MSF confirme l'état de famine en Angola à l'aide de nouvelles données

L'état de malnutrition des populations angolaises en provenance des zones de guerre est, selon Médecins Sans Frontières (MSF), parmi les plus inquiétants rencontrés en Afrique depuis les dix dernières années. Ces régions avaient été coupées de toute aide médicale et alimentaire depuis la reprise du conflit en 1998 et ne sont accessibles que depuis la signature récente des accords de paix.

Les déplacés qui arrivent à Kuito en provenance de Chitembo (dans le sud de la province de Bie) sont dans un état de malnutrition inquiétant. Les données les plus récentes font état d'un niveau de malnutrition globale aiguë de 26% et de 9% de malnutrition sévère, des chiffres bien au-delà du seuil d'urgence. Ces personnes sont maintenant admises dans les centres nutritionnels thérapeutiques gérés par MSF dans la ville de Kuito (1). Le niveau de malnutrition dans la province méridionale de Huambo est également alarmant. A Bunjei, à 116 km de Caala, l'équipe médicale a enregistré un taux de malnutrition sévère de 30%, alors qu'à Chilembo une enquête nutritionnelle rapide menée auprès de 1219 enfants de moins de 10 ans a révélé 42% de malnutrition globale et 10% de malnutrition sévère. Le nombre de décès (5-10/ 10.000 personnes/ par jour) est bien au-delà du seuil d'alerte (1-2 / 10.000/ par jour).

" Ces chiffres sont choquants. Ils ne représentent pourtant que le sommet visible d'une crise bien plus étendue qui ravage plusieurs régions du pays depuis la reprise du conflit. Les accords de paix à eux seuls ne peuvent pas améliorer la situation. Ils ont certainement permis à nos équipes d'urgence d'avoir accès aux populations dans le besoin, mais il faut une intervention internationale immédiate pour leur apporter de la nourriture et des médicaments sans délais ", a déclaré Koen Henckaerts, Directeur des Opérations de MSF à Bruxelles.

Cette urgence nutritionnelle en Angola est le résultat du manque d'accès pour les habitants de plusieurs régions à toute aide humanitaire et ce, depuis plusieurs années. Pendant la guerre, l'accès à ces régions était en effet fermé aux acteurs humanitaires. Elle est aussi la conséquence des stratégies militaires de chacune des parties du conflit: les résidents ont étés déplacés de force, leurs villages et maisons souvent brûlés car l'objectif des groupes belligérants était le contrôle des civils.

MSF reste convaincue qu'un effort international d'envergure est nécessaire pour faire face aux besoins de la population. Une équipe MSF composée de trois volontaires poursuit à présent une deuxième enquête auprès des déplacés de Chitembo. L'organisation humanitaire continue par ailleurs d'augmenter la capacité de ses centres nutritionnels en vue des prochains flux de déplacés en quête d'assistance et de nourriture.

Note aux rédacteurs :
La partie méridionale de la région de Bie est une des zones qui avaient étés coupées de toute aide humanitaire depuis la reprise du conflit en 1998. Depuis, c'est la première fois qu'une organisation humanitaire internationale peut avoir accès à Chitembo. D'importants besoins nutritionnels et médicaux ont aussi étés enregistrés dans le Nord de la province de Huila, à côté de la municipalité de Chitembo.

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