Afrique du Sud - L'aide humanitaire ne doit pas être dévoyée

Juin 2008 Germiston banlieue de Johannesburg.
Juin 2008, Germiston, banlieue de Johannesburg. © Erin Trieb

Les victimes des attaques xénophobes survenues en mai dernier sont aujourd'hui poussées à quitter les camps où elles avaient trouvé refuge.

MSF exprime son inquiétude quant à l'utilisation par les autorités sud africaines de l'aide humanitaire pour pousser les victimes des violences xénophobes à quitter les camps mis en place pour elles à la suite des attaques survenues au printemps dernier. Mardi, plus de 2000 personnes cherchaient toujours refuge dans ces camps.

Un des camps a été fermé mardi dernier et mercredi, deux autres encore. Les résidents des camps ont été poussés à quitter les lieux après avoir reçu une aide financière, parmi eux, certains ont été relogés dans l'un des nombreux campements de fortune de Johannesburg, par les « Red Ants », une force de sécurité privée réputée pour des opérations d'expulsions forcées et d'intimidation.

« C'est irréaliste de croire que 500 Rand (50 euros) suffisent aux personnes pour reconstruire leurs vies après avoir tout perdu dans les attaques », dit Alexis Moens, coordinateur de projet pour MSF à Johannesburg.



« Car il n'existe pas de réelle alternative, il n'y a pas réellement de choix. Nous sommes inquiets pour nos patients qui sont actuellement  poussés vers des endroits où ils ne bénéficient d'aucune protection ni assistance. A leur arrivée dans les camps de fortune, certains étaient munis de tentes fournies par le UNHCR - ce qui les rend encore plus visibles et vulnérables. Nous avons entendu dire que 40 d'entre eux étaient rentrés au camp de Boksburg... »

L'accès à ces sites n'a jamais été garanti par les autorités, et de plus en plus de tactiques agressives ont été utilisées afin de vider les camps au cours du mois dernier.

Mardi, des patients ont été empêchés d'accéder à la clinique mobile de MSF stationnée à la sortie du camp sur l'aéroport de Rand ; on leur a dit que s'ils quittaient le camp, les gardes de sécurités ne leur permettraient pas d'y rentrer.

 L'aide humanitaire doit être fournie pour répondre aux besoins des populations vulnérables. 
Rachel Cohen, chef de mission en Afrique du Sud

En plus de la fermeture des camps de Johannesburg, dans le camp d'Acasia à Prétoria, on a dit aux employés de MSF que les rations de nourriture seraient diminuées en raison d'un "manque de fonds".

Aujourd'hui, MSF a confirmé que des résidents n'avaient reçu qu'un seul repas au cours de la journée. D'autres services de base, tels que l'approvisionnement en eau avaient également été réduits par les autorités.

« L'aide humanitaire doit être fournie pour répondre aux besoins des populations vulnérables», a déclaré Rachel Cohen, chef de mission pour MSF en Afrique du Sud. « Sous aucun prétexte, celle-ci ne doit être utilisée à des fins coercitives pour pousser les gens hors des camps alors qu'ils n'ont nulle part où aller. »

MSF a fourni une assistance aux personnes déplacées par les attaques xénophobes dès les premières explosions de violence en mai dernier. Ces quatre derniers mois, des équipes mobiles ont fourni 11 000 consultations médicales ainsi que 11 000 consultations en soins psychiques à Johannesburg et Pretoria.

Au pic de l'urgence, les équipes mobiles médicales et logistiques ont fourni des soins, et distribué des couvertures, des bâches en plastique, et des kits d'hygiène à travers 15 sites dans Johanneburg et 7 autres à Khayelitsha, Cape Town.

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