Lutter conter l'hépatite E : réponse d'urgence dans la localité d'Am Timan, région de Salamat, Tchad

Réponse d'urgence dans la localité d'Am Timan, région de Salamat, Tchad
© Abdoulaye Barry

Depuis septembre 2016, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont mis en place un programme d'urgence pour répondre à une épidémie d'hépatite E dans la localité d'Am Timan, dans la région de Salamat : une zone où la maladie n'y est pas endémique, donc pas ou peu présente habituellement.

Durant les cinq derniers mois, MSF a reçu plus de 800 patients présentant un symptôme de jaunisse aiguë (ou ictère). 68 de ces personnes ont été dépistés positives au virus de l'hépatite E (VHE) et 61 d'entre elles ont dû être hospitalisées. Onze personnes sont décédées, dont quatre femmes enceintes.
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Durant les cinq derniers mois, MSF a reçu plus de 800 patients présentant un symptôme de jaunisse aiguë (ou ictère). 68 de ces personnes ont été dépistés positives au virus de l'hépatite E (VHE) et 61 d'entre elles ont dû être hospitalisées. Onze personnes sont décédées, dont quatre femmes enceintes. © Abdoulaye Barry

L'hépatite E est une maladie du foie causée par le virus de l'hépatite E (VHE), qui se transmet principalement par l'ingestion d'eau contaminée. Le principal facteur de risque est lié aux mauvaises conditions d'assainissement, permettant aux virus excrétés dans les selles des sujets infectés de parvenir dans les eaux destinées à la consommation humaine.

La jaunisse est un des signes caractéristiques de l'hépatite E. Elle se traduit par une coloration jaune de la peau et de la sclérotique des yeux (membrane ou partie blanche de l'œil).

Dans de rares cas, l'hépatite E aiguë peut être grave et évoluer en hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë) : pouvant entraîner le décès du patient. Ce type d'hépatite est plus fréquent lorsque l'hépatite E survient pendant la grossesse.

Fatima Abdelkarim, 16 ans, se lave les pieds. Elle habite dans le village d'Amchoka. Comme elle, toutes les femmes et les filles ont souvent la lourde tâche de marcher de nombreux kilomètres pour trouver de l'eau dans les ruisseaux et les étangs.

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Un nombre important de cas d'hépatite E provient de villages en dehors d'Am Timan, dans lesquels MSF n'est pas présente. Pour évaluer l'étendue de l'épidémie, les équipes effectuent des évaluations dans les environs d'Am Timan.

L'hépatite E est une maladie présente dans de nombreux pays aux ressources limitées ayant un faible accès aux services essentiels d'alimentation en eau, d'assainissement, d'hygiène et de santé.

Cette rivière représente la principale source d'eau utilisée par la population autour du village de Siebe.
 © Abdoulaye Barry
Cette rivière représente la principale source d'eau utilisée par la population autour du village de Siebe. © Abdoulaye Barry

 

Compte tenu du manque d'eau potable dans la ville d'Am Timan, la population est obligée de creuser pour trouver de l'eau provenant de la rivière Bahr Azoum.

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MSF a lancé un programme de chloration des sources d'eau, dont deux réseaux de distribution publique et 70 points d'eau individuels tels que des pompes manuelles, des réservoirs d'eau libre et un puit.

L'assainissement de l'eau est une composante indispensable de la réponse d'urgence à l'épidémie. Cette activité est mise en place en complément d'une offre de soins adéquate et d'une campagne de promotion à l'hygiène.

Un point d'eau installé par MSF près du lit de la rivière Bahr Azoum, dans le quartier de Ganatir, dans la ville d'Am Timan.
 © Abdoulaye Barry
Un point d'eau installé par MSF près du lit de la rivière Bahr Azoum, dans le quartier de Ganatir, dans la ville d'Am Timan. © Abdoulaye Barry

Hapsita Yaya, 30 ans, vit dans le quartier de Ridina dans la ville d'Am Timan. Elle a été admise à l'hôpital Am Timan après un test positif à l'hépatite E.

Sa famille est arrivée de République Centrafricaine à Am Timan il y a deux ans. Des milliers de réfugiés en provenance de la RCA sont arrivés au Tchad pour fuir la violence dans la capitale Bangui. Le conflit en République Centrafricaine a laissé plus de 900 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays tandis qu'environ 83 000 ont trouvé refuge au Tchad.

Hapsita Yaya :

«Quand je suis arrivée à l'hôpital, je ne sentais plus mon bébé bouger et j'étais très malade. On m'a expliqué que j'avais l'hépatite E. L'équipe médicale a décidé de m'hospitaliser à la maternité. Aujourd'hui, je suis de retour à la maison après plus de deux semaines. Je me sens mieux et mon bébé va bien. Maintenant je comprends vraiment l'importance d'être en bonne santé.»

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MSF a également mis en place un programme de promotion de l'hygiène (PH) à grande échelle avec 24 promoteurs d'hygiène. Lors des sessions de formation sur les symptômes de l'hépatite E et sur les règles d'hygiène dans les communautés, le promoteur explique l'importance du lavage des mains avec du savon et de l'eau chlorée, aux endroits prévus à cet effet.

Équipe de promotion de la santé en cours de séance d'éducation. Cette activité vient en complément de la réponse médicale et des initiatives d'assainissement de l'eau.
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Équipe de promotion de la santé en cours de séance d'éducation. Cette activité vient en complément de la réponse médicale et des initiatives d'assainissement de l'eau. © Abdoulaye Barry

Ngomdimadje Tamingar, 25 ans, originaire de Darasalam près d'Am Timan, est le premier patient à avoir été diagnostiqué positif au virus de l'hépatite E dans la ville d'Am Timan. Environ quatre mois après son retour d'Haraz, près de la frontière avec la République Centrafricaine, où il enseignait aux élèves de l'école primaire, Ngomdimadje a commencé à éprouver une douleur au niveau du corps. À ce moment-là, il expliquait avoir perdu l'appétit et se plaignait de vomissements, de maux de tête et de douleurs abdominales.

Ngomdimadje Tamingar :

« Aujourd'hui, je me considère comme un survivant. Car je respire encore et cela veut dire que j'ai vaincu cette maladie, potentiellement mortelle. Avant moi, les deux autres patients sont décédés. Il s'agissait de deux femmes. J'ai survécu. Cela me donne espoir. »

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Malgré l'intervention de MSF dans la région de Salamat, la réponse à l'épidémie reste insuffisante.
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Malgré l'intervention de MSF dans la région de Salamat, la réponse à l'épidémie reste insuffisante. © Abdoulaye Barry

Rolland Kaya, chef de mission MSF au Tchad

« Sans une intensification immédiate de l'appui d'autres organisations et du gouvernement tchadien, MSF ne pourra pas contenir seule cette épidémie. »

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