Vacciner contre la rougeole en cas d'épidémie est efficace mais peu pratiqué car toujours pas recommandé par l'OMS.
Communiqué de presse
L'absence de recommandation ouvrant la possibilité de vacciner massivement en cas d'épidémie de rougeole ralentit les progrès contre cette cause de mortalité majeure en Afrique. A l'occasion de la 55ème réunion annuelle de la Société Américaine de Médecine Tropicale et d'Hygiène (ASTMH), à Atlanta, Médecins Sans Frontières appelle de nouveau l'OMS à revoir sa politique sur le sujet. La vaccination pendant une épidémie permet de réduire le nombre de victimes de la rougeole.
« Nous savons que nous avons le temps d'intervenir durant une épidémie de rougeole et le vaccin est efficace quelques jours seulement après l'injection », explique Rebecca Grais, épidémiologiste à Epicentre. « Malheureusement, l'absence de recommandation de l'OMS pour promouvoir la vaccination en cas d'épidémie est un lourd handicap pour une intervention d'urgence efficace. »
Alors que depuis deux ans s'accumulent les preuves de l'efficacité d'une vaccination de masse en milieu ouvert urbain au début d'une épidémie, l'OMS n'a toujours pas modifié ses recommandations. Au printemps dernier, après plusieurs mois de discussions avec des experts dont ceux de MSF et Epicentre, l'organisation semblait se décider à avancer enfin sur la question mais, à ce jour, cela ne s'est toujours pas concrétisé. Les conséquences sur le terrain sont tangibles : nombre de pays confrontés à une épidémie de rougeole n'acceptent d'intervention que sur le traitement des malades et refusent la vaccination de la population à risque. MSF n'a pas été autorisé à vacciner au Nigeria, en 2005. Et il a fallu attendre plusieurs semaines avant de lancer une campagne de vaccination au Tchad en 2005.
« Bien que la mortalité liée à la rougeole soit en nette diminution suite aux progrès de la vaccination routinière, le bilan de cette maladie est toujours intolérablement élevé », déclare le docteur Philippe Guérin, d'Epicentre. « Les avancées ne doivent pas masquer l'ampleur des efforts qui restent à accomplir en cas d'épidémie. Nous parlons d'un vaccin qui coûte 23 centimes d'euro la dose. »
La rougeole reste une cause majeure de décès en Afrique et le cycle des épidémies se poursuit. Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, les complications fréquentes et la létalité très élevée. Le risque de mortalité reste important pendant douze mois après la maladie.