Deux millions de décès par an, et des médicaments efficaces toujours peu disponibles en Afrique

Le paludisme tue chaque année deux millions de personnes, dont un
million d'enfants. 90% des décès surviennent en Afrique subsaharienne.
Pourtant, il existe un traitement efficace: les ACT. Mais faute de
volonté politique, les ACT ne sont pas disponibles dans la plupart des
pays d'Afrique.

Le paludisme tue chaque année deux millions de personnes, dont un million d'enfants. 90% des décès surviennent en Afrique subsaharienne. Ces taux très élevés de mortalité sont principalement dus à l'utilisation de médicaments comme la chloroquine, devenus inefficaces, le parasite responsable de la maladie ayant développé de fortes résistances. Pourtant, des médicaments efficaces existent, les dérivés d'artémisinine en combinaison avec un autre antipaludéen efficace (ACT ou artemisinine-based combination therapy), dont l'OMS recommande l'utilisation.

Il est temps de passer aux ACT
Médecins Sans Frontières utilise systématiquement ces médicaments depuis 2001 sur tous ses programmes, le paludisme étant la pathologie la plus traitées dans nos centres de santé à travers le monde. Ainsi, en 2004, MSF a soigné près d'un million de malades avec des ACT. Malheureusement, ces médicaments ne sont toujours pas disponibles dans la majorité des pays africains. 33 pays d'Afrique ont décidé de changer leur protocole de traitement pour inclure des ACT, mais aujourd'hui, seuls 9 d'entre eux ont commencé à concrétiser ce changement.

Certains laboratoires qui produisent ces molécules ne respectent pas leurs engagements pour rendre largement disponible ce médicament. Ainsi, Novartis, laboratoire pharmaceutique suisse qui produit le Coartem®, le seul ACT en combinaison fixe (arthéméther et luméfantrine), soit deux molécules dans un seul comprimé, s'était engagé auprès de l'OMS à produire jusqu'en 2010 et à prix coûtant les quantités requises, soit 60 millions de traitements pour 2005. Novartis en produira seulement 30 millions cette année. En outre, les quantités limitées déjà produites sont en train d'être rationnées. Le stock serait épuisé encore plus rapidement si une épidémie de paludisme se déclarait.

Des avancées encore trop timides, faute de volonté politique
Pourtant des avancées se font jour. DNDi et Sanofi-Aventis ont annoncé début avril la mise au point d'une nouvelle co-formulation, qui réunit dans le même comprimé un dérivé d'artémisinine (artesunate) et de l'amodiaquine, qui sera disponible en 2006. Ce médicament, simple d'utilisation, à un prix abordable (moins de 1 dollar par adulte et par traitement et 0,5 dollar pour les enfants soit deux fois et demi moins cher que la seule co-formulation existante) ne sera protégée par aucun brevet, ce qui signifie que n'importe quel fabricant de générique pourra la copier.

Cependant, ce nouveau médicament ne résout pas à lui seul tous les problèmes liés à la prise en charge de la maladie. Le parasite du paludisme s'adapte constamment aux traitements, il est donc primordial que la recherche pour de nouveaux médicaments se poursuive. Faute de volonté politique et d'engagement financier de la part des Etats, de l'OMS, de l'Unicef et du Fond Global, les vieux médicaments qui ont fait la preuve de leur inefficacité sont encore largement utilisés. 3 000 personnes continuent de mourir chaque jour de la maladie faute de traitements efficaces.

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