MSF intervient auprès de réfugiés soudanais privés d’assistance en Ethiopie

Le camp de réfugiés de Bambasi en Ethiopie  Août 2012.
Le camp de réfugiés de Bambasi, en Ethiopie - Août 2012. © Yann Libessart/MSF

Depuis le mois de juillet, plus de deux mille tentes blanches s’alignent sur les collines verdoyantes proches du village de Bambasi, à l’ouest de l’Ethiopie. Douze mille réfugiés soudanais vivent sur ce site aménagé par les autorités éthiopiennes et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR).

« J’ai quitté le Soudan avec mon mari et nos 8 enfants l’année dernière quand la guerre a atteint Qeissan, mon village, raconte Djamila, 30 ans. L’aviation soudanaise a d’abord bombardé, puis les soldats ont attaqué. Beaucoup de gens, dont mon grand frère, ont été massacrés. »

L’accord de paix signé au Kenya début 2005 entre les rebelles du Mouvement de libération populaire du Soudan (SPLM) et le gouvernement de Khartoum prévoyait plus d’autonomie pour les régions du Sud-Kordofan et du Nil Bleu. Les promesses n’ont pas été tenues et le conflit s’est à nouveau durci après la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011. Plus de 200 000 Soudanais ont fui les combats vers le Soudan du Sud ou l’Ethiopie, où ils vivent depuis dans des camps de réfugiés sous assistance humanitaire.

Côté éthiopien, plus de 15 000 réfugiés ont tout d’abord été hébergés dans le camp de transit d’Ad-Damazin, à environ 20 kilomètres de la frontière soudanaise. Selon Duncan McLean, responsable des programmes MSF : « les rares témoignages faisaient état d’un niveau d’assistance insuffisant dans ce camp en termes d’accès à l’eau potable et aux soins de santé. Pendant des mois, nous avons demandé au gouvernement éthiopien l’autorisation d’y travailler, en vain. »

Jamal témoigne : « J’ai tout d’abord passé 7 mois dans le camp d’Ad-Damazin avant que les Ethiopiens nous ordonnent de partir fin avril 2012 car ils le jugeaient trop proche de la frontière. Mais une partie des réfugiés s’est rebellée contre les autorités éthiopiennes, dont le bureau a été incendié. En représailles, les distributions de nourriture ont été suspendues pendant 2 mois. »

Certains réfugiés, notamment ceux possédant du bétail ainsi que les anciens combattants du SPLM, ne souhaitaient pas s’éloigner trop du Soudan. D’autres voulaient rester à Ad-Damazin pour pouvoir travailler dans les mines d’or à proximité. Tous n’avaient cependant pas accès à cette ressource alternative et l’interruption de l’aide a entraîné l’aggravation de l’état nutritionnel des plus jeunes enfants.

« Lorsque les réfugiés ont finalement été transférés vers le nouveau camp de Bambasi à partir de la mi-juin, près d’un quart des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aigüe, relate Duncan McLean. Après avoir organisé une campagne de vaccination contre la rougeole, nos équipes ont ouvert un centre de traitement de la malnutrition et soigné plus de 400 enfants sévèrement malnutris au cours de l’été. MSF organise également des distributions de compléments alimentaires pour les plus vulnérables, tels les femmes enceintes ou les plus jeunes enfants. »

Le camp d’Ad-Damazin est aujourd’hui fermé. Environ 3 ,000 réfugiés ne sont pas allés à Bambasi. Certains auraient choisi de retourner au Soudan, les autres errent probablement le long de la frontière.

Le flux de nouveaux arrivants a beaucoup diminué à Bambasi. De nombreuses huttes traditionnelles, ou tukuls, s’élèvent désormais aux côtés des tentes UNHCR. Un marché a vu le jour à l’intérieur du camp et les réfugiés soudanais commercent avec les communautés locales éthiopiennes. Selon Bilal, installé depuis un mois à Bambasi avec 15 personnes de sa famille : « Le camp est bien mieux que ce nous avions entendu, même si nous souhaiterions recevoir plus de nourriture et de matériel. Nos enfants ont également besoin d’aller à l’école. La plupart d’entre nous espèrent rentrer au Soudan mais nous attendons d’abord la paix. »

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