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RDC - De Goma à Kisangani, la route de tous les dangers

A leur arrivée à la clinique de Kanyabayonga les patients sont triés par pathologie. 02/02/2006
A leur arrivée à la clinique de Kanyabayonga, les patients sont triés par pathologie. 02/02/2006 © Jean-Sébastien Matte / MSF

Aujourd'hui, plus de trois ans après la fin de la guerre en République démocratique du Congo, une grande partie de la route reliant Goma à Kisangani dans la province du Nord Kivu (Est du Congo), est impraticable à cause de l'insécurité. Une multitude de groupes armés d'origines diverses rendent chaque trajet dangereux pour les populations qui les empruntent et l'accès aux soins, aléatoire.

Dans les zones de santé de Rutshuru et de Kayna, situées le long de la route menant à Goma, la capitale provinciale, MSF soutient deux hôpitaux généraux qui servent également de référence à plus de 20 structures médicales reliées par des ambulances régulières. Les deux hôpitaux réunis accueillent plus de 1.200 patients par mois sur une population de plus de 330.000. Plus d'un quart sont des enfants et le service pédiatrique est tellement saturé qu'il a fallu monter un abri temporaire.

Epidémies simultanées. « Il est pratiquement inconcevable de voir apparaître autant d'épidémies simultanément », explique le coordinateur médical, Dominique Bernard. « La guerre a affaibli la population et détruit le système de santé dans cette région. Ces épidémies montrent une situation sanitaire désastreuse ». Durant le mois de mai et juin, nous avons traité 52 cas de rougeole à Rutshuru. Dans les environs de Rubare, MSF est intervenue pour une épidémie de choléra qui a submergé les centres de santé locaux. Des cas de méningite et de tétanos ont été enregistrés et le paludisme, qui représente 40% des admissions, continue de faire des ravages.

Les nombreux cas de malnutrition sont une conséquence directe des violences et non d'une pénurie de nourriture

Malnutrition. A cela s'ajoutent des cas de malnutrition qui abondent non pas à cause d'une pénurie alimentaire mais de la violence ambiante. « Ces enfants viennent souvent de familles récemment déplacées ou de régions dans lesquelles des groupes armés ont pillé les réserves de nourriture. Pour un enfant en bas âge, un tel choc peut entraîner une malnutrition sévère en quelques jours », explique Dominique Bernard. Tous les jeudis, une ambulance transporte des enfants malnutris au centre de santé thérapeutique de la région sud de Kibirizi. D'après Fred Demalvoisine, chef de mission, « les enfants que nous prenons en charge ne représentent probablement que le haut de l'iceberg » car les mères ne prennent plus le risque d'emprunter la route pour venir jusqu'à nous.

Violences sexuelles. A Rutshuru, Kanyabayonga et Kayna, MSF traite en moyenne 160 nouveaux cas de violences sexuelles tous les mois. « Nous traitons des hommes, des enfants et des femmes, tout le monde et de tous les âges. La plupart viennent de villages éloignés. Ils ont été attaqués par des groupes armés et même par des civils. Le plus souvent, nous voyons des femmes qui ont été violées alors qu'elles travaillaient au champ », relate Espérance, une infirmière à la clinique de Rutshuru.
Pour MSF, il est crucial que les femmes victimes de viols arrivent à la clinique aussi vite que possible après l'agression. Elisee, infirmière de la clinique de Kanyabayonga, explique que « si elles arrivent dans les 72 heures, nous pouvons commencer un traitement préventif, ce qui peut éviter la contamination par le virus du sida ». Grâce à une campagne sur les traitements préventifs, 80% des victimes sont arrivées dans les 72 heures en juin. De plus, nous leur offrons une antibiothérapie préventive contre les principales infections sexuellement transmissibles et nous vaccinons contre le tétanos et l'hépatite B. Par ailleurs, les femmes qui arrivent dans les cinq jours suivant le viol, peuvent également bénéficier d'une pilule du lendemain pour éviter toute grossesse non-désirée. »

Chirurgie. En plus des cas de violences sexuelles, l'équipe de chirurgie traite les blessures liées au conflit. La chirurgie représente une activité clé aussi bien dans le programme de Kayna que celui de Rutshuru. Durant la semaine du 17 au 23 juillet, nous avons pris en charge 10 blessés par balle à l'hôpital de Rutshuru, y compris un enfant de 5 ans dont la jambe gauche a dû être amputée au-dessous du genou. A Rutshuru, 100 opérations sont réalisées chaque mois.
Avec les traitements médicaux de base, un luxe dans le Nord Kivu, les soins de santé secondaires comme la chirurgie sont hors de portée de tous sauf des plus riches.

« Les élections en cours donnent un espoir aux personnes de cette région », pense Frédéric Demalvoisine. « Mais même si celles-ci aboutissent à un succès, la fin de la violence qui entraîne tant de souffrances demeure une lueur lointaine dans le tunnel ».

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