Des attaques, suivies de représailles, entre communautés Orma et Pokomo, rivales depuis des années, ont encore fait une vingtaine de morts cette semaine dans le Delta du Tana. Depuis août dernier, on compte des centaines de personnes tuées ou blessées et plus de 2 500 familles déplacées. Les structures de santé ont été vandalisées, la situation reste fragile et la peur très vivace au sein de la population. Autant de facteurs qui participent à la détérioration de la santé, physique et mentale, de la population.
Depuis septembre 2012, MSF propose des séances de thérapie, individuelle et/ou collective, pour les personnes ayant subi une perte et/ou un deuil et présentant un ou des symptômes de souffrance psychologique (insomnie, mutisme, palpitations, hallucinations, perte d'appétit voire, dans les cas les plus graves, tendances suicidaires, envies meurtrières).
Plus de 40 agents de santé ont été formés au soutien psychologique. En quatre mois, dans les camps de déplacés, les conseillers psychosociaux MSF ont aidé plus de 1 874 personnes en séances collectives et plus de 50 en séances individuelles. « Les femmes sont les plus touchées. Lors d’une attaque, une de mes patientes n’a pas pu s'échapper avec tous ses enfants. Lorsqu’elle est revenue chercher son fils âgé de deux ans, elle a assisté, totalement impuissante, à la mort de ce dernier, brûlé vif. Ce souvenir la hante », explique Elizabeth Olela, infirmière et conseillère psychosociale MSF.
Afin de soutenir les enfants en difficulté, MSF est également intervenue dans des écoles et a formé une trentaine d’enseignants (ayant eux mêmes bénéficié de ce type de soutien). « Parfois, il est difficile de terminer une séance parce que les enfants ont un trop plein d'émotions. Certains souffrent de mutisme, ils arrêtent de parler. D'autres ne peuvent plus dormir », constate Elizabeth Olela.
La peur de nouvelles attaques ou représailles empêchant les malades et les blessés de rejoindre des structures de santé, MSF a mis en place des dispensaires mobiles dans les camps de déplacés et dans les zones reculées. Grâce à ces consultations, notre personnel médical peut identifier et aider les patients en souffrance psychologique. Le Dr Joke Van Peteghem, conseiller régional de santé pour MSF, insiste : « nos équipes apprennent des mécanismes psychologiques qui permettent aux patients de non seulement faire face à la situation à laquelle ils sont actuellement confrontés, mais aussi à la violence qui pourrait advenir dans cette région très instable. »
MSF travaille au Kenya depuis 1987 et mène des projets à Kibera, Mathare, Homa Bay et dans le camp de réfugiés de Dadaab. MSF répond également aux urgences médicales pouvant se présenter dans le pays.