Qu’est-ce qui a poussé MSF à lancer la Campagne d’accès aux médicaments essentiels ?
Bernard Pécoul : Les besoins médicaux non satisfaits sur le terrain nous ont poussés à réfléchir à un moyen de surmonter les obstacles qui entravaient l’accès à de meilleurs traitements pour les patients.
Par exemple, dans les années 1980-90, MSF a été confrontée à la maladie du sommeil en Ouganda. Nous savions que les traitements existants, à base d’arsenic, étaient hautement toxiques et tuaient même 5% des patients. Mais nous n’avions pas le choix car sans eux, la maladie était mortelle dans 100% des cas ! Il existait une solution bien plus viable, mais ce médicament n’était plus produit, donc nos programmes sur le terrain ne pouvaient y avoir accès.
Pour les autres maladies, telles que la leishmaniose viscérale, la méningite, la shigellose, nous faisions face à une pénurie de produits, ou à un manque d’accès aux produits, ou aux deux. Après le 25ème anniversaire de MSF en 1996, nous avons créé un groupe de travail pour en comprendre les causes.
Els Torreele : Non seulement par nécessité médicale, mais aussi par frustration. Le personnel de MSF sur le terrain faisait face à de nombreux enjeux – incapable de fournir des traitements adéquats aux personnes mourant du VIH/Sida, de la tuberculose, du paludisme et de maladies tropicales négligées parce que les nouveaux médicaments ou médicaments existants étaient hors de portée, inefficaces, toxiques, non adaptés à nos lieux de travail, ou simplement n’existaient pas.