Malnutrition infantile : le pic saisonnier atténué grâce à des compléments alimentaires

Médecins Sans Frontières prouve une nouvelle fois que des distributions préventives de compléments alimentaires adaptés sont nécessaires pour éviter qu’un grand nombre de jeunes enfants ne basculent dans la malnutrition.

Lire l'article sur le site de PLoS One - « Pourquoi attendre qu'un enfant soit en danger de mort pour agir ? »

L'expérience du Niger. De 2001 à 2008, MSF a mené un projet nutritionnel dans la région de Maradi, au Niger. Chaque année, nos équipes ont observé une augmentation sensible des cas de malnutrition pendant la période de soudure - à partir de septembre, lorsque les stocks de nourriture des familles s'épuisent avant la prochaine récolte.
MSF a soigné avec succès des enfants souffrant de malnutrition sévère mais la stratégie a ensuite été complétée par une prise en charge précoce, sans attendre un stade de malnutrition avancé mettant la vie des enfants en danger. En 2007, MSF a commencé à distribuer des complément nutritionnels à tous les enfants âgés de 6 mois à 3 ans dans un district de Maradi, au cours de la période de soudure. Ces distributions préventives ont permis de réduire le nombre d'enfants basculant dans la malnutrition sévère, et offrent de nouvelles perspectives dans la lutte contre la malnutrition infantile.

« Pourquoi attendre qu'un enfant soit en danger de mort pour agir ? » , in PLoS One, mai 2009.

Selon un article récemment publié dans la revue PLoS One , MSF a réussi à atténuer le pic de malnutrition sévère parmi 62 000 enfants dans une zone rurale du Niger pendant la période de pénurie alimentaire précédant la récolte de 2007. Au cours des six mois de cette période de soudure, les enfants âgés de six mois à trois ans ont reçu une pâte de lait enrichie, en complément du lait maternel ou de leur régime alimentaire habituel.

« Ce que notre intervention a montré, c'est que dans les régions où le pic saisonnier de malnutrition infantile est fort, il faut agir tôt pour s'assurer que les enfants reçoivent les nutriments dont ils ont besoin, au lieu d'attendre pour les soigner qu'ils souffrent de malnutrition et risquent de mourir ou de subir des conséquences à long terme pour leur santé », déclare Stéphane Doyon, responsable de la nutrition de MSF.


Première intervention à si grande échelle
Des études précédentes de MSF avaient déjà montré les avantages de l'intervention préventive par rapport aux programmes nutritionnels thérapeutiques. Mais en 2007, c'est la première fois que des compléments alimentaires très énergétiques ont été distribués à si grande échelle.

« Au cours des années précédentes, des milliers d'enfants souffrant de malnutrition sévère ont dû être admis dans nos centres nutritionnels thérapeutiques dans cette région. Mais suite à la distribution ciblée de 2007, cela n'a pas été le cas. L'effet protecteur est impressionnant. Pourquoi devrions-nous donc attendre qu'un enfant soit sur le point de mourir pour agir ? », s'interroge Stéphane Doyon.

Les résultats obtenus par MSF avec son programme au Niger remettent en question la façon dont sont aujourd'hui conçus les programmes d'aide alimentaire et les politiques nutritionnelles.

« Aujourd'hui, l'aide alimentaire destinée aux enfants est principalement constituée de mélanges de farines enrichies tel que le mélange maïs-soja (Corn Soy Blend ou CSB) fourni USAID, la coopération américaine.

Nous savons que le CSB ne contient pas assez de nutriments essentiels dont les enfants en pleine croissance ont besoin et qu'il est donc peu efficace pour prévenir la malnutrition.

Notre expérience montre une fois de plus qu'une alternative au CSB, mieux adaptée d'un point de vue nutritionnel, ça marche », affirme le Docteur Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF.

Depuis 2007, les principales organisations dans le domaine de la nutrition sont tombées d'accord sur la nécessité d'améliorer la qualité de l'aide alimentaire distribuée aux enfants. L'UNICEF en Somalie ou le Programme alimentaire mondial (PAM) au Burkina Faso sont passés à la pratique et donnent aux enfants des compléments alimentaires adaptés dans les rations offertes aux familles.

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