Liban et Syrie : les équipes MSF participent à la lutte contre les épidémies de choléra

Un travailleur de santé accompagne un patient dans une unité de traitement du choléra MSF installée dans la région d'Idlib. Syrie. 2022.
Un travailleur de santé accompagne un patient dans une unité de traitement du choléra MSF installée dans la région d'Idlib. Syrie. 2022.   © Abd Almajed Alkarh/MSF

Des épidémies de choléra touchent actuellement le Liban et la Syrie, alors que la maladie n’était pas apparue depuis des années dans ces deux pays. Les équipes MSF participent à la campagne de vaccination mise en place au Liban et à la gestion de centres de traitement du choléra en Syrie.

« Pour pouvoir enrayer efficacement l'épidémie, il est crucial de renforcer les mesures de prévention du choléra, dont la vaccination est l'un des éléments essentiels, explique Marcelo Fernandez, chef de mission MSF au Liban. Cependant, si aucune action significative n'est prise pour garantir à la population un accès correct à l'eau potable et aux services d'assainissement dans le pays, nous pouvons nous attendre à ce que le choléra et d'autres maladies infectieuses d'origine hydrique réapparaissent régulièrement. »

Au Liban, les équipes MSF participent ainsi à la campagne nationale de vaccination lancée par le ministère de la Santé publique et travaillent auprès des populations d'Arsal, Akkar, Tripoli et Baalbak, dans le nord et le nord-est du pays, où la plupart des cas de choléra ont été recensés. 600 000 doses de vaccin contre le choléra ont été reçues, au titre de la première phase d'approvisionnement, et doivent être administrées en coordination avec divers acteurs internationaux et locaux.

Depuis que le Liban a enregistré son premier cas de choléra en près de trois décennies, le 6 octobre 2022, 19 personnes sont décédées des suites de la maladie. Au 16 novembre 2022, le nombre de cas confirmés et suspects s'élèvent à 3 671.

Une travailleuse de santé MSF vaccine un enfant contre le choléra. Liban. 2022.

 
 © MSF/Mohamad Cheblak
Une travailleuse de santé MSF vaccine un enfant contre le choléra. Liban. 2022.   © MSF/Mohamad Cheblak

En plus de l'administration des vaccins contre le choléra, MSF fournit également des soins aux patients atteints par la maladie. Dans la vallée de la Bekaa (Bar Elias et Arsal), MSF gère deux centres de traitement du choléra d'une capacité totale de 70 lits. À Tripoli, au nord du Liban, et à Arsal, des points de réhydratation orale sont mis en place pour les personnes n'ayant pas besoin d'être hospitalisées.

MSF dispense également une formation technique aux agents de santé libanais sur le traitement des patients atteints de choléra. L’association mobilise aussi des équipes pour sensibiliser à la maladie et distribue des kits d'hygiène pour aider la population à maintenir une hygiène domestique et personnelle.

Unité de traitement en Syrie

En Syrie, l’épidémie de choléra est d’abord apparue dans la région de Deir ez-Zor, en lien avec la pénurie d’eau dans le nord de la Syrie et la contamination d’une partie des eaux de l’Euphrate. Elle s’est ensuite propagée jusqu’à Raqqa et Alep, dans le nord-ouest, puis à travers le pays.

Fatina a été atteinte du choléra et a été soignée dans une unité de traitement MSF à Raqqa. Syrie. 2022.
 © Azad Mourad/MSF
Fatina a été atteinte du choléra et a été soignée dans une unité de traitement MSF à Raqqa. Syrie. 2022. © Azad Mourad/MSF

Dans le nord-est de la Syrie, MSF répond à l'épidémie en partenariat avec les autorités sanitaires locales, notamment en apportant son soutien à une unité de traitement du choléra à Raqqa. « Je suis venue à Raqqa pour rendre visite à mon fils il y a quelques jours, puis je me suis retrouvée ici, raconte Fatina. J'ai d'abord été admise à l'hôpital national de Raqqa. Puis, mon état s'est aggravé. Je souffrais de maux de tête sévères, de diarrhée et de vomissements incontrôlables quand je suis arrivée au centre de traitement MSF. Je ne sais pas pourquoi je suis tombée si malade, mais j'avais l'impression de mourir. » Depuis la déclaration de l'épidémie de choléra en septembre, MSF a traité plus de 3 000 cas suspects de choléra dans le nord-est du pays.

MSF soutient également une autre UTC dans la région d’Idlib, et deux autres à Afrin et Al-Bab, au nord d'Alep, en partenariat avec l'organisation Al-Ameen. « Au début, je pensais que c'était juste une infection intestinale normale, mais en quelques heures, mes vomissements et ma diarrhée ont empiré, j'ai failli m'évanouir et ma tension a soudainement chuté, explique Alaa Hassan, hospitalisée dans un centre de traitement MSF de la région d’Idlib. J'ai entendu parler de la propagation du choléra en Syrie, mais je ne m'attendais pas à l'attraper et à souffrir de symptômes aussi graves. » La jeune femme a finalement pu sortir deux jours après son entrée dans l’unité de traitement.

Consultation avec un patient atteint par le choléra dans une unité de traitement MSF de la région d'Idlib. Syrie. 2022.
 © Abd Almajed Alkarh/MSF
Consultation avec un patient atteint par le choléra dans une unité de traitement MSF de la région d'Idlib. Syrie. 2022. © Abd Almajed Alkarh/MSF

L’association gère également quatre points de réhydratation orale, une première étape du traitement, pour les patients qui présentent des symptômes sans avoir besoin d'être hospitalisés. Environ 300 patients ont été traités dans ces points et 220 l'ont été dans les unités de traitement du nord d'Idlib. 20 % d'entre eux présentaient de graves symptômes : la plupart de ces cas préoccupants étaient dus à un retard dans la recherche d'un traitement.

« Certaines familles des zones rurales de Raqqa m'ont dit qu'elles utilisaient directement l'eau de canaux à ciel ouvert ou de la rivière pour leurs besoins domestiques et pour boire. Cette eau est contaminée et insalubre et lorsqu’une usine de traitement d’eau ne fonctionne pas, les gens vont naturellement chercher d'autres sources. C’est dans ces conditions qu’ils attrapent la maladie », explique Ahmad, qui fait partie de l'équipe de promotion de la santé de l'unité de traitement de Raqqa.

« Nous avions l'habitude de voir 25 patients en moyenne chaque jour, mais dans le nord-est de la Syrie, les cas ont nettement diminué. Les gens savent désormais mieux comment se protéger et protéger leur famille contre l'infection », conclut Ahmad.

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