Brésil : MSF prend part à la lutte contre le paludisme en Amazonie

Un membre des équipes MSF en train de réaliser un test sur un patient en Amazonie. 2023.
Un membre des équipes MSF en train de réaliser un test sur un patient en Amazonie. 2023.

Début 2023, le gouvernement brésilien a déclaré l'état d'urgence sanitaire sur le territoire Yanomami, une immense région amazonienne comptant environ 30 000 habitants. Cette déclaration fait suite à une série de reportages ayant motivé une mission officielle d'enquête, qui a mis en évidence  une situation d’extrême précarité, avec de nombreuses communautés autochtones touchées entre autres par la malnutrition, le paludisme et la verminose. Dans la foulée, les équipes MSF ont contribué à la formulation d’une réponse à cette crise avant de commencer à intervenir auprès de ces populations en se focalisant sur le paludisme.

MSF a récemment intensifié ses activités médicales face à une augmentation des cas de paludisme sur le territoire Yanomami, en envoyant une équipe dans la région d'Auaris, dans le nord-ouest de l'État de Roraima. Cette région, qui abrite plus de 4 000 personnes, est l'une des zones les plus peuplées du territoire. Le paludisme était déjà endémique dans la région d'Auaris, affectant à la fois les adultes et les enfants, mais la présence de la maladie a pris de l'ampleur au cours des  dernières années, à mesure que les ressources médicales et le personnel de santé ont diminué dans toute la région. Entre janvier et juin 2023, il y a eu 12 256 cas de paludisme dans le territoire yanomami, soit une augmentation de 70 % par rapport à la même période en 2022, selon les données du ministère de la Santé.

Pour faire face à la flambée du paludisme, MSF a adopté une stratégie de détection active des cas, ses équipes parcourant de longues distances chaque jour, en bateau ou à pied, pour atteindre les villages reculés et tester les gens pour la maladie. « Nous testons autant de personnes que possible, même celles qui ne présentent aucun symptôme, explique la Dr Raquel Simakawa, médecin MSF qui faisait partie de l'équipe qui a lancé les activités à Auaris en mai. C'est l'un des meilleurs moyens de diagnostiquer et de traiter le paludisme le plus rapidement possible, en réduisant les risques de complications ainsi que les taux de transmission. »

L'équipe collecte un grand nombre d'échantillons de sang qui sont analysés le jour même. Au cours des deux premières semaines d'activités, l'équipe MSF à Auaris a testé plus de 1 000 personnes, parmi lesquelles environ 200 étaient effectivement atteintes du paludisme. 

Lutte contre la transmission du paludisme en Amazonie par les équipes MSF. 2023.
 © Marilia Izidorio
Lutte contre la transmission du paludisme en Amazonie par les équipes MSF. 2023. © Marilia Izidorio

Les patients dont le test est positif commencent immédiatement à prendre des médicaments antipaludiques,  entre trois jours et deux semaines, selon le type de paludisme détecté les antécédents du patient. Sans un traitement approprié, l'infection par le paludisme peut entraîner des complications telles qu'une anémie sévère, une gêne respiratoire et une extrême faiblesse physique. Pour les personnes atteintes de paludisme grave et pour celles déjà affaiblies par d'autres problèmes de santé, le paludisme peut être mortel.

« Nos équipes de santé effectuent des visites hebdomadaires dans les communautés afin que les tests puissent être faits autant que nécessaire, explique la Dr Simakawa. La fréquence de ces tests ne diminuera que lorsque la maladie sera effectivement maîtrisée. »

L'équipe de 10 personnes de MSF à Auaris comprend des médecins, des infirmières, un microscopiste, un anthropologue et un logisticien. Ils travaillent aux côtés des médecins, des infirmières et des agents de santé communautaires autochtones de la DSEI, la branche du ministère brésilien de la Santé qui s'occupe spécifiquement de la santé des groupes autochtones.« Travailler en partenariat est essentiel pour garantir un bon accès aux communautés, c’est vital pour atteindre les patients et empêcher la propagation de la maladie », explique Fábio Biolchini, coordinateur MSF pour les opérations en Amérique du Sud.

Malgré le fait que MSF travaille avec des ressources limitées sur un territoire très vaste, et fait face à de nombreux défis logistiques, Fábio Biolchini pense que l'expérience de l'association  dans le traitement du paludisme lui est très utile. « MSF a une longue histoire de succès dans la mise en œuvre de stratégies de prévention et de traitement du paludisme, avance-t-il. L'année dernière, MSF a traité plus de 4,2 millions de cas de paludisme dans le monde. »

Lors de la pandémie de Covid-19, MSF a également aidé les populations indigènes des États du Mato Grosso do Sul, d'Amazonas et de Roraima. En plus de ses activités actuelles en territoire Yanomami et dans un centre de santé de Boa Vista, MSF mène depuis 2018 un projet de soutien au système de santé du Roraima suite à l'arrivée de migrants vénézuéliens dans l'État. Une équipe MSF travaille également dans la ville de Portel, dans la région de l'île de Marajó, dans l'État de Pará, pour aider à renforcer le système de santé local et améliorer l'accès aux soins pour les groupes de population vulnérables.

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