Niger - Une réponse nettement meilleure, une situation encore très critique
Médecins Sans Frontières a pris en charge plus de 26.000 enfants
souffrant de malnutrition aiguë dans la région de Maradi, au Niger, au
premier semestre 2006. Fin juin, au début de la période la plus
critique, plus de 2.000 enfants sont admis chaque semaine. L'année
dernière, la gravité de la situation avait nécessité de lancer une
opération d'urgence pour renforcer le programme de prise en charge de
la malnutrition qui existe depuis 2001. Emmanuel Drouhin, responsable
des programmes de MSF au Niger, fait le point sur la situation après
une visite sur le terrain.
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Centre ambulatoire de Dan Issa
Les onze centres nutritionnels ambulatoires de MSF dans la région de
Maradi permettent de prendre en charge la plupart des cas de
malnutrition aiguë. Seuls les enfants qui souffrent en plus d'une
complication médicale ont besoin d'être hospitalisés.
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Cette année, nous admettons tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë, sévère ou modérée. Neuf enfants sur dix suivent le traitement nutritionnel avant d'avoir atteint un stade sévère. Cette nouvelle stratégie de prise en charge rend toute comparaison avec les années précédentes difficile, mais nous espérons qu'elle permettra de réduire le taux de mortalité sur toute l'année et particulièrement pendant la période de soudure.
Au-delà de MSF, la réponse est conséquente. Le ministère de la Santé nigérien, les agences des Nations unies et les différentes ONG ont prévu de prendre en charge 500.000 enfants en 2006. De juillet à septembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) va distribuer 12 kilos de céréales par mois et par enfant de moins de cinq ans dans les régions de Maradi, Zinder et Tahoua, où la malnutrition aiguë est importante. Le gouvernement nigérien a par ailleurs adopté un nouveau protocole de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère ainsi que la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans.
Evidemment la traduction sur le terrain de ces décisions politiques n'est pas toujours visible, il faudra pour cela du temps et surtout des moyens importants, mais tout témoigne d'une forte volonté de s'attaquer à cette question de santé publique.
Le point qui reste critiquable dans la réponse est que l'utilisation du traitement le plus efficace est essentiellement limitée aux enfants souffrant de malnutrition sévère. Or ceux au stade dit modéré de la malnutrition ont eux aussi besoin de cette prise en charge thérapeutique, rendue possible par les aliments thérapeutiques prêts à l'emploi et la stratégie ambulatoire. Pour la majorité des enfants, c'est la mère qui devient le soignant et les résultats de nos programmes au Niger prouvent qu'elles sont efficaces : plus de 94% de guérison !
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Les mères, soignantes efficaces
Au Niger, la malnutrition est très souvent attribuée aux mères, à leur
ignorance, leur manque d'hygiène, leur fidélité à des tabous
alimentaires... Pourtant les mères ont été les premières à comprendre
que le malnutrition n'est pas une fatalité et qu'avec un produit
adapté, leurs enfants peuvent être sauvés.
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Dans une majorité des cas, il suffit de donner aux enfants un aliment thérapeutique pour qu'ils reprennent du poids et des forces. Le problème désormais, c'est que les familles n'ont pas les moyens d'acheter ce produit. Le prix d'un traitement (2 sachets de Plumpy'nut par jour pendant un mois) est d'une quinzaine d'euros. Tout l'enjeu est donc aujourd'hui de réduire son coût pour le rendre accessible dans un pays où le pouvoir d'achat des familles est extrêmement faible.