Deux journées de soins pour les migrants au siège de MSF

Les 4 et 5 juillet MSF organisait une opération de traitement de la gale pour les migrants du Square Villemin.
Les 4 et 5 juillet, MSF organisait une opération de traitement de la gale pour les migrants du Square Villemin. © Caroline Fernandez

Pour endiguer une épidémie de gale, MSF organisait ce week-end une vaste opération de traitement de la maladie pour les migrants vivant dans le square Villemin, à Paris.

Pour endiguer une épidémie de gale, MSF organisait ce week-end une vaste opération de traitement de la maladie pour les migrants vivant dans le square Villemin, à Paris.

Il est à peine 8 heures ce dimanche 5 juillet, et déjà une trentaine d'hommes, Afghans pour la plupart, sont attroupés autour des quelques bénévoles de Médecins Sans Frontières, devant l'entrée du Square Villemin (Paris X ème), juste à côté de la gare de l'Est.

C'est le deuxième jour d'une opération un peu spéciale pour MSF. En effet, pour la première fois, l'ONG organise une vaste campagne de prévention et de soins pour tenter d'endiguer une épidémie de gale qui touche les exilés de ce quartier de Paris.

Depuis plusieurs semaines, le nombre de cas rapportés par les associations travaillant auprès de cette population semblait en augmentation.

« Le Programme d'Accès aux Soins de Santé de l'hôpital Saint Louis ne pouvait pas traiter plus de 5 à 10 Afghans par jour, en plus des autres patients », explique Laura Brav, responsable du programme de MSF à Paris.

« Or c'est insuffisant lorsqu'on sait qu'ils sont entre 200 et 300 à vivre dans et autour du square, dans des conditions de vie extrêmement précaires. »

Le manque d'accès à des douches pour se laver, de vêtements propres pour se changer, le fait de dormir dehors et de vivre en communauté favorise, en effet, la propagation de ce type de maladie.

« L'objectif pour MSF est de mener une opération de deux jours pour traiter un maximum d'entre eux et faire baisser le nombre de cas et donc, les risques de re-contamination, poursuit Laura, c'est aussi de les soulager car la maladie bien que bénigne entraîne des démangeaisons insupportables. »

Assistée par un interprète en farsi, elle rassure les hommes qui se pressent autour d'elle.
« Ne vous inquiétez pas, tout le monde finira par passer », lance-t-elle à plusieurs reprises. Tous reçoivent un carton de couleur indiquant à quel moment ils devront se présenter pour monter dans la voiture MSF qui les amènera au siège de l'association, près de la Place de la Bastille.

Depuis la veille au matin, des rotations sont organisées environ toutes les 20 minutes, par groupes de six personnes. « Nous avions prévu de prendre en charge une centaine de personnes chaque jour mais déjà, hier, samedi, nous avons traité 153 personnes en une seule journée !», précise Véronique Loeillot, à l'initiative de l'opération.

Des locaux réaménagés pour l'occasion. Arrivés au 8, rue Saint Sabin, siège de MSF, tout le monde s'affaire. Les locaux réquisitionnés pour l'occasion ont été réaménagés : des douches sont installées provisoirement dans la cour intérieure et abritées sous une tente, l'accueil est transformé en vestiaire, les bureaux en cabinets médicaux ou de soins infirmiers, les salles de réunion en salle d'attente.

Une trentaine de bénévoles ont été mobilisés pour le week-end: des médecins pour diagnostiquer, traiter la gale et vacciner contre le tétanos; des infirmiers pour soigner les plaies, souvent des lésions dues aux démangeaisons; du personnel non médical pour les vestiaires, les zones d'attente, la désinfection des vêtements... et des interprètes répartis à chaque poste ou auprès de chaque soignant.

Un parcours de soins bien rodé. Les personnes qui arrivent par petits groupes sont accueillies par un bénévole MSF et un interprète qui leur expliquent le déroulement de l'opération.

« Vous allez prendre des vêtements propres et une serviette puis vous attendrez ici d'être reçu par un médecin qui va regarder si vous devez être traité contre la gale ou non, leur explique Jacky Roptin, coordinateur médical. Si vous avez la gale ou une suspicion forte de gale vous allez être enduit, juste après la douche, d'un produit qu'il faudra garder sur vous durant 48 heures.»

Ceux qui ne présentent pas les symptômes de la gale recevront si nécessaire un traitement oral car la maladie a une période d'incubation d'environ deux semaines. Et tous seront reçus en consultation médicale pour un check-up rapide et une vaccination anti-tétanos.

Pendant la douche, une équipe de bénévoles pulvérise les vêtements sales avec un produit anti-parasitaire avant de les enfermer dans un sac dans lequel ils devront rester pendant 48 heures avant d'être lavés. De même, les patients devront garder sur eux le produit dont ils ont été enduits pendant 48 heures après lesquelles ils pourront prendre une douche.

Distributions de kits d'hygiène. Avant de partir, chacun reçoit un kit d'hygiène (dentifrice, rasoirs, serviettes, savon, mousse à raser et sac de couchage) ainsi que les recommandations pour les jours à venir. Car, si la journée de soins au siège de MSF s'achève, l'opération n'est pas tout à fait terminée. Demain matin, des bénévoles accompagneront aux bains-douches les patients traités le samedi afin qu'ils puissent se laver et retirer ainsi le produit.

« On a négocié un créneau horaire qui leur sera réservé lundi et mercredi dans un bain-douches, explique Véronique. C'est la garantie pour que le traitement soit efficace.»

En attendant, l'opération a bien fonctionné et aura permis aux équipes MSF de mieux cerner cette population qui, contrairement à une idée reçue n'est pas seulement en transit à Paris. En deux jours, MSF a reçu 310 personnes, la plupart d'origine afghane. Parmi ces patients, la moitié souffrait de la gale. Environ un tiers d'entre disent être arrivés il y a moins d'un mois. Et environ 20%, depuis plus de 3 mois.
Fait inquiétant, un quart d'entre eux sont des mineurs.

 

 

 

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