Kenya : la population face aux conséquences dévastatrices des inondations

Vue de maisons désormais abandonnées le long de la rivière Mathare. Kenya.
Vue de maisons désormais abandonnées le long de la rivière Mathare. Kenya. © MSF/Lucy Makori

De violentes inondations ont frappé le Kenya, faisant près de 200 morts et forçant le déplacement de dizaines de milliers de personnes, alors que de fortes pluies continuent de frapper le pays depuis mars. Déjà présentes dans le pays, les équipes de Médecins Sans Frontières ont commencé à apporter un soutien aux populations touchées, à Nairobi et dans d'autres régions du pays. Hajir Elyas, chef de mission MSF au Kenya, fait le point sur la situation. 

Quelle est l’ampleur des inondations au Kenya ?

Depuis fin mars, le Kenya a connu des précipitations inhabituellement abondantes, entraînant des inondations généralisées dans tout le pays. Au cours des deux dernières semaines, les inondations ont gravement touché une trentaine de comtés. Selon les autorités locales, 188 personnes seraient décédées et 90 sont toujours portées disparues. On compte également de nombreux blessés et personnes déplacées de leurs foyers, ainsi que d’importants dégâts sur les infrastructures. 

Des membres des équipes MSF, accompagnés d'habitants, transportent des vêtements destinés aux enfants de moins de dix ans.
 © MSF/Lucy Makori
Des membres des équipes MSF, accompagnés d'habitants, transportent des vêtements destinés aux enfants de moins de dix ans. © MSF/Lucy Makori

Les 25 et 26 avril, les équipes MSF ont mené des évaluations à Eastlands, Nairobi et Homa Bay, et ont continué les jours suivants dans d'autres endroits du pays. Dans la région d’Eastlands, elles ont rencontré un millier de personnes déplacées, hébergées de manière temporaire sur neuf sites, tels que des écoles et des bâtiments gouvernementaux. De nombreuses autres personnes touchées par les inondations ont cherché refuge auprès de leur famille et de leurs amis.

Quels sont les principaux besoins constatés par les équipes MSF sur le terrain ? 

Certaines personnes ont perdu des proches et souffrent d’un traumatisme aigu. Les personnes déplacées ont tout perdu, et parmi elles, les enfants, chez qui on a pu observer des cas d’hypothermie, sont les plus vulnérables. L'approvisionnement en eau et l'assainissement sont compromis, et les gens sont parfois obligés d'utiliser l'eau des rivières, faute de mieux. Les besoins immédiats comprennent, entre autres, l’accès à un abri, à l’eau potable et à l’assainissement, à la nourriture, aux soins de santé, y compris mentale, et aux médicaments pour les personnes atteintes de maladies chroniques.  

Quelles sont les actions des équipes MSF ? 

Nous avons lancé notre intervention à Nairobi le samedi 26 avril, en nous concentrant sur les besoins immédiats comme l’accès à l'eau potable et à l'assainissement. Nous avons distribué environ 15 000 litres d'eau potable et fourni 200 jerricanes. Pour répondre aux problèmes d'assainissement, nous avons installé des latrines mobiles sur différents sites de personnes déplacées. Nous avons aussi distribué des vêtements chauds pour 500 enfants vulnérables.  

Notre clinique de Mathare, spécialisée dans la prise en charge des survivantes de violences sexuelles, a étendu ses activités médicales pour répondre aux besoins des déplacés et nous y proposons également un soutien en santé mentale.  

Un camion citerne transporte de l'eau potable fournie par MSF aux personnes déplacées de Mathare.
 © MSF/Lucy Makori
Un camion citerne transporte de l'eau potable fournie par MSF aux personnes déplacées de Mathare. © MSF/Lucy Makori

À Homa Bay, un comté situé à quelque 250 kilomètres de la capitale Nairobi, MSF a lancé des cliniques mobiles pour offrir des soins de santé primaire aux personnes déplacées et a orienté les personnes souffrant de maladie chronique vers sa clinique pour qu’elles puissent recevoir un traitement. Nous prévoyons également d'installer des sanitaires supplémentaires. 

Dans le comté de Nakuru, l'eau accumulée dans l'un des tunnels ferroviaires a dévalé la colline, provoquant une inondation dévastatrice qui a frappé Mai-Mahiu. Au moins 50 personnes sont mortes et de nombreuses autres ont été blessées ou portées disparues. Des maisons, des voitures et des infrastructures ont été détruites. MSF a procédé à des évaluations dans la zone et a soutenu un centre de santé local, qui manquait de matériel et dont le personnel était épuisé, en lui fournissant des fournitures médicales, notamment des kits de pansements. 

Quels sont les risques au cours des jours et semaines à venir ?  

En premier lieu, il convient de préciser que de fortes pluies persistent, donc les conséquences des inondations peuvent persister et causer davantage de dégâts. Il y a notamment un risque que certains bâtiments s’effondrent car leurs fondations ont été endommagées par l’eau stagnante. 

Les maladies d’origine hydrique comme le choléra et les maladies transmises par les moustiques, comme le paludisme, sont des sujets de préoccupation majeurs. MSF est prête à accroître la surveillance de ces maladies et à collaborer avec les hôpitaux pour répondre à d'éventuelles épidémies.  

L'impact de ces inondations est important et aura des conséquences sur l’accès aux moyens de subsistance, mais également sur les infrastructures et la santé mentale des populations touchées. Des efforts soutenus, notamment de la part du gouvernement, sont nécessaires pour aider les communautés touchées à se reconstruire.  

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