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Madagascar : des cliniques mobiles pour lutter contre la malnutrition dans le Grand Sud

Une clinique mobile MSF à Ankamena, commune de Ranobe, dans le district d'Amboasary. Avril 2021. 
Une clinique mobile MSF à Ankamena, commune de Ranobe, dans le district d'Amboasary. Avril 2021.  © Djann Jutzeler/MSF

Depuis la fin du mois de mars 2021, Médecins Sans Frontières intervient en réponse à une crise médico-nutritionnelle dans le sud de Madagascar. Les équipes MSF déploient actuellement des cliniques mobiles dans plusieurs communes du district d’Amboasary, dans la région d’Anôsy. Le projet se concentre sur le dépistage et la prise en charge des cas de malnutrition aigüe sévère et modérée.

« Quand la saison est bonne, nous cultivons du riz et des patates douces. Mais il n’y a pas eu de pluie ces trois dernières années, alors nous ne pouvons rien planter, explique Mandilsoa, chef du village de Kapila, où MSF a installé une clinique mobile. Nous espérons que la pluie tombe, sinon c’est la mort qui nous attend. »

Cette année, plus que les autres, les régions du Grand Sud de l’île de Madagascar souffrent de la sécheresse et de l’absence de pluie. Les récoltes en pâtissent, et sont quasi-inexistantes, alors que la population se repose essentiellement sur elles pour se nourrir et générer des revenus. C’est le « kéré » disent les locaux, terme décrivant le manque de nourriture et la faim.

Des cliniques mobiles pour traiter la malnutrition

Les cliniques mobiles MSF sont déployées dans trois communes du district d’Amboasary, choisies sur des critères d’isolement, de faible accès aux soins et de vulnérabilité des populations. « Pour les habitants d’Ankamena, commune de Ranobe, le premier centre de santé fonctionnel se trouve à une demi-journée à pied de marche. Pour ces populations affaiblies, en manque de tout, la priorité est de trouver de quoi boire et se nourrir. La santé passe au second plan », explique Julie Reversé, coordinatrice d’urgence à Madagascar.

Les jours de consultation, ce sont des centaines de personnes qui se présentent aux portes de la clinique mobile. Les enfants, mais également les adolescents et les adultes, sont dépistés, examinés et, en fonction de leur état de santé, admis dans le programme nutritionnel mis en place par MSF. Après une première consultation médicale, les patients souffrant de malnutrition aigüe reçoivent un traitement systématique et des rations d’aliments thérapeutiques, ou « Plumpy’ nut » (pâte d’arachide enrichie), afin d’initier sa prise en charge. « En raison de l’urgence de la situation, nous avons mis en œuvre un protocole simplifié de la prise en charge de la malnutrition aigüe. Le suivi de chaque patient est assuré toutes les deux semaines », précise Julie Reversé.

« Jusqu’à présent, dans les trois communes où nous travaillons, nous avons dépisté 4674 personnes et admis 1136 patients dans notre programme [1], dont 831 enfants de moins de 5 ans. Parmi ces enfants, environ un tiers souffrent de malnutrition aiguë sévère et deux tiers de malnutrition aiguë modérée [2] », note Anne Tilkens, coordinatrice médicale d’urgence.

Des conséquences médicales et sanitaires

L’état de malnutrition provoque un affaiblissement du système immunitaire, rendant les personnes touchées particulièrement vulnérables à d’autres pathologies. Les consultations médicales réalisées lors de nos cliniques mobiles le démontrent : « nous notons un nombre conséquent de cas de parasitoses, de bilharzioses, de diarrhées ainsi que des maladies cutanées. Nous rencontrons également des patients souffrant d’infections respiratoires et de conjonctivites. Actuellement, nous remarquons une augmentation des cas de paludisme », précise Anne Tilkens.

Zafimbora a 4 enfants. Elle s'est rendue à la clinique mobile MSF installée à Ambovo avec le plus jeune. L'enfant est âgé de 6 mois et souffre de malnutrition aiguë modérée. Avril 2021. 
 © Djann Jutzeler/MSF
Zafimbora a 4 enfants. Elle s'est rendue à la clinique mobile MSF installée à Ambovo avec le plus jeune. L'enfant est âgé de 6 mois et souffre de malnutrition aiguë modérée. Avril 2021.  © Djann Jutzeler/MSF

La mauvaise qualité de l’eau disponible et utilisée est un des facteurs aggravant. Bien souvent, les habitants doivent marcher des heures pour trouver de l’eau. « Nous dépendons de l’eau de pluie ou de celle de la rivière. Comme il n’a pas suffisamment plu, nous nous rendons à la rivière Zakafia. Il nous faut partir tôt le matin, à pied, pour pouvoir revenir avant le coucher du soleil », explique Zafimbora, venue à la clinique mobile d’Ambovo, commune de Marotsiraka, avec son enfant de 6 mois souffrant de malnutrition aigüe modérée.

En parallèle de son action médicale, MSF débute des activités en eau, hygiène et assainissement afin d’améliorer l’accès et la qualité de l’eau dans les sites d’intervention : distribution de jerrycan, réparation des pompes manuelles et acheminement d’eau par camion font partie des premières activités mises en place.

« Le district d’Amboasary est actuellement classé en phase d’urgence, dans un contexte d’insécurité alimentaire aiguë. En l’état, la prise en charge médicale de la malnutrition ne suffit pas à sauver les plus fragiles. L’assurance que les ménages aient les ressources suffisantes pour se nourrir est un des éléments-clés de la réussite des programmes nutritionnels. C’est la raison pour laquelle nous nous penchons actuellement sur la possibilité de compléter les autres acteurs présents dans la zone afin de renforcer les distributions alimentaires au bénéfice des personnes affectées par la malnutrition », conclut Julie Reversé.

 


[1] Chiffres en date du 13.04.2021

[2] En fonction du périmètre brachiale et/ou du rapport poids/taille.

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