La population ivoirienne prise dans l’étau du conflit

D’une intensité croissante les affrontements armés conjugués au blocage politique ont de graves répercussions sur la population ivoirienne.
© Gaël Turine / VU

D’une intensité croissante, les affrontements armés conjugués au blocage politique ont de graves répercussions sur la population ivoirienne.

Paris, le 15 mars 2011. Médecins Sans Frontières s’inquiète de la dégradation de la situation en Côte d’Ivoire. Les affrontements armés d’une intensité croissante ces dernières semaines conjugués au blocage politique ont de graves répercussions sur la population ivoirienne.

Dans l’ouest du pays et à Abidjan, les combats provoquent de nouveaux déplacements de populations et les victimes de violences comme tous les patients ayant besoin de soins se heurtent à de grandes difficultés pour se faire soigner, du fait de l’insécurité mais aussi des ruptures d’approvisionnement en médicaments résultant des sanctions internationales.

A Abidjan, le quartier d’Abobo ne dispose que d’un hôpital fonctionnant normalement pour quelque deux millions d’habitants. La plupart du personnel de santé a déserté les deux autres hôpitaux de ce quartier en proie aux affrontements. Depuis fin février, Médecins Sans Frontières en collaboration avec le ministère de la Santé prend en charge les urgences dans l’hôpital d’Abobo Sud. « En l’espace de deux semaines, 129 patients, dont 81 souffrant de blessures par balle et à l’arme blanche, ont été reçus aux urgences, et 31 cas graves ont été opérés », observe le Dr Mego Terzian, responsable des urgences à MSF. MSF a de plus augmenté le nombre de lits d’hospitalisation, le faisant passer de 12 à 20, pour faire face à l’afflux de blessés. Cependant des patients ont peur de sortir dans la rue pour aller se faire soigner à l’hôpital. Les déplacements dans la ville sont difficiles avec les combats qui éclatent et les barrages que des jeunes armés de gourdin ou de machette érigent dans les rues. Autre conséquence de l’insécurité, beaucoup de gens prennent la fuite.

Ces dernières semaines à Abidjan se sont formés une vingtaine de camps de personnes déplacées où la situation sanitaire est incertaine. De même dans l’ouest du pays, les affrontements provoquent des mouvements de populations jusqu’au Liberia voisin où se trouvent plus de 82 000 réfugiés, dont 45 000 sont arrivés ces trois dernières semaines.

Depuis décembre dernier, les équipes de MSF sont présentes au Liberia ainsi que dans l’ouest de la Côte d’Ivoire où elles dispensent des soins de santé primaire, dans des structures de santé qui ont été abandonnées par une bonne partie du personnel médical et manquent de médicaments.

Par ailleurs, la récente recrudescence des combats entre les forces belligérantes a encore aggravé la situation des populations. En Côte d’Ivoire, des équipes de MSF dispensent des soins aux populations déplacées et résidentes dans les villes de Duékoué et Guiglo, et s’apprêtent à le faire à Bangolo et Zouan-Hounien. L’instabilité de la situation rend cependant difficile l’accès aux populations, notamment dans les zones proches de la ligne de front. « Dans ce contexte d’accès précaire aux soins et de déplacement de populations, l’accès de nos équipes est essentiel notamment pour effectuer un suivi épidémiologique », explique Renzo Fricke, coordinateur des urgences à MSF.

Le conflit armé n’est toutefois pas le seul obstacle aux soins pour les populations. Pour peser sur la crise politique, la communauté internationale a imposé des sanctions commerciales et financières qui, ajoutées aux difficultés de transport, provoquent des ruptures d’approvisionnement en médicaments et matériel médical. Dans plusieurs régions du pays, des structures de santé manquent de médicaments de base et aussi de traitements pour soigner des maladies chroniques ou aiguës, notamment pour faire des dialyses rénales. Les donations de médicaments et de matériel médical faites par MSF à diverses structures de santé revêtent donc une grande importance, mais elles ne peuvent suffire à pallier tous les besoins dans ce pays où la crise s’amplifie.

 


 

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