Guerre au Soudan : des dizaines de milliers de déplacés dans l’État de Kassala face aux difficultés d’accès aux soins

Des personnes en situation de handicap dans l'un des sites de rassemblement de déplacés de Kassala, au Soudan. 2024.
Des personnes en situation de handicap dans l'un des sites de rassemblement de déplacés de Kassala, au Soudan. 2024. © MSF

À partir de la mi-décembre 2023, près de 40 000 personnes ont fui vers l’État de Kassala au Soudan pour échapper aux combats liés à l’offensive des Forces de soutien rapide sur l’État d’Al-Jazirah et sa capitale, Wad Madani. Sur place, elles ont rejoint quelque 150 000 personnes déjà déplacées par la guerre qui touche le pays depuis avril 2023¹. Les équipes MSF, qui ont lancé une opération d’urgence, déplorent la faiblesse de la réponse humanitaire.

Dans la foulée de l’explosion de violence qui avait touché l’État d'Al-Jazirah à partir de décembre 2023, les équipes MSF ont mis en œuvre un programme d’urgence d’une durée de dix semaines pour fournir une aide médicale et humanitaire aux populations déplacées.

Dans la ville de Kassala, les déplacés habitent dans des abris surpeuplés, avec un accès limité à la nourriture, à l'eau potable et aux soins de santé. Beaucoup dépendent de la générosité des communautés d’accueil pour subvenir à leurs besoins, ce qui accroît leur vulnérabilité aux maladies. Le spectre du choléra, de la typhoïde et de la dysenterie menace leur santé.

Combats intenses

« Lorsque nous sommes partis, un avion de guerre nous a survolés. En retour, les Forces de soutien rapide ont utilisé des canons anti-aériens. Nous étions juste à côté. C’est l’une des situations les plus tendues que nous ayons vécu », précise Abdul, qui a fui l’État d’Al-Jazirah.

Les équipes MSF ont déployé des cliniques mobiles pour atteindre les sites de rassemblement de déplacés, afin de garantir un accès aux soins de santé aux personnes les plus fragiles. Elles ont notamment soigné 2 100 patients souffrant d'infections respiratoires. 

« Des défis importants persistent pour l’accès aux soins de santé des déplacés. Les coûts des services médicaux ont grimpé en flèche, en particulier pour les femmes nécessitant des soins de santé reproductive. L’amélioration de la prise en charge des victimes de violences sexuelles est également urgente », explique Claire San Filippo, cheffe de mission adjointe de MSF au Soudan. 

L’accès au traitement des maladies non transmissibles telles que l'hypertension et le diabète est gravement compromis, à cause du manque d'approvisionnement et des coûts élevés des médicaments. Près de 800 patients (soit 13 % du nombre total de consultations ambulatoires) ont été soignés pour des maladies chroniques par les équipes MSF au cours des 10 semaines d'intervention d'urgence.  

« Je souffre d'hypertension, mais à cause du conflit, je n'ai pas pris mes médicaments depuis 10 mois. Je n’ai pas d’argent pour cela. L’aide que nous recevons n'est pas suffisante », déclare Moana², qui a vécu de multiples déplacements avec sa famille depuis le début de la guerre. 

La situation que subissent les déplacés de l’État de Kassala n’est malheureusement pas isolée au Soudan aujourd’hui. Les équipes MSF appellent à des actions urgentes dans le pays, aussi bien au Darfour qu’à Khartoum, mais aussi dans l’est du Soudan, où l’aide humanitaire n’arrive qu’au compte-goutte.  


1. Selon les chiffres fournis par l’Organisation mondiale pour les migrations. 

2. Le prénom a été modifié pour protéger l’identité du témoin. 

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