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En République centrafricaine, les déplacés de Carnot ne peuvent pas rentrer chez eux

Stanislas Tatale agent de santé de MSF dans l'enclave de l'église de Carnot prépare le transfert vers l'hôpital d'une fillette malade.
Stanislas Tatale, agent de santé de MSF dans l'enclave de l'église de Carnot, prépare le transfert vers l'hôpital d'une fillette malade. © Charlotte Nouette-Delorme/MSF

Malgré le retour au calme, le contexte centrafricain reste tendu et volatile et plus de 450 000 personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays. A l’église catholique de la ville de Carnot, située à l’ouest de la République centrafricaine (RCA), les déplacés (re)commencent, peu à peu, à sortir de ce qui était devenu une enclave. Pour autant, de nombreuses familles ne souhaitent toujours pas rentrer chez elles.

Amadou est un ancien commerçant. Avec sa femme et ses trois enfants, il a parcouru plus de 100 km en moto pour fuir les violences dans son village. C’était début 2014, ils ont alors rejoint le camp de déplacés de l’église de Carnot.

Aujourd’hui, le site compte encore plus de 500 personnes dont une majorité de commerçants musulmans et leurs familles. Pendant plus de deux ans, l’insécurité et la présence des groupes armés aux alentours les ont empêchés de quitter l’enceinte de l’église, devenue une enclave au sein de la ville.

Depuis quelques mois, la situation semble s’être stabilisée, permettant aux déplacés de retrouver un début d’activité économique, de pouvoir aller cultiver les champs environnants et de revenir à la nuit tombée. « Aujourd’hui, nous pouvons sortir la journée, aller au marché, prendre la rue principale. Avant, nous ne pouvions pas le faire, c’était trop dangereux », explique Amadou.

Mais le traumatisme dû aux violences passées est encore là et de nombreuses familles ne souhaitent toujours pas rentrer dans leurs zones d’origine. « Certaines familles qui sont ici viennent de trop loin et n’ont pas les moyens d’y retourner ; ou bien leurs maisons ont été intégralement détruites, ou sont désormais occupées par d’autres. Et surtout beaucoup ont peur de rentrer et que les violences recommencent », explique Stanislas Tatale, travailleur social et agent de santé pour MSF dans l’enclave.

MSF poursuit les activités mises en place début 2014 en faveur de ces déplacés. Une fois par semaine, un dispensaire mobile propose des consultations médicales dans l’enclave. Depuis le début de l’année 2016, plus de 320 consultations y ont été dispensées principalement pour des cas d’infections respiratoire, de paludisme et de gastrite : des pathologies dues aux mauvaises conditions de vie sur le site de l’église.

« J’ai assisté à l’arrivée ici du premier déplacé. Il avait parcouru 180 km à pied depuis Bossemptele, un village situé au nord-est de Carnot. Plus de deux ans après, 500 personnes vivent encore ici. J’espère que la paix réelle reviendra dans le pays et qu’ils pourront rentrer chez eux. En attendant, avec MSF, on leur fournit des soins médicaux essentiels », confie Stanislas.


Depuis 2009, MSF travaille à Carnot et soutient l’hôpital de la ville (services de pédiatrie, de nutrition et de médecine interne), ainsi que deux centres de santé périphériques. MSF fournit également des soins médicaux à la population déplacée recluse au sein de l’église catholique depuis février 2014. Un agent de santé transfère les cas sévères vers l’hôpital. Chaque jeudi, un dispensaire mobile se rend à l’église afin de proposer des soins médicaux de base aux 533 personnes encore sur place.

EN SAVOIR PLUS

► Retrouvez notre dossier consacré à la crise frappant la République centrafricaine.

Notes

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