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Catastrophes naturelles : faut-il agir à tout prix ?

Photo Haiyan Phillippines
Photo Haiyan Phillippines © Agus Morales/MSF

Dix ans après le tsunami en Indonésie, un an après le passage du typhon Haiyan sur les Philippines, et presque cinq ans après le tremblement de terre en Haïti, retour sur la réponse humanitaire aux catastrophes naturelles avec le Dr Rony Brauman, ancien Président de MSF de 1982 à 1994 et directeur de recherche au Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires (CRASH).

Comment définissez-vous une catastrophe naturelle ?

C’est un séisme ou un événement climatique qui survient près d’une zone très peuplée et dont les conséquences dépassent les capacités de réponse locales. Mais ces conséquences sont liées à l’organisation sociale du lieu où elles surviennent. Si les tremblements de terre du Pakistan et d’Haïti ont causé autant de victimes, c’est surtout à cause de la densité urbaine et d’un habitat précaire dans des régions à haut risque sismique, avec des maisons de parpaings et de pierres mal scellés et donc fragiles. Leur effondrement a entraîné de graves fractures ou des écrasements de membres.

Ont-elles toujours fait partie des missions de l’association ?

Oui. Le tremblement de terre au Pérou en mai 1970 et le cyclone Bhola, au Bengladesh, en novembre de la même année, sont, avec les conflits armés, à l’origine de notre création.

Cependant, l’intervention au Pérou en 1970, fut un échec. Arrivés sur les lieux une semaine après le séisme, les médecins français n’y avaient trouvé aucun blessé. Les États de la région avaient déjà déployé des secours. La leçon tirée s’imposa durablement : l’aide médicale devait être mise en œuvre dans les 48 premières heures. Ce délai passé, les victimes emmurées, les blessés souffrant de traumatismes multiples ou d’écrasements étaient condamnés. Toutefois, la proportion de blessés était beaucoup plus petite dans le passé : on mourait ou on survivait. C’est l’extension d’un habitat précaire en dur qui est la cause des blessures par écrasement que l’on constate ces dernières années, et notamment en Haïti, où le nombre de blessés est sans précédent.

Comment ont évolué les interventions ?

Nous avons raccourci nos délais de déploiement grâce à du matériel d’urgence sous forme de « kits » et des équipes opérationnelles mobilisables dans les vingt-quatre heures suivant l’alerte. Mais le plus efficace est d’être déjà présent comme en Haïti. Là, MSF a pu répondre rapidement au désastre et installer trois blocs chirurgicaux le surlendemain du séisme pour effectuer des opérations, les premiers soins ayant été prodigués dans la rue durant les 48 premières heures. L’envoi de l’hôpital gonflable déjà utilisé au Pakistan a permis d’opérer les blessés graves dans des conditions optimales à partir du treizième jour, le temps nécessaire pour son acheminement et son installation.
 

© MSF

Y-a-t-il un lien direct entre catastrophe naturelles et épidémies ?

Non. La question est apparue lors du tsunami de 2004. Peu après ce désastre, l’OMS déclarait : « Il pourrait y avoir autant de morts causées par les maladies que par le désastre lui-même. » Relayé par la presse, ce thème orienta les secours vers le sauvetage d’urgence de milliers de vies humaines prétendument en danger. Ce qui ne reposait sur aucune base scientifique, mais collait à une croyance répandue selon laquelle les cadavres en décomposition sont la source de contaminations infectieuses. Or, on n’a jamais observé d’épidémie meurtrière à la suite d’une catastrophe naturelle.

L’intervention internationale est-elle indispensable dans les catastrophes naturelles ?

Dans les premières heures, l’essentiel de l’aide d’urgence est assurée par le voisinage et les organisations locales. Et contrairement aux idées reçues, la population n’est pas paralysée par la catastrophe. Au contraire, c’est un acteur de secours très actif.

Ensuite, bien sûr, l’aide internationale est prépondérante pour apporter massivement des moyens techniques, humains et financiers afin de faciliter la « post-urgence » et la reconstruction. Ainsi, sur le plan médical, notre intervention consiste alors en actes chirurgicaux, reprises opératoires secondaires, soutien psychologique, soins de kinésithérapie, dons de kits d’urgence comme des abris, de l’eau, des rations alimentaires... Le plus important est de veiller à une étroite coopération entre aide internationale et mobilisation locale.

Pourquoi l’évaluation du nombre des victimes fait-elle l’objet de débats ?

Car cette évaluation est faite à partir d’une estimation de la densité de population et des impacts dans un quartier donné, ce qui laisse place à une forte marge d’incertitude. Mais ce chiffre constitue un marqueur émotionnel primordial et il situe l’événement sur une échelle de gravité. Annoncé par les gouvernements et les Nations Unies, il est accepté par la presse et les acteurs de l’aide comme un fait objectif, même s’il n’est pas très fiable. Pourtant, le respect dû aux victimes n’interdit pas de mettre en doute des bilans établis dans une ambiance bouleversée et sans bases vérifiables.

Pourquoi les humanitaires ont-ils du mal à anticiper l’ampleur de l’intervention ?

Pour bien dimensionner notre intervention médicale d’urgence il faudrait connaître l’état et le nombre des victimes survivantes, leurs besoins médicaux mais aussi ceux d’abris, de vivres, d’eau… Et il faudrait aussi suivre le déploiement des secours pour coordonner au mieux les interventions. Dans les conditions de désorganisation qui suivent une catastrophe et avec l’arrivée massive de nombreux acteurs, ceci est très difficile.

Par ailleurs, la dramatisation de l’information et la recherche d’une émotion qui mobilise la générosité, pour donner des moyens aux actions de secours, peut encourager une surenchère de chiffres.

Comment fonctionne un hôpital gonflable sur le terrain?

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