Pakistan : Fournir des soins médicaux aux familles déplacées par les inondations dans le Sindh

Consultation médicale mobile dans le camp de Dadah sous district de Tando Bago district de Badin dans le Sud de la province du Sindh.
Consultation médicale mobile dans le camp de Dadah, sous-district de Tando Bago, district de Badin, dans le Sud de la province du Sindh. © P.K. Lee/MSF

Les importantes inondations au Pakistan ont touché des millions de personnes, particulièrement dans la province du Sindh, au Sud-Est du pays. Retour sur l'intervention d'urgence - passée, présente et à venir - de MSF.

Ces deux derniers mois, la mousson et des semaines de pluies torrentielles, cumulées au débordement des canaux, ont inondé les villages de cette région du Pakistan, laissant des dizaines de milliers de familles sans-abri. Le district de Badin, dans le Sud du Sindh, a été l’une des zones les plus sinistrées. A Tando Bago, sous-district situé à l’Est de Badin, les bas-côtés des routes principales (surélevées) étaient encore sous l'eau deux mois après le début des inondations.

MSF a fourni une assistance médicale aux familles déplacées vivant dans des camps ou sous des tentes le long des routes. Même si les pluies ont finalement cessé et le niveau de l’eau commencé à baisser, des milliers de personnes sont toujours dans l’incapacité de rentrer chez elles. MSF continue donc de travailler dans la zone, afin de poursuivre les soins médicaux et afin de suivre l’état de santé des populations touchées.

Sanna* a deux enfants. Comme beaucoup de familles de Badin, sa maison a été totalement détruite par les inondations. « Les biens les plus précieux que nous ayons aujourd’hui sont les ustensiles de cuisine », constate-t-elle. Avec sa famille, ils ont marché jusqu’à trouver un morceau de terrain assez haut pour échapper à l’eau. Très vite, cet emplacement est devenu un camp pour personnes déplacées regroupant environ 200 familles venant de différents villages.

Les déplacés ont utilisé tous les matériaux qu’ils ont pu trouver pour construire des abris de fortune y compris des branches, des bâches plastique et des feuilles. Dans le camp, l'accès à l’eau potable et à la nourriture est très limité. « Depuis que nous sommes arrivés ici, nous avons seulement reçu deux distributions de deux kilos de farine. Je ne mange que deux repas par jour : des chapatis (pain indien), rien d’autre », témoigne Sanna. Et pour boire ? Sanna désigne un étang d’eau stagnante, pas très loin de sa tente : « c’est ici que nous récupérons l’eau ».

Sanna était enceinte quand les inondations ont touché son village. Son bébé est né il y a dix jours, sous leur abri, dans ce camp où les conditions de vie et d’hygiène rendent son fils particulièrement vulnérable aux maladies. « Il a la diarrhée depuis qu’il est né. J'ai peur de perdre mon fils », ajoute-t-elle.

Après avoir évalué les besoins sanitaires, MSF a mis en place des dispensaires mobiles dans plusieurs camps de déplacés du sous-district de Tando-Bago afin de fournir des soins médicaux, gratuits, à des patients comme Sanna et sa famille. Les pathologies les plus fréquemment rencontrées sont des cas de diarrhée, d’infections respiratoires et dermatologiques et de paludisme. L’équipe MSF vient également en soutien au personnel de l’hôpital Tehsil de Tando Bago dans le service des consultations externes. En parallèle, MSF a fourni des jerrycans, du savon et des moustiquaires à plus de 750 familles déplacées et a distribué 48 000 litres d’eau potable, par jour, dans plusieurs villages et camps.

« La situation s’est améliorée depuis la dernière semaine de septembre. A Tando Bago, le niveau de l’eau commence à baisser et les familles déplacées rentrent chez elles, même si quelques unes demeurent encore dans les camps ou sous les tentes le long de la route », explique le Dr Erwin Lloyd Guillergan, coordinateur de l’équipe d’urgence MSF. « Selon les besoins, nous poursuivrons nos dispensaires mobiles dans les camps. Nous continuerons également à surveiller la situation sanitaire et à explorer, dans les semaines à venir, les possibilités d’approvisionnement en eau potable dans les villages d’où viennent les déplacés. S’il y a d’immédiats besoins médicaux non pourvus ou un risque d’épidémie, en tant qu’organisation d’urgence, nous seront prêts à y répondre ».

Actuellement, 7 expatriés et 23 personnels pakistanais MSF travaillent à Badin sur la réponse d’urgence post-inondations.  

* Les noms ont été modifiés afin de protéger l’anonymat des patients.

Depuis 1986, MSF travaille au Pakistan auprès des Pakistanais et des réfugiés afghans victimes des effets des conflits armés, du manque d’accès aux soins et des catastrophes naturelles. Actuellement, dans les zones tribales sous administration fédérale (FATA) et dans certaines parties du Khyber Pakhtunkhwa (KP), nos équipes fournissent des soins médicaux d’urgence, gratuits, dans l’Agence de Kurram, à Hangu et Peshawar ; mais aussi dans les districts de Lower Dir, Malakand et Swat, ainsi que dans la province du Balouchistan. Les programmes menés par MSF au Pakistan ne sont financés que par des dons privés.

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