Haïti - Nouvelle vague de violence à Port-au-Prince

De nouveaux affrontements ont éclaté dans la capitale haïtienne de Port-au-Prince, impliquant différents groupes armés ainsi que la force de stabilisation des Nations unies (Minustah), mettant un terme au répit sruvenu après les élections de février. En juillet, nos équipes ont soigné plus de 200 personnes blessées par balle, dans nos trois centres médicau : les hôpitaux Saint-Joseph (dans le quartier de Turgeau), Sainte-Catherine (dans Cité Soleil) et Jude Anne dans le quartier Delmas. Par rapport au mois de juin, le nombre d'admissions de patients atteints de plaies par balle a plus que doublé.

« Ce niveau de violence est extrêmement élevé, même pour une ville de deux millions d'ha pour une ville de deux millions d'habitants », explique Yann Libessart, chef de mission du centre de traumatologie de l'hôpital Saint-Joseph. « Nos équipes médicales et chirurgicales ont soigné 37 plaies par balle en 48 heures, suite aux affrontements des 20 et 21 juillet. » Depuis Décembre 2004, plus de 5.000 patients ont été admis pour des blessures résultant de la violence, dont plus de 2.500 blessés par balle et 1.500 par arme blanche.

« Chaque jour on entend des coups de feux dans la ville », raconte Petra Reijners, chef de mission de l'hôpital Jude Anne. « De plus en plus de quartiers de Port-au-Prince sont dangereux, les habitants vivent dans un état de peur permanente, et craignent d'être blessé par une balle perdue. Notre centre de soins à l'hôpital Jude Anne, initialement conçu pour fournir des soins gratuits pour les urgences obstétriques, a dû soigner dix blessés par balle en juillet. »

Au cours des dernières semaines à Port-au-Prince, les équipes MSF ont visité quatre sites où des habitants s'étaient réfugiés pour fuir la violence. « Des groupes armés se sont mis à tirer sur beaucoup de monde et tout le monde a couru. Ils ont tué mon mari, ils ont brûlé ma maison. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça. Je ne sais pas où aller », a raconté une jeune mère d'une famille de sept enfants, rencontrée par nos équipes.

Dans ce contexte de violence généralisée, la sécurité des civils n'est pas respectée. « Dans nos centres de soins à Cité Soleil, nous avons soigné une majorité de femmes et d'enfants victimes de balles perdues, explique Loris De Filippi, chef de mission de l'hôpital Sainte-Catherine. En raison de l'instabilité de la situation, nous avons dû prendre la difficile décision de fermer temporairement notre centre de santé à Chapi. Jour et nuit, nous continuerons toutefois à fournir des soins d'urgence à Sainte-Catherine. »

« Bien qu'il soit difficile d'anticiper dans un contexte si incertain, nous sommes inquiets des conséquences de l'intensification des combats à Port-au-Prince, et d'une situation qui risque encore de s'aggraver » explique Petra Reijners.


MSF travaille en Haïti depuis 1991. A Port-au-Prince, MSF gère quatre centres de soins. L'hôpital Sainte-Catherine à Cité Soleil fournit des soins d'urgence aux victimes de la violence, assure une moyenne mensuelle de 4.000 consultations de santé primaire et compte 100 admissions de patients par mois. MSF propose des soins de traumatologie d'urgence à l'hôpital Saint-Joseph ainsi que des soins de rééducation post-chirurgicale dans un centre comptant 48 lits, situé dans le quartier de Pacot. Depuis son ouverture en mars 2006, l'hôpital Jude Anne, d'une capacité de 60 lits, a assisté plus de 2.000 accouchements et assuré plus de 10.000 consultations de soins périnataux. Depuis juin, l'hôpital Jude Anne a également mis en place un programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Enfin, à Petite Rivière de l'Artibonite, MSF soutient les structures de santé locales.

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