La lutte contre le sida menacée par le désengagement des bailleurs de fonds

A l\'occasion de la 18e Conférence Internationale sur le VIH/sida se tenant à Vienne MSF souhaite alerter l\'opinion publique à propos du désengagement des bailleurs de fonds de la lutte contre le sida.
© Isabelle Merny / MSF

A l\'occasion de la 18e Conférence Internationale sur le VIH/sida se tenant à Vienne, MSF souhaite alerter l\'opinion publique à propos du désengagement des bailleurs de fonds de la lutte contre le sida.

 

20 juillet 2010, Vienne - Privilt 2010, Vienne - Privilégiant les réductions de coûts à court terme, les bailleurs de fonds semblent ne pas tenir compte des données scientifiques démontrant les bénéfices d'un traitement précoce et élargi. Et cela aux dépens de 10 millions de personnes ayant besoin de traitement, a rappelé lundi Médecins Sans Frontière (MSF) à la conférence internationale sur le sida.

« Aujourd'hui, les bailleurs de fonds internationaux attendent des médecins qu'ils disent à leurs patients de revenir se faire soigner aux derniers stades de la maladie, à l'approche de la mort, » explique le Dr Eric Goemaere, coordinateur médical MSF en Afrique du Sud. « En tant que médecin, je préfère tout de suite fournir des médicaments à un patient plutôt que de le revoir hospitalisé six mois après, souffrant d'une infection opportuniste du VIH/sida, comme la tuberculose.»

Dans un de ses programmes au Lesotho, MSF a rassemblé des données qu'elle présentera ce jeudi, lors d'une intervention à la conférence internationale sur le sida. Les chiffres collectés montrent qu'un traitement précoce permet de réduire le taux de mortalité et le nombre d'hospitalisations de patients séropositifs de plus de 60 %. Mais ces études ne sont pas prises en compte par les bailleurs de fonds internationaux, notamment par les Etats-Unis, le principal bailleur pour les traitements du VIH dans le monde. Ils demandent aujourd'hui aux pays récipiendaires de réserver leurs traitements aux patients les plus malades.

Outre les avantages économiques et médicaux d'une administration précoce des traitements, d'autres études montrent aussi que rendre l'accès aux traitements le plus large possible est l'une des méthodes les plus efficaces de prévention, pour empêcher la transmission du virus.

Malgré ces arguments, la tendance générale est au retrait des financements destinés à lutter contre le VIH. Les traitements sont de plus en plus régulièrement retardés, différés, voire refusés. Le Fonds mondial - le plus gros mécanisme de financement du VIH - fait face à un déficit de financements de plus en plus important. Les États-Unis ont proposé de plafonner leur subvention pour le programme PEPFAR et de réduire leur contribution au Fonds mondial. L'Autriche, qui accueille la conférence internationale sur le sida, n'a pas versé un seul dollar au Fonds mondial depuis 2001.

Ce désengagement intervient après 10 années d'avancées (plus de 5,2 millions de patients sont sous traitement aujourd'hui) rendues possibles grâce à l'introduction de médicaments génériques abordables et à la mobilisation des pays donateurs. Les progrès ont été rapides et 1,2 millions de personnes ont commencé un traitement en 2009. Néanmoins, 10 millions de personnes sont toujours en attente de traitement tandis que le climat actuel indique un désengagement du traitement de ces malades de la part des bailleurs de fonds.

 


 

Pour plus d'informations, merci de contacter Guillaume Bonnet (Vienne) au + 41 79 203 13 02 ou Samuel Hanryon et Julie Damond (Paris) au 01 40 21 29 29.

 

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