Syrie : "Nous devons - et nous pouvons - trouver d'autres solutions"

Camp de réfugiés syriens de Domiz en Irak où travaille MSF.
Camp de réfugiés syriens de Domiz, en Irak, où travaille MSF. © Pierre-Yves Bernard/MSF

Le Dr Mego Terzian, président de MSF, a tenu aujourd'hui un discours sur la situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins à l'occasion de la conférence des donateurs pour la Syrie organisée par les Nations-Unies.

Six mois après la première conférence internationale des donateurs pour la Syrie, l'assistance humanitaire n’est pas à la hauteur de la situation. Les conditions de vie et de sécurité se sont détériorées considérablement. La population vivant dans les zones contrôlées par des groupes d'opposition n’a pratiquement pas accès à l'aide internationale officielle. Un peu partout dans le pays, des personnes sont piégées dans des enclaves, cernées par des combats intenses, où  pratiquement aucune aide ne peut arriver.

Alors que l'attention internationale se concentre sur les armes chimiques, nos équipes sur le terrain constatent que ce sont surtout les bombardements, les conséquences du déplacement de millions de personnes, le ciblage et l'effondrement du système de santé syrien qui causent le plus grand nombre de décès.

Nous pouvons témoigner des besoins immenses dans le nord de la Syrie où MSF travaille dans cinq hôpitaux situés dans des zones contrôlées par les rebelles. Cette année déjà, nous avons effectué des milliers d'interventions chirurgicales, nous avons vacciné près de 70 000 enfants contre la rougeole et aidé pour l’accouchement de presque un millier d’enfants, car  les femmes n’ont pas accès aux soins maternels. Nous offrons des traitements contre la leishmaniose cutanée et la fièvre typhoïde, ainsi que contre d'autres maladies transmissibles et des maladies chroniques telles que l'hypertension et le diabète.

Cependant, au regard de l'ampleur des besoins, ce que fait MSF reste extrêmement limité. La plupart de l’aide est apportée via des réseaux de solidarité syriens, mais ceux-ci ont du mal à faire face à des besoins médicaux massifs. Leur assistance médicale est axée principalement sur les soins aux blessés de guerre.

Mais que dire des femmes enceintes ? Et des malades? Les réseaux médicaux syriens ont besoin de davantage de soutien.

Sur le plan médical, il est impératif de répondre aux besoins de santé essentiels où qu'ils soient.

Nous sommes des médecins et des infirmières qui nous efforçons de répondre à ces besoins de manière impartiale. Toutefois, en l’état actuel des choses, nous ne pouvons pas travailler au maximum de nos capacités.

L'aide médicale est ciblée. Les Syriens risquent aujourd’hui leur vie quand ils cherchent à accéder à des soins de santé et quand ils en dispensent.

Nous négocions l'accès avec toutes les parties, mais nous n'avons pas encore reçu l'autorisation officielle de travailler en Syrie.

Les restrictions à l’acheminement de l'aide dans le pays se multiplient. Le personnel humanitaire qui traverse les lignes de front risque d'être tué ou enlevé.

Et si l'aide arrivant par les pays voisins est stoppée, ce sera une voie d’aide vitale pour la Syrie qui disparaîtra  Des millions de Syriens se retrouveront sans soins médicaux.

Les pays voisins doivent continuer à laisser passer en Syrie les médicaments essentiels, le matériel médical ainsi que le personnel médical.

Les frontières doivent également rester ouvertes pour permettre aux réfugiés de s’enfuir. En Irak, le dernier poste frontière qui était ouvert à Rabi'a, est maintenant fermé. Des milliers de personnes sont bloquées à l'intérieur de la Syrie, le long d'une frontière fermée sur plus de 800 kilomètres.

Dans les pays limitrophes de la Syrie, les équipes MSF voient des hôpitaux surpeuplés et constatent les difficultés d'accès aux soins de santé pour les réfugiés ainsi que pour un nombre croissant de résidents. L'aide officielle est, par exemple, en diminution au Liban, alors que des dizaines de milliers de réfugiés n'ont pas encore été enregistrés par l'Organisation des Nations Unies. Sans enregistrement, ces personnes n’ont pas droit à la plupart des aides, y compris aux services de santé.

Un effort financier international est essentiel, dès maintenant, pour soutenir les services de santé publique dans les pays d'accueil et pour améliorer les conditions de vie des réfugiés.

Tous les acteurs présents ici aujourd'hui détiennent la clé pour accroître l’aide vitale en Syrie, partout où il y a des besoins, et améliorer les conditions de vie des réfugiés. Or la réalité est que le système de l'aide internationale officielle ne fonctionne pas.

Nous devons - et nous pouvons - trouver d'autres solutions.

Les donateurs doivent accroître les financements via les canaux de l'aide à même de fournir une aide humanitaire efficace, même si ces canaux ne font pas partie du système officiel de l'aide.

Les pays voisins doivent alléger les procédures administratives afin de faciliter l'acheminement de l'aide d'urgence.

Enfin, il faut rappeler que les belligérants ne doivent pas attaquer les structures de santé et doivent respecter la sécurité des convois humanitaires.  Toutes les victimes du conflit doivent pouvoir accéder à l’aide humanitaire, que celle-ci soit acheminée au travers des lignes de front ou via les frontières des pays limitrophes.

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