Irak : retour sur quatre ans d'intervention à Qayyarah

L'hôpital MSF de Qayyarah, le 22 février 2017.
L'hôpital MSF de Qayyarah, le 22 février 2017. © Javier Rius Trigueros/MSF

La ville de Qayyarah, à 70 kilomètres au sud de Mossoul, dans le gouvernorat de Ninive en Irak, est restée deux ans et demi aux mains du groupe État Islamique (EI). La bataille de Mossoul, d'octobre 2016 à juillet 2017, a permis à l'armée irakienne de reprendre progressivement le contrôle de la zone. Dès 2016, MSF est intervenue en urgence pour répondre aux besoins des populations. Elle transfère aujourd'hui ses activités aux autorités sanitaires locales, à nouveau en mesure de prendre en charge les besoins de santé. Retour sur quatre années d'intervention. 

En 2016, l'offensive militaire des forces irakiennes pour reprendre la ville de Mossoul au groupe EI a contraint les habitants à fuir leur ville. Beaucoup d'entre eux arrivaient blessés dans les camps de déplacés de la région. Dès le mois d'octobre, MSF ouvrait un centre chirurgical à Qayyarah. En décembre, les équipes mettaient en place un hôpital chirurgical de campagne pour pouvoir opérer en urgence les blessés de guerre. 

Blessés de guerre et enfants malnutris

« Les gens ont fui et sont arrivés à l'hôpital avec des blessures par balle ou liées à des explosions. En un jour, j'ai opéré jusqu'à cinq personnes », se souvient Aleksander Wroblewski, un chirurgien MSF qui travaillait à l'hôpital chirurgical de campagne. 

De janvier à mai 2017, 5 657 patients ont été admis aux urgences de l'hôpital. Une unité de soins intensifs de quatre lits permettait la prise en charge des victimes de brûlures, des patients en état de choc psychologique et d'autres cas critiques.

 

L'objectif de l'hôpital est de soigner les patients gravement blessés. Hôpital de Qayyarah, le 12 novembre 2016.
 © MSF
L'objectif de l'hôpital est de soigner les patients gravement blessés. Hôpital de Qayyarah, le 12 novembre 2016. © MSF

Les équipes MSF ont progressivement constaté que de plus en plus d'enfants souffraient de malnutrition aiguë, en raison de pénuries alimentaires dans l'ouest de Mossoul assiégée. Pour soigner les enfants malnutris, principalement des bébés de moins de six mois, MSF a installé un centre nutritionnel thérapeutique de 12 lits au sein de l'hôpital Qayyarah.

Évolution des besoins médicaux

En 2017, la guerre s'achève mais les besoins de santé dans la région restent urgents : les mines et les engins explosifs laissés sur les routes font encore de nombreuses victimes. Les équipes doivent également traiter des infections intestinales dues à l'ingestion d'eau souillée ainsi que  des infections cutanées – en particulier chez les enfants – causées par de mauvaises conditions de vie et un manque d'hygiène.

MSF étend alors ses activités en ouvrant une unité de soins pédiatriques ainsi que des soins spécialisés pour les nouveau-nés. 

Un enfant victime de brûlures est pris en charge par les équipes MSF de l'hôpital de Qayyarah, le 6 décembre 2016.
 © Brigitte Breuillac/MSF
Un enfant victime de brûlures est pris en charge par les équipes MSF de l'hôpital de Qayyarah, le 6 décembre 2016. © Brigitte Breuillac/MSF

Les équipes ont également ouvert une salle d'urgence pouvant accueillir les patients tous les jours, 24h/24, permettant l'accès à des consultations ambulatoires pour les cas pédiatriques et les maladies chroniques, à un programme de vaccination et à une unité de soins intensifs.

Situation dans les camps

En raison du conflit, près de 100 000 personnes se sont réfugiées dans des camps aux alentours de Qayyarah. En juillet 2017, MSF lance un projet de nutrition et de santé mentale. Médecins Sans Frontières étend ses activités médicales en mettant en place un centre de santé, incluant des soins de santé sexuelle et reproductive.

 

Vue générale d'un camp de déplacés, proche de l'aéroport de Qayyarah, Irak, mai 2019.
 © Maya Abu Ata/MSF
Vue générale d'un camp de déplacés, proche de l'aéroport de Qayyarah, Irak, mai 2019. © Maya Abu Ata/MSF

De janvier à juin 2019, MSF a fourni une assistance médicale à plus de 130 patients par jour au sein du centre de santé. Plus de 13 800 consultations médicales et 4 600 consultations d'urgence y ont été effectuées. Les équipes ont également assisté plus de 250 accouchements et plus de 500 consultations en santé mentale ont été menées.

Le temps de la reconstruction

« Quand je suis arrivée dans la région en septembre 2019, deux ans après la fin de la guerre, des travaux de réhabilitation étaient en cours à l'hôpital de Qayyarah. Des soins de santé spécialisés étaient néanmoins encore nécessaires et les patients souffrant de maladies complexes étaient dirigés vers Mossoul », explique Gwenola François, cheffe de mission MSF en Irak.

En 2020, la Direction de la santé du gouvernorat de Ninive et d'autres acteurs de la région étaient à nouveau en mesure de répondre aux besoins de santé. MSF a ainsi décidé de confier ses activités médicales aux hôpitaux et aux établissements médicaux du ministère de la Santé. 

MSF continue par ailleurs ses interventions dans d'autres régions du pays, comme à Kirkouk et Bagdad.

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