Haïti - A Port-au-Prince, deux hôpitaux dans la guérilla urbaine

Le reflet des rayons de soleil sur les maisons blanches a donné son nom à Cité Soleil. Pourtant, la réalité quotidienne de la population de ce quartier pauvre de Port-au-Prince, la capitale de Haïti, est faite de privation et de violence. Les consultations relancées par Médecins Sans Frontières (MSF) en août 2005 dans l'hôpital Choscal de ce bidonville témoignent de cette dure réalité.

"Rien qu'au mois de novembre, nous avons reçu 380 patients dans la salle des urgences", explique Loris de Filippi, chef de mission de MSF en Haïti. "Plus d'un tiers d'entre eux présentaient des blessures résultant de violences: coups de fusil ou de couteau. Et sur les 163 interventions chirurgicales que nous avons dû effectuer jusqu'à maintenant, 15% étaient liées à des actes de violence."

 

250 000 habitants privés de soins
Avant l'arrivée de MSF, les 250 000 habitants du bidonville n'avaient pratiquement aucun accès aux soins. Les infrastructures avaient été abandonnées et la population démunie n'était généralement pas en mesure de payer les tarifs pratiqués dans le système de santé haïtien.

En décembre 2004, MSF a ouvert un centre de traumatologie d'une capacité de 56 lits à l'hôpital Saint Joseph de Port-au-Prince afin d'offrir gratuitement des services médicaux et chirurgicaux d'urgence au nombre croissant de blessés. Depuis le mois d'août dernier, MSF travaille aussi à l'hôpital Choscal (Centre Hospitalier Sainte Catherine Laboure), situé dans le bidonville, et offre les soins de base qui ont fait défaut pendant tant d'années à la population de Cité Soleil.

"Il est difficile de travailler dans cette zone", confie Loris De Filippi. "Mais nous trouvions simplement inacceptable qu'une population d'un quart de million de personnes, l'équivalent d'une petite ville européenne, soit privée de soins médicaux. Depuis que nous avons commencé à travailler à l'hôpital Choscal, notre expérience montre clairement combien les besoins en terme de santé étaient grands."

 

1 000 patients par mois
MSF a rouvert l'hôpital Choscal ainsi que le dispensaire de Chapi. En plus de répondre aux conséquences de la violence, nous offrons des services de maternité. En novembre, notre équipe à Cité Soleil a assisté 151 accouchements, dont un quart de césariennes vitales. Aujourd'hui, des femmes viennent de l'extérieur du bidonville solliciter les soins périnataux dont elles ont besoin.

"Dans le système de santé national haïtien, une femme doit payer plus de 50 dollars pour une césarienne. C'est tout simplement inabordable pour la plupart de la population que nous aidons, qui doit souvent survivre avec moins d'un dollar par jour", conclut Loris De Filippi. "Le nombre de personnes qui viennent se faire soigner dans notre structure augmente rapidement et nos statistiques nous montrent à quel point il est crucial que nous offrions des soins médicaux à Cité Soleil."

A l'heure actuelle, une dizaine de volontaires internationaux travaille aux côtés de plus de 40 collaborateurs haïtiens dans le bidonville. L'équipe assure des consultations, des soins de santé de base et des soins chirurgicaux 24 heures sur 24. En novembre, 1.000 patients ont bénéficié de l'aide de l'équipe de MSF, soit 25% de plus que le mois précédent.

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