Vue du préau du GR1 à Marseille, une structure dans laquelle les équipes MSF travaillent.

Vue du préau du GR1 à Marseille, une structure dans laquelle les équipes MSF travaillent.

 

© Benoît Guillaume

Des nuits sans sommeil

À Marseille, l’abandon des mineurs non accompagnés en recours

Quelque 300 adolescents vivent actuellement à Marseille dans l’attente de la reconnaissance de leur minorité par un juge. Alors qu’ils devraient bénéficier d’une prise en charge par l’État au nom du principe de présomption de minorité, ces jeunes sont abandonnés par les pouvoirs publics. À la rue, sans protection ni prise en charge digne et adaptée à leurs vulnérabilités, ils paient le prix des politiques de non-accueil en France qui aggravent leur santé mentale et physique

Une dizaine d’adolescents vaquent à leur occupation dans le préau de cet ancien centre logistique, situé à quelques centaines de mètres du stade Vélodrome. Il est 10 heures du matin et certains aident à la préparation des repas qui seront servis ce jour-là, quand d’autres boivent encore un thé ou un chocolat chaud. Ils ont parfois traversé toute la ville pour rejoindre leurs amis et passer la journée au GR1, un centre d’accueil de jour dédié aux mineurs non accompagnés.

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À Marseille, l’abandon des mineurs non accompagnés en recours

Des adolescents se reposent un matin au GR1 à Marseille. 

© Benoît Guillaume

La structure, qui fête sa première année, a été créée par plusieurs associations partenaires : Médecins Sans Frontières (MSF), Yes we camp, Just, le Secours catholique – propriétaire du lieu – et la Ligue de l'enseignement. « Le GR1 accueille jusqu'à 80 jeunes par jour, qui ont ainsi accès à des cours de français, des d’activités ludiques, un accompagnement juridique ainsi que des soins de santé y compris psychologiques assurés par MSF. Pour ces ados, chaque journée passée au GR1 est une journée de moins passée à la rue et une chance de plus de se reconstruire », explique Pierre Baglin, coordinateur de projet pour MSF.

Des adolescents participent à un cours de dessin avec une bénévole du GR1.

Des adolescents participent à un cours de dessin avec une bénévole du GR1.

 

© Benoît Guillaume
Chapitre

Refus de minorité

Bakary*est arrivé de Côte d'Ivoire il y a quelques mois. Il a 17 ans et vient chaque fois qu’il peut au GR1, notamment pour suivre les cours de danse. Ces séances sont pour lui l’occasion de se concentrer et de se dépenser, avec le soutien d’un professeur bénévole. Le jeune homme est lucide sur ce qu’il vient chercher dans ce cours : « Ce n'est pas que la danse qui compte, mais celui qui vient te l’enseigner, explique l’adolescent. S'il est content de ce que tu fais, tu commences à gagner en confiance. Il nous donne de la confiance et de la joie. » Le visage de Bakary devient plus grave quand il évoque son pays d’origine. Sa mère est décédée lorsqu’il était en bas âge et son père l'a abandonné quand il avait six ans.

Des bénévoles proposent des activités ludiques aux adolescents présents au GR1 et notamment de la danse.

Des bénévoles proposent des activités ludiques aux adolescents présents au GR1 et notamment de la danse.

© Benoît Guillaume
Des bénévoles proposent des activités ludiques aux adolescents présents au GR1 et notamment de la danse.

Nombre d’adolescents du GR1 étaient dans une situation familiale compliquée avant de prendre la route, orphelins, enfants des rues ou encore victimes de violences. « Ces enfants ont pu souffrir physiquement ou psychologiquement, aussi bien dans leurs pays d’origine que pendant leur parcours, précise Léa Janvier, psychologue MSF. Nos équipes ont pu constater des symptômes récurrents chez les mineurs non accompagnés : insomnies, cauchemars, maux de tête, mais aussi troubles de stress post-traumatiques et anxieux, dépression, voire des pensées suicidaires. » 

Évoquer leurs origines ou leur parcours n’est pas une tâche évidente pour ces jeunes. Ils ont emprunté des itinéraires différents, certains passant par la Libye, bien malgré eux, vendus par des passeurs à des trafiquants d’êtres humains, ou par la Tunisie, réussissant à monter à bord d’une embarcation à destination des côtes européennes. La plupart sont arrivés par l’Italie, quand d’autres sont entrés en Europe par l’Espagne via le Maroc et l’Algérie. Chaque trajet a comporté sa part de risque, de violence et de souffrances – jusqu’à et y compris leur arrivée en France.

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De nombreux adolescents du GR1 sont passés par la Libye où ils ont été victimes de maltraitance ou de torture en détention.

De nombreux adolescents du GR1 sont passés par la Libye où ils ont été victimes de maltraitance ou de torture en détention.

© Benoît Guillaume

« Beaucoup ont vécu des événements traumatiques, dans les centres de détention libyens par exemple, où la torture est courante, ou en traversant la Méditerranée, avance Léa Janvier. Certains ont perdu, parfois de manière violente, une ou plusieurs des personnes avec qui ils voyageaient, que ce soit un ami ou un membre de leur famille. Ils ont frôlé la mort et doivent vivre avec cela. » 

Bakary ne s’explique pas vraiment son départ de Côte d’Ivoire. Il a suivi des amis qui partaient à l’aventure. Pour un adolescent, faire demi-tour et traverser à nouveau le désert peut s'avérer plus compliqué que d’aller de l’avant. « On a pris la mer en Tunisie. Peu de temps après le départ, le conducteur nous a dit qu’il n’y avait plus d’essence, se remémore le jeune homme. Le bateau commençait à couler. Les personnes les plus solides sont descendues dans l’eau pour essayer de faire avancer le bateau en nageant. On n’avançait pas. Au bout du quatrième jour, je me disais que c’était fini pour moi, parce qu'il n’y avait aucune embarcation en vue. Tout le monde pleurait. Puis des pêcheurs sont venus nous secourir. »

De nombreux des adolescents présents au GR1 sont originaires d'Afrique de l'Ouest et sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée.

De nombreux mineurs non accompagnés présents au GR1 sont originaires d'Afrique de l'Ouest et sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée.

© Benoît Guillaume
De nombreux des adolescents présents au GR1 sont originaires d'Afrique de l'Ouest et sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée.

Ces adolescents partagent de nombreux points en commun, parmi lesquels le refus de minorité par les autorités départementales, après une évaluation considérée comme partiale, voire à charge, par les associations qui soutiennent les mineurs non accompagnés, dont MSF. Pour beaucoup, l’évaluation elle-même et son résultat sont vécus comme une énième violence. 

« J'avais l'impression d'avoir un ennemi en face de moi, une personne qui était là pour m'intimider, explique Alpha, 17 ans, originaire de Guinée. Elle pouvait me poser trois questions sur le même sujet, mais de manière différente pour que je dérape. Je venais de traverser la Méditerranée, je n'étais pas bien dans ma tête. Elle voulait connaître le mode de vie de mes parents pour pouvoir me juger. Ton père a combien de femmes ? Il fait quoi ? C'est quoi sa vie ? Il fait quel travail ? Ça n'avait rien à voir avec moi. Moi, je suis un jeune qui a traversé la Méditerranée, mes parents n'ont rien à voir avec ce que je vis là maintenant. »

La quasi-totalité des adolescents présents au GR1 ont passé une évaluation de minorité et ont reçu un résultat négatif.

La quasi-totalité des adolescents présents au GR1 ont passé une évaluation de minorité et ont reçu un résultat négatif.

© Benoît Guillaume
La quasi-totalité des adolescents présents au GR1 ont passé une évaluation de minorité et ont reçu un résultat négatif.

Cette violence institutionnelle est d’autant plus dure à encaisser pour ces jeunes qu’ils étaient persuadés d’être enfin à l’abri en France, après des mois de voyage et d’errance. « Après le refus de minorité, ils sont bouleversés, encore plus qu’ils ne l’étaient avant. Ils se disaient qu’une fois arrivés, tout se passerait bien, qu’ils arriveraient à avoir des papiers, à aller à l’école et à avoir une situation, explique Léa Janvier. Ils se retrouvent en fait face à un système qui vient mettre en doute leur âge et leur histoire et ils sont dans une incompréhension totale. Il y a une confrontation brutale avec la réalité dans laquelle viennent se briser leurs attentes et leurs rêves. »

Un mineur non accompagné dans une rue de Marseille.

Un mineur non accompagné dans une rue de Marseille.

 

© Benoît Guillaume
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Mis à la rue

Comme beaucoup de mineurs non accompagnés, Alpha est arrivé à Marseille en train, à la gare Saint-Charles. « J’ai pris un train sans savoir qu’il fallait un titre de transport, se souvient le jeune homme. Un monsieur avec une casquette et une cravate m’a demandé de descendre à l’arrêt suivant, en menaçant d’appeler la police. L’arrêt suivant, c'était la gare Saint-Charles. Je suis resté cinq jours là-bas, parce que je ne savais pas où aller. Je dormais à la gare. Je me suis rapproché des associations qui distribuaient des repas aux sans-abris et j’ai expliqué ma situation. C’est comme ça que je suis resté à Marseille. »

Vue de la gare Saint-Charles à Marseille.

Vue de la gare Saint-Charles à Marseille.

© Benoît Guillaume

Saint-Charles est un lieu d’arrivée, de transit et de squats. On y trouve une population mélangée de voyageurs et de travailleurs, mais aussi de petites mains du trafic de stupéfiants qui tentent d’y écouler leur marchandise. « Le premier lieu d'errance et de galère à Marseille, c'est la gare Saint-Charles, explique Pierre Baglin. Pour beaucoup de gens, Saint-Charles, c'est tout simplement un lieu de vie, avec des tentes, des campements informels, qui durent plus ou moins longtemps avant d’être démantelés par la police puis qui se reforment. C’est un lieu de sociabilisation et c’est aussi un lieu qui expose ces personnes aux réseaux criminels, aux dangers et à la violence de la rue. »

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L’expulsion d’un squat à Marseille. De nombreux mineurs non accompagnés sont obligés de dormir à la rue ou dans des squats.

L’expulsion d’un squat à Marseille. De nombreux mineurs non accompagnés sont obligés de dormir à la rue ou dans des squats.

© Benoît Guillaume

Arrivé lui aussi à Marseille, Demba, 17 ans, originaire de Guinée-Bissau, a été rapidement orienté vers l’Addap13, l’organisme qui gère l’évaluation de minorité pour le département des Bouches-du-Rhône. Il a pu être hébergé dans un hôtel les jours précédant son rendez-vous officiel, avant que le couperet ne tombe. « J’ai fait l’évaluation puis j’ai eu le résultat : refusé. On m’a dit que je n’avais aucune preuve. Ensuite, on m’a donné un papier m’expliquant que je pouvais faire un recours si je voulais. On m’a dit de quitter l’hôtel. J’ai demandé où je pouvais dormir. On m’a répondu que je n’avais qu’à dormir dehors. »

Portraits d'adolescents du GR1.

Portraits d'adolescents du GR1.

© Benoît Guillaume
Portraits d'adolescents du GR1.
Portraits d'adolescents du GR1.

Face à cet abandon organisé, le réseau associatif local tente de pallier les carences de l’État français. Après s’être retrouvé une nouvelle fois à la rue, Demba a ainsi pu bénéficier de repas offerts par des bénévoles et un avocat l’a aidé à déposer un recours auprès des tribunaux. « Il y en a pour qui ça a été traumatique de se retrouver quelques nuits à la rue, déplore Léa Janvier. J'ai des jeunes qui me racontent le froid, la nécessité de devoir faire les poubelles pour trouver à manger, de ne pas savoir à qui faire confiance. »

Des adolescents déjeunent au GR1. Certains participent à la préparation des repas et ils s’occupent tous de mettre de débarrasser la table.

Des adolescents déjeunent au GR1. Certains participent à la préparation des repas et ils s’occupent tous de mettre et de débarrasser la table.

© Benoît Guillaume

La seule solution qui leur est proposée par les autorités pour éviter de dormir dehors est l’hébergement d’urgence du 115. Ils se retrouvent alors à partager des espaces avec des adultes qu’ils ne connaissent pas et qui souffrent parfois de troubles lourds ou d’addictions. Bakary évoque spontanément ses nuits sans sommeil dans une chambre d’hôtel attribuée par les services du 115, des résidents hurlant toute la nuit, d’autres faisant leurs besoins dans des parties communes devenues insalubres.

Portraits d'adolescents du GR1.

Portraits d'adolescents du GR1.

© Benoît Guillaume
Portraits d'adolescents du GR1.

 

 

« Je dois appeler le 115 tous les 15 jours pour obtenir le renouvellement de mon hébergement, explique Souleymane, 17 ans, originaire de Côte d’Ivoire. Si je ne suis pas renouvelé, je dois quitter l’hôtel et retourner à la rue. Cette situation me pèse. La nuit du 14ᵉ jour, je n'arrive pas à dormir, parce que je ne sais pas ce qu'on va me dire le lendemain. »  

Ballotés d’hôtel en hôtel, sans garantie de pouvoir rester, parfois remis brusquement à la rue, les mineurs non accompagnés en recours qui vivent à Marseille depuis plusieurs mois souffrent de cette situation. « Certains ont déjà été hébergés dans six lieux différents en l'espace de quelques mois, explique Léa Janvier. Ils ne savent jamais combien de temps ils vont pouvoir rester. Ils sont encore en situation de rue, même si certains ont un toit. »

Des adolescents jouent aux cartes au GR1.

Des adolescents jouent aux cartes au GR1.

© Benoît Guillaume
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L’errance et la justice

Après la réponse négative du département des Bouches-du-Rhône, qui gère l’aide sociale à l’enfance, ces adolescents n’ont qu’une seule issue pour faire valoir leurs droits : saisir le juge des enfants. Soumis au temps long de procédures administratives et judiciaires qui peuvent durer plus d’une année, ils attendent fébrilement. Chaque jour qui passe les rapproche de leur majorité. « Plus le temps avance, plus tu penses, s’inquiète Bakary. Et à un moment, tu penses trop. Et quand on pense trop, ça te rend fou. Tu peux perdre la tête. » Durant toute la période du recours, et malgré leur vulnérabilité liée à leur âge, les mineurs non accompagnés n’ont aucune protection de la part des autorités françaises. Pourtant, il existe un principe de présomption de minorité, défendu par le Comité des droits de l’enfant de l’Onu, que la France ne le respecte pas.

Les mineurs non accompagnés du GR1 peuvent accéder à des activités ludiques (console de jeu, ping-pong, etc.) ou participer à des activités éducatives, comme des leçons de français.

Les mineurs non accompagnés du GR1 peuvent accéder à des activités ludiques (console de jeu, ping-pong, etc.) ou participer à des activités éducatives, comme des leçons de français.

© Benoît Guillaume
Portraits d'adolescents du GR1.
Portraits d'adolescents du GR1.

Face à un système sur lequel ils n’ont aucune prise, plusieurs jeunes de Marseille se sont mobilisés et ont occupé l’église Saint-Ferréol, sur le Vieux-Port, en juillet 2024. C’est à ce moment-là qu’est né le collectif Binkadi, qui regroupe une cinquantaine de mineurs non accompagnés, et dont Souleymane est l’un des membres : « Ce qu’on veut avec Binkadi, c’est que l'État et le département prennent leurs responsabilités, qu’ils ne mettent pas les jeunes à la rue. On est des enfants. On est des êtres humains. Ce n’est pas humain de dormir dans le froid. »

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Vue de la basilique Notre-Dame de la Garde depuis le Vieux-Port de Marseille. 

Vue de la basilique Notre-Dame de la Garde depuis le Vieux-Port de Marseille. 

© Benoît Guillaume

L’occupation a eu lieu dans un quartier touristique de Marseille en pleine période des Jeux olympiques. Les adolescents ont été rapidement orientés vers des hôtels. « On a compris qu’il n’y avait pas de problème de places d’hébergement, explique Souleymane, qui dormait jusque-là dans un squat ou dans la rue avec plusieurs amis. Cela m’a fait mal de savoir cela, que ce n’est pas un problème de moyens. » 

La rue expose également les mineurs non accompagnés aux dangers liés à la criminalité. « Marseille est marquée par cette présence des réseaux de trafic de stupéfiants, de prostitution ou de crime organisé, développe Pierre Baglin. De plus en plus de jeunes sont soumis à la tentation de les intégrer afin d’obtenir des moyens de subsistance. Ils sont dans une situation de faiblesse et de vulnérabilité et les personnes qui gèrent ces réseaux l’ont bien compris. »

Des mineurs non accompagnés lors d'une consultation juridique (à gauche) et d'un cours de français (à droite) au GR1 à Marseille.

Des mineurs non accompagnés lors d'une consultation juridique (à gauche) et d'un cours de français (à droite) au GR1 à Marseille.

© Benoît Guillaume
Portraits d'adolescents du GR1.

Face à l’errance et à la violence de la rue, le GR1 propose un lieu sécurisant où les adolescents peuvent enfin laisser libre cours à la fantaisie de leur jeunesse : jouer aux cartes ou à la console, suivre des cours de danse comme Bakary et bien sûr apprendre. Les cours de français langue étrangère sont très suivis, à chaque session la classe est pleine. Souleymane y participe pour aider ses camarades.

Plusieurs adolescentes fréquentent le GR1 (à gauche). Les mineurs non accompagnés peuvent accéder à des consultations médicales, assurées par les équipes MSF. 

Plusieurs adolescentes fréquentent le GR1 (à gauche). Les mineurs non accompagnés peuvent accéder à des consultations médicales, assurées par les équipes MSF. 

© Benoît Guillaume
Portraits d'adolescents du GR1.

La cuisine joue aussi un rôle central et permet aux jeunes de participer aux activités en petit comité et de s’ouvrir progressivement aux autres. « Au GR1, ils sont tous traités de la même manière, sans rapport de supériorité ou de domination, personne n’est mis de côté, explique Nadia Khallouki, coordinatrice alimentaire au GR1 pour l'association Yes We Camp. Et surtout, ils sont décisionnaires dans tout ce qu’il se passe dans ce lieu : on fait des conseils de maison une fois par mois, pour voir ce qui va, ce qui ne va pas, ce qu'ils aimeraient pouvoir faire comme activités ou comme projets. C'est un lieu dans lequel ils se sentent actifs. » 

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Les équipes de la cuisine du GR1 préparent le repas. Elles sont souvent aidés de plusieurs adolescents.

Les équipes de la cuisine du GR1 préparent le repas. Elles sont souvent aidées de plusieurs adolescents.

© Benoît Guillaume

En attendant de savoir si la justice leur donnera raison, avant de retourner dans leurs hébergements précaires, ces jeunes sont attablés au milieu du préau et profitent tous ensemble d’un repas chaud. Les visages s’ouvrent et les langues se délient pour parler de tout et de rien. « Ici, je me sens en famille, conclut Souleymane. On est bien accueillis, comme si on vivait avec nos pères et nos mères. Ça nous fait aussi oublier la solitude. Le GR1 nous fait oublier cela. »  

* Les prénoms ont été modifiés pour protéger l’anonymat des témoins.

 

Notes