Auprès des blessés irakiens
De retour d'Amman, Gaëlle Fedida, responsable de programme pour la Jordanie, revient sur les objectifs de ce projet et nous rend compte des premiers résultats obtenus après un an d'activités.
Une fois reçus les premiers soins d'urgence, la plupart d'entre eux sont en effet livrés à eux-mêmes, et quittent l'hôpital faute de pouvoir bénéficier d'opérations chirurgicales pourtant indispensables à leur rétablissement. C'est la raison pour laquelle nous avons pris contact avec des médecins qui travaillent toujours en Irak, malgré les menaces dont ils font l'objet. Ceux-ci nous envoient régulièrement les dossiers de patients qui ne peuvent être correctement soignés en Irak, et qui continuent de souffrir depuis parfois plusieurs années.
L'autre volet du projet consiste à fournir du matériel et des médicaments à différents hôpitaux de Bagdad, afin de les aider à faire face à l'afflux des blessés.
Si nous sommes aujourd'hui sur la bonne voie, c'est un effort que nous devons maintenir en permanence. Mais avant tout, Il fallait s'assurer d'un plateau technique et d'un dispositif permettant de prendre en charge avec succès des victimes gravement blessées. Les blessures des patients que nous recevons à Amman sont en effet très complexes. Elles nécessitent souvent plusieurs interventions, plusieurs mois de séjour à Amman, et des ressources humaines conséquentes pour aider les patients au quotidien.
Entre les actes chirurgicaux et la réhabilitation des patients, c'est tout un arsenal de soins qu'il fallait mettre en place. En ce sens le pari est gagné.
Nous tentons aussi d'améliorer les soins prodigués aux blessés, en essayant d'atténuer leur douleur psychique, en augmentant le nombre de kinésithérapeutes, ou encore en portant une attention particulière aux nombreuses infections, dues à une mauvaise prise en charge dans les hôpitaux irakiens. Suite à la demande d'un certain nombre de nos collègues toujours présents en Irak, nous avons également prévu d'organiser des sessions de formation à Amman, afin de les aider à mieux répondre aux urgences dans les hôpitaux.
Mais après un an d'activités, si je ne devais retenir qu'une chose, c'est la réussite de ces opérations chirurgicales très complexes et le soulagement des familles des patients qui, une fois rentrés en Irak, peuvent à nouveau accomplir les gestes simples de la vie quotidienne : manger, se laver, ou encore marcher de façon autonome. Un dernier chiffre témoigne de cette réussite : aujourd'hui, grâce à la confiance de nos collègues irakiens et au bouche à oreilles, 250 patients irakiens figurent sur une liste d'attente, dans l'espoir de franchir la frontière et de venir se faire soigner dans ce programme.