Tuberculose : un nouveau test diagnostique aux résultats prometteurs

Un membre du personnel du centre de santé MSF de Kibera réalise des tests de laboratoire avec la nouvelle machine Xpert MTB/RIF. Ce test est utilisé pour diagnostiquer la tuberculose y compris les formes résistantes au principal médicament antituberc
Un membre du personnel du centre de santé MSF de Kibera réalise des tests de laboratoire avec la nouvelle machine Xpert MTB/RIF. Ce test est utilisé pour diagnostiquer la tuberculose, y compris les formes résistantes au principal médicament antituberculeux. ©Andre François © Andre François

Une nouvelle étude menée par MSF révèle que l’introduction d’un nouveau test diagnostique a permis d’élargir la détection des formes résistantes de la maladie, de raccourcir les délais d’initiation au traitement et souligne la nécessité d’augmenter les capacités de traitement de la tuberculose résistante aux médicaments.

Alors que la 43ème conférence internationale de l’Union sur la Santé respiratoire s’ouvre à Kuala Lumpur, en Malaisie, l’organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières s’apprête à présenter les résultats d’une étude multicentrique sur la mise en œuvre d’un nouveau test rapide de la tuberculose.

Ce test, le Xpert/MTB/RIF, a permis d’augmenter de 50% en moyenne (variations entre 10 et 115%) le diagnostic de la tuberculose comparativement à l’observation microscopique des crachats, qui est toujours la méthode diagnostique la plus couramment utilisée. Ces résultats, collectés dans 25 différents projets MSF répartis dans 14 pays pendant 18 mois, révèlent également l’ampleur du nombre de cas de tuberculose résistante aux médicaments.

Ce test, qui délivre un résultat en deux heures, permet en effet de détecter la résistance au principal traitement antituberculeux : la rifampicine. Dans un projet MSF situé au Zimbabwe, l’introduction de ce test a permis de quadrupler le nombre de cas de tuberculose résistante diagnostiqués au vu des premiers résultats. Au Swaziland, le délai de mise sous traitement des patients a été réduit de 79%, passant de 65,9 à 13,9 jours.

« Ce nouveau test nous aide à révéler l’ampleur de l’épidémie de tuberculose résistante aux médicaments et permet d’initier plus rapidement le traitement », explique le Dr Helen Bygrave, spécialiste du VIH/sida et de la tuberculose à MSF en Afrique du Sud. « Mais les patients continuent à devoir prendre un traitement long et douloureux, que nous, médecins, savons inefficace pour un patient sur deux. »

Bien que 6% des résultats de certains tests effectués avec le Xpert MTB/RIF soient incorrects dans plus de la moitié des projets, cette nouvelle machine représente une avancée importante pour le diagnostic de la tuberculose, simple ou résistante. Son utilisation doit être encouragée, même si un autre test diagnostique plus simple, et plus facile à utiliser, au plus près possible des patients, doit encore être développé.

En plus de l’élargissement des possibilités de diagnostic se pose la question du traitement antituberculeux pour les patients résistants, qui dure deux ans et cause de graves effets secondaires (allant de nausées persistantes à la surdité ou la psychose). Les résultats obtenus dans la cohorte de patients MSF montrent des taux de guérison de 53%, un chiffre un peu plus élevé que la moyenne habituelle de 48%, ceci en dépit du développement de modèles allégés de délivrance des soins pour les patients.

Deux nouveaux médicaments pour traiter la tuberculose – les premiers à être développés depuis presque 50 ans – devraient arriver sur le marché en 2013 et être efficaces contre les formes résistantes de la maladie. Leur introduction représente une opportunité historique d’améliorer la prise en charge des patients résistants, de raccourcir la durée du traitement, de le rendre plus tolérable, plus abordable et plus accessible pour les patients des pays en développement.

« Avec ces nouveaux médicaments, les premiers depuis plus d’un demi siècle, les acteurs de santé doivent saisir cette opportunité de stopper cette épidémie galopante de tuberculose résistante aux médicaments », affirme le Dr Manica Balasegaram, directeur de la Campagne d’accès aux médicaments de MSF.
 

MSF prend en charge des patients tuberculeux depuis plus de 25 ans. En 2011, environ 26 600 patients ont été traités dans les projets MSF de 39 pays. La moitié de ces projets prennent également en charge des formes résistantes de la maladie – soit environ 1300 patients dans 21 pays. MSF est actuellement l’une des ONG traitant le plus de malades dans le monde.

En dépit de certains succès visant à élargir les soins, décentraliser la prise en charge et introduire de nouvelles manières de faire face à l’épidémie, les taux de guérison dans les projets MSF restent bas : environ 53% pour les patients atteints de forme résistante de la maladie (selon l’OMS, la moyenne est de 48%) et 13% pour les patients dits « ultra-résistants ».

Notes

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