Chine - Le témoignage de Françoise, pédopsychiatre à Baoji
"Je suis frappée par la capacité de résistance de ces enfants."
Françoise est pédopsychiatre à Baoji. C'est sa deuxième mission pour
Médecins Sans Frontières, après 9 mois passés sur le programme consacré
aux enfants en situation difficile de Erevan, en Arménie.
Comme lors de ma précédente expérience en Arménie, les enfants nous arrivent en piteux état. La différence, c'est qu'ici leurs histoires sont beaucoup plus dures et qu'on ne connaît parfois pas leur origine. Il faut donc faire tout un travail long et fastidieux pour rechercher leur famille, reconstituer leur identité. Quand un nouvel enfant arrive, je le reçois à plusieurs reprises. Cela me permet de détecter les plus vulnérables, ceux qui ont besoin d'un soutien plus qu'éducatif. Tous ont de grandes carences affectives, sont très agités, très demandeurs d'attention. Ils ont un retard manifeste, tant sur le contrôle de leurs émotions que scolairement. Il faut dire que beaucoup n'ont jamais été scolarisés et ont du mal à se concentrer, à rester attentifs.
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Je suis frappée par la capacité de résistance des enfants. Leurs
dessins - paradis perdus, paysages enchanteurs - révèlent une bonne
structure psychique. Cela dit, la tristesse qui en ressort montre que
ces enfants restent vulnérables.
© MSF |
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Pour que mon départ en fin de mission ne soit pas vécu comme un drame, une séparation de plus, je m'efforce de ne pas trop approfondir ma relation avec les enfants, de ne pas créer trop d'attachement. En organisant des réunions avec d'autres interlocuteurs, comme les éducateurs, j'essaie donc de disperser l'attachement des enfants.
Un de mes objectifs ici c'est aussi de former le personnel chinois. MSF ne sera pas éternellement là et il faut que les éducateurs prennent davantage en compte la dimension psychologique de leur travail. Nous aimerions également sensibiliser les autorités concernées, pour que le relais puisse être assuré après notre départ.