Nord Nigeria : vivre dans le camp de déplacés surpeuplé de Pulka

Personnes déplacées dans le camp de transit de Pulka, dans le nord-est du Nigeria. Ces abris devaient être temporaires, mais certaines personnes y habitent depuis des mois. Nigeria. 2018. 
Personnes déplacées dans le camp de transit de Pulka, dans le nord-est du Nigeria. Ces abris devaient être temporaires, mais certaines personnes y habitent depuis des mois.    © Igor G. Barbero/MSF

Parmi les nombreuses personnes qui ont fui le conflit violent qui se tient dans le nord-est du Nigeria depuis plus de huit ans, certaines ont trouvé refuge dans des villes comme Pulka, où sont installés des camps de transit, faits d’abris et de tentes de fortune.

Cette situation qui devait être temporaire dure depuis des mois, et les personnes déplacées de Pulka sont soumises aux conditions de vies précaires du camp, qui pourraient s'aggraver avec l'arrivée de la saison des pluies.

Aishatu Mohammed est anxieuse. Après avoir fui un violent conflit, elle a passé le mois dernier dans un abri de fortune qu’elle partage avec des dizaines d'autres personnes déplacées dans le camp de transit à Pulka, une petite ville du nord-est du Nigeria.

L'abri d’Aishatu est une structure rectangulaire faite de morceaux de bâches cloués sur un cadre en bois pourri. Des casseroles aux fonds brûlés, des jerricans et des récipients de toutes formes et tailles sont éparpillés à travers la pièce. Pendant la journée, des nattes et des couettes sont roulées et utilisées comme dossiers pour offrir un peu de confort aux personnes qui y vivent.

Les habitants des abris surpeuplés de Pulka sont principalement des femmes et des enfants. Mais il y a aussi quelques personnes âgées et des hommes d'âge moyen. Dans la tente d'Aishatu, les gens vivent les uns sur les autres. Elle ne peut même pas allonger ses jambes sans se cogner contre quelqu'un d'autre.

Une femme devant une tente du camp de transit de Pulka, au Nigeria. 
 © Igor G. Barbero/MSF
Une femme devant une tente du camp de transit de Pulka, au Nigeria.  © Igor G. Barbero/MSF

Il y a quelques jours, une tempête a déchiré une partie de la bâche faisant office de toit. L’abri n'a pas encore été réparé.

Aujourd'hui, il fait chaud et les visages dégoulinent de sueur. « Je n'ai pas mon propre abri. Quand il pleut, l'eau tombe sur moi et je suis trempée. Il n'y a pas d'endroit où s’abriter de la pluie », explique Aishatu.

Bintu Ibrahim, une femme enceinte, est arrivée à Pulka il y a une vingtaine de jours. « Quand la pluie arrive, il n’y a même pas un endroit sec pour cuisiner. Nous souffrons tous, en particulier les femmes enceintes comme moi, qui ne devraient pas être exposées au froid et à l'humidité. »

Aishatu et Bintu sont complètement dépendantes de l'aide humanitaire. Elles ne sont pas les seules ; environ 5 000 personnes vivent dans des conditions précaires dans les 38 abris partagés dans le camp de transit de Pulka. Ces abris sont censés être une solution temporaire pour les personnes déplacées, avant qu'on leur attribue des abris familiaux. Mais certaines familles y vivent déjà depuis un an.

« Ces abris ne sont censés héberger que des personnes en transit. Certains refuges communautaires accueillent jusqu'à 150 ou 200 personnes. Plusieurs sont cassés et ont besoin d'être réparés, mais il n'y a pas de système d'entretien dans le camp », explique Martin Okonji, le coordinateur du projet MSF à Pulka.

Deux enfants se tiennent devant un abri détruit dans le camp de transit de Pulka. 
 © Igor G. Barbero/MSF
Deux enfants se tiennent devant un abri détruit dans le camp de transit de Pulka.  © Igor G. Barbero/MSF

Malgré les distributions fréquentes, les personnes déplacées expliquent que la quantité de nourriture qu'elles reçoivent n'est pas suffisante pour nourrir toute une famille. Au cours des derniers mois, les résidents du camp ont également fait face à de graves pénuries d'eau. Les longues queues de personnes attendant avec leurs jerricans aux points d'eau ont maintenant diminué avec l'arrivée de la saison des pluies.

Avec le début des pluies, il y a davantage de risques de flambées de maladies comme le choléra ou d'autres maladies d'origine hydrique. « Il y a d'énormes risques pour la santé en raison des conditions sanitaires. Les toilettes sont inondées et les déchets qui débordent représentent un danger supplémentaire pour la santé des résidents », explique Martin Okonji.

« La ville a connu un afflux constant de nouveaux arrivants au cours des dernières années, mais les services de base n'ont pas augmenté en conséquence. Les organisations humanitaires doivent garantir des conditions de vie sûres aux personnes déplacées à Pulka », ajoute le coordinateur MSF.

MSF gère un hôpital à Pulka depuis la fin de 2016. Il fournit des soins de santé primaires et secondaires, des soins maternels, des services de santé mentale et des soins pour les enfants malnutris. Entre janvier et mars 2018, MSF a mené près de 13 000 consultations externes et traité plus de 1 550 enfants malnutris à Pulka. Dans le nord-est du Nigeria, MSF travaille dans 11 sites à travers les États de Borno et de Yobe.

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