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RD Congo - Urgences dans la "ville de pierre"

Dans le sud-est de la République démocratique du Congo, la province du Katanga a subi fin 2006 de terribles inondations. Des mois plus tard, une partie des habitants des zones sinistrées vivent toujours sous des abris précaires. La perte des récoltes, doublée d'une épidémie de rougeole, a provoqué une flambée de la malnutrition. MSF a déjà vacciné plus de 120.000 enfants contre la rougeole dans la zone de santé de Bukama, traite les cas de rougeole dans deux centres, et prend en charge les enfants malnutris.

Il est environ midi à Bukama. Sous un soleil de plomb, le 4x4 de MSF escalade le chemin rocailleux menant à la colline de Kabamoma. Un chant répétitif vient se poser crescendo sur le bruit de la carlingue du véhicule ballotté par les bosses. Une dizaine d'hommes, femmes et enfants progressent d'un pas rapide soulevant derrière eux une nuée de poussière rougeâtre. A bout de bras, les hommes portent une petite caisse en carton qui doit faire à peine un mètre de long. « C'est un enterrement », soupire Paul, le chauffeur de MSF, qui arrête le véhicule le temps de laisser passer le cortège funéraire. « Il y a quelques semaines, les gens enterraient des enfants tous les jours à Bukama. Depuis l'intervention de MSF, les cortèges funéraires sont beaucoup plus rares mais vous voyez que cela arrive encore de temps en temps... »

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Réfugiés sur la colline. "Au total, on estime à 32.000 le nombre de personnes affectées par les inondations - soit la moitié de la population de Bukama. Environ 2.000 personnes ont fui vers la colline."


32.000 personnes affectées par les inondations

Pourquoi les enfants meurent-ils à Bukama ? Aux derniers jours de l'année 2006, de terribles inondations ont frappé la province du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo, située à l'embouchure du fleuve Congo. Les eaux ont détruit de nombreuses habitations dans les quartiers situés non loin du fleuve. Aujourd'hui, quelques mois plus tard, les ruines des anciennes habitations se mêlent aux milliers de pierres qui jonchent les sentiers de la cité. Certains prétendent ici que Bukama signifie « ville de pierre » dans une langue locale...

« Les eaux ont tout ravagé et ont persisté pendant deux à trois mois. Aujourd'hui encore, le terrain de football est inondé et des gens ont même commencé à y pêcher », raconte Céline Zegers, infirmière MSF et responsable des opérations d'urgence à Bukama. « Environ 2.000 personnes ont fui vers la colline et ont trouvé refuge dans le camp de Kabamoma, où elles survivent aujourd'hui au milieu des pierres dans des abris de paille recouverts de vieilles bâches en plastique. D'autres se sont installées chez des proches ou ont commencé à reconstruire leur habitation dans les quartiers sinistrés. Au total, on estime à 32.000 le nombre de personnes affectées par les inondations - soit la moitié de la population de Bukama. »

Fin 2006 lorsque les inondations ont commencé, le Pool d'Urgence Congo (PUC) de MSF - une équipe de 30 personnes, Congolais et expatriés - était présent à Bukama pour répondre à une épidémie de choléra. Elles ont alors proposé des soins gratuits à la population affectée. Deux structures appuyées par MSF dans le quartier sinistré de Kisanga wa Byoni et à l'entrée du camp de Kabamoma accueillent plus de 1.000 patients par semaine, souffrant principalement de paludisme et d'infections respiratoires.

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Centre nutritionnel thérapeutique. Environ 450 enfants malnutris ont à ce jour été pris en charge par le programme nutritionnel de MSF. Les enfants souffrant en plus de complications médicales sont hospitalisés dans la structure de MSF à Bukama.

Des récoltes réduites à néant

Les inondations ont aussi ravagé les plantations, souvent situées près du fleuve, réduisant à néant les prochaines récoltes. Préoccupée, l'équipe médicale de MSF a mené une évaluation rapide qui a indiqué qu'un nombre alarmant d'enfants souffraient de malnutrition.

Début mai, MSF a donc ouvert un programme nutritionnel à Bukama. A ce jour, quelque 450 enfants ont déjà été admis dans le programme, dont la majorité proviennent des familles sinistrées. Dans son centre de nutrition thérapeutique ambulatoire, MSF offre un suivi médical et des rations de nourriture thérapeutique pour les enfants malnutris. Ceux qui souffrent en plus de complications médicales sont hospitalisés et font l'objet d'une surveillance médicale rapprochée 24 heures sur 24 dans le centre de nutrition thérapeutique d'hospitalisation. Ils reçoivent en outre du lait nutritionnel et de la nourriture thérapeutique plusieurs fois par jour jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de rentrer à la maison et d'ainsi réintégrer le volet ambulatoire du programme.

Selon Joseph Musakana, l'infirmier en charge de superviser le programme nutritionnel, « le principal défi, aujourd'hui, concerne le volet social du programme. Nous avons formé une dizaine d'agents sociaux, eux-mêmes des sinistrés, qui parcourent la communauté et repèrent les enfants ayant besoin d'être pris en charge. » Ces agents sont ensuite responsables du suivi des enfants tout au long du traitement nutritionnel et même après, lorsque ceux-ci sont rétablis. « 75 des 77 enfants admis cette semaine dans le programme nous ont été amenés par les agents sociaux. Leur rôle est donc déterminant », ajoute-t-il.

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Campagne de vaccination rougeole. En un mois, 120.000 enfants ont été vaccinés dans la zone de santé de Bukama et MSF assure aussi le traitement des malades dans deux centres.

Malnutrition dans le sillage de la rougeole

Un tiers des enfants souffrant de malnutrition ont aussi été frappés par la rougeole, une maladie qui les expose encore davantage à la malnutrition. MSF traite les cas de rougeole dans les deux centres de santé appuyés et, afin d'endiguer l'épidémie, vaccine les enfants âgés de 6 mois à 15 ans. En un peu plus d'un mois, MSF a ainsi vacciné plus de 120.000 enfants dans l'ensemble de la zone de santé de Bukama.

« Aujourd'hui, on peut vraiment voir la différence par rapport à la situation de crise qui prévalait il y a quelques semaines, quand on assistait tous les jours à des cortèges funéraires..., confie Céline Zegers. Mais si les taux de mortalité ont pu être ramenés à un seuil acceptable, les populations sinistrées continuent d'avoir besoin de couvertures, de moustiquaires, de matériel de construction, etc. Bref, ils ont besoin du matériel de base pour pouvoir reprendre une vie plus ou moins normale.»

MSF travaille en RDC depuis 1981. Aujourd'hui, près de 2.500 Congolais travaillent aux côtés de plus de 200 volontaires internationaux pour apporter une assistance médicale à la population congolaise dans 26 programmes à travers le pays.

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