Colombie : les vies suspendues des migrants vénézuéliens à la frontière colombienne

Dans le nord-est de la Colombie, les migrants vénézuéliens se heurtent à de nombreux obstacles pour accéder aux services de santé. Ils sont pourtant le plus souvent exclus des soins dont ils ont urgemment besoin. Etat des lieux de la situation.
Dans les régions frontalières de La Guajira, Norte de Santander et Arauca, entre la Colombie et le Venezuela, les services médicaux gérés par l'État colombien ne sont pas ouverts aux migrants vénézuéliens, sauf pour les urgences, les vaccinations et les accouchements.
Dans ce contexte, plus de 12 00 migrants vénézuéliens ont ainsi bénéficié des soins de santé primaires et de santé mentale fournis par Médecins Sans Frontières, entre novembre 2018 et mai 2019. Près de 40% des patients avaient moins de cinq ans. Les équipes MSF ont également dispensé des soins prénatals à près de 2 500 patientes et réalisé plus de 4 600 consultations de planification familiale.
« Le manque d'accès aux services de santé, primaires ou secondaires, pour les Vénézuéliens en Colombie, représente un enjeu sanitaire majeur qui mérite davantage d'attention de la part de la communauté internationale », a déclaré Ellen Rymshaw, cheffe de la mission MSF en Colombie.
« Les besoins médicaux de cette population ont submergé le système de santé colombien qui, pour le moment, ne dispose ni des ressources ni du personnel nécessaires pour les prendre en charge. En raison de ces limites, de nombreux patients migrants n'ont pas reçu l’attention médicale dont ils auraient dû bénéficier dans les salles d'urgence des hôpitaux, bien qu’ils en aient légalement le droit », rappelle-t-elle.

Près de 1 000 personnes ont également bénéficié de consultations en santé mentale dans les cliniques MSF. « Les principaux symptômes constatés sont l’anxiété et la dépression, causées par les difficiles conditions de migration, les difficultés à trouver un emploi ou encore les séparations familiales », souligne Ellen Rymshaw.
Les problèmes de santé les plus fréquents chez les migrants vénézuéliens traités par MSF sont les allergies cutanées, les infections respiratoires et les affections gynécologiques, liées à leurs conditions de vie précaires.
Ce ne sont pas seulement les 350 000 Vénézuéliens - selon les statistiques officielles - résidant dans ces trois régions frontalières qui ont besoin de services médicaux : des milliers de personnes traversent chaque jour la frontière à la recherche de soins médicaux et de médicaments. Il s’agit souvent de maladies qui ne sont pas considérées comme des urgences, mais qui nécessitent un traitement strict, impossible à obtenir au Venezuela.