor, chef de mission à Goma
Le conflit dans la région du Kivu ne se limite pas à Goma et Rutshuru. Ces dernières semaines, des centaines de milliers de personnes ont fui dans diverses directions. MSF est particulièrement préoccupée par le sort des personnes se trouvant aux alentours de Rutshuru, Kayna, Nyanzale et Masisi, qui ont un besoin urgent d'eau, de nourriture, de soins médicaux et de biens de première nécessité.

En dépit de l'insécurité actuelle, MSF poursuit son travail dans les villes touchées par les combats, comme Rutshuru, Kayna, Masisi, Kitchanga et Mweso. Dans cette région du Nord Kivu, MSF soigne des blessés de guerre et des patients atteints du choléra, dispense plus généralement des soins médicaux et fournit de l'eau potable et des biens de première nécessité aux personnes déplacées ainsi qu'aux populations résidentes.

MSF à Rutshuru : en octobre, les équipes MSF ont soigné dans l'hôpital de Rutshuru 1210 patients aux urgences, dont 237 blessés par balle. Auparavant, 800 patients étaient pris en charge en moyenne chaque mois. Depuis un mois, nos équipes soignent 70 cas de choléra en moyenne par semaine.

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