RDCongo - Une vaccination MSF sert d’appât lors d’une attaque inacceptable contre des civils

Sept sites de vaccination de Médecins Sans Frontières (MSF) où des milliers de civils s'étaient rassemblés ont été pris sous le feu d'attaques de l'armée congolaise contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) au Nord Kivu en R
© Miguel Cuenca - mai 2009

Sept sites de vaccination de Médecins Sans Frontières (MSF), où des milliers de civils s'étaient rassemblés, ont été pris sous le feu d'attaques de l'armée congolaise contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) au Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). MSF dénonce ce qui est manifestement une utilisation inacceptable de l'aide humanitaire à des fins militaires.

En appui au ministère de la Santé, MSF a lancé une campagne de vaccination de masse dans le territoire de Masisi en réponse à une épidémie de rougeole. Le 17 octobre 2009, les équipes médicales de MSF vaccinaient des milliers d'enfants à Ngomashi et Kimua, des zones alors contrôlées par les FDLR.

Alors que toutes les parties au conflit avaient donné des garanties de sécurité à MSF pour vacciner à ces endroits et à ce moment, l'armée nationale congolaise a lancé des attaques sur chacun des sept sites de vaccination.

L'ensemble des personnes venues faire vacciner leurs enfants ont fui d'intenses combats sans que l'on sache aujourd'hui où elles se trouvent ni comment les vacciner. Les équipes MSF ont dû stopper leurs activités dans ces zones et ont été évacuées vers la ville de Goma.

« Nous avons le sentiment d'avoir servi d'appât », explique Luis Encinas, responsable des programmes de MSF en RDC.

« Les attaques ont coïncidé avec le début de la vaccination et des milliers de personnes, ainsi que les équipes MSF, ont été prises au piège des tirs. Cette attaque représente un risque extrême pour la vie des populations civiles. De plus, il s'agit d'une utilisation des actions humanitaires pour servir des objectifs militaires. Comment MSF sera-t-elle désormais perçue par la population ? Nos patients se sentiront-ils encore en sécurité ? Nous n'avons d'autre choix que de dénoncer cette situation avec force car notre neutralité est compromise. »

MSF est une organisation humanitaire médicale indépendante qui apporte des soins médicaux sans discrimination et dans le strict respect du principe de neutralité. Cette neutralité a permis aux équipes MSF de vacciner dans ces zones contrôlées par les FDLR, inaccessibles jusqu'alors au personnel du ministère de la Santé.

Plus généralement, les derniers mois ont été marqués par une augmentation des attaques contre les organisations humanitaires par différents groupes armés au Nord et au Sud Kivu.

« MSF demande à toutes les parties au conflit de respecter le travail des organisations humanitaires », ajoute Meinie Nicolai, directrice des opérations de MSF. « Sinon, ce sont les populations qui en paient les conséquences. Déjà accablées par des violences extrêmes et les déplacements incessants, elles risquent aujourd'hui de se retrouver coupées de l'aide humanitaire. »


165.000 enfants âgés de six mois à 15 ans ont été vaccinés contre la rougeole au cours de cette campagne menée au mois d'octobre dans la région de Masisi. A Masisi, MSF appuie un hôpital, un centre de santé, mène des cliniques mobiles et des vaccinations. MSF apporte également des soins médicaux dans les territoires de Walikale, de Rutshuru et du Lubero, ainsi qu'en province du Sud Kivu. MSF travaille au Nord Kivu depuis 1992.

À lire aussi