Aide alimentaire : Ne pas se tromper de cible une fois de plus !

Alors que les « émeutes de la faim » révèlent
l’ampleur des problèmes liés à l’accès à la nourriture le sort et les besoins
spécifiques de ceux qui meurent de faim sont à peine évoqués.
© Anne Yzebe / MSF

Alors que les « émeutes de la faim » révèlent
l’ampleur des problèmes liés à l’accès à la nourriture, le sort et les besoins
spécifiques de ceux qui meurent de faim sont à peine évoqués.

Les premières victimes de la faim sont des enfants en bas âge vivant essentiellement dans des zones rurales. Plus de 75% de ces décès surviennent dans quelques régions d’une vingtaine de pays.

Dans ces foyers sévères de malnutrition, les paysans qui nourrissent leur pays voient leurs propres enfants mourir de faim. Le nombre de décès est estimé entre 2 et 5 millions d’enfants. L’imprécision des estimations souligne le peu d’attention portée à la mise en place de mesures de santé publique qui permettraient d’éviter cette hécatombe.

L’aide alimentaire internationale n’intègre pas dans ses distributions de produits adaptés aux besoins spécifiques des moins de 3 ans. Pourtant c’est dans cette classe d’âge que se concentre l’immense majorité des morts par sous-alimentation.




Seuls 3% des enfants les plus sévèrement malnutris reçoivent une alimentation thérapeutique adaptée à leur état. La situation peut se résumer ainsi : les institutions de santé publique n’offrent qu’exceptionnellement un traitement de la malnutrition et, le plus souvent, celui-ci est d’une qualité médiocre. En effet, les traitements proposés incluent rarement des protéines animales et tous les micro-nutriments indispensables à la récupération nutritionnelle des enfants en bas âge.

Il est crucial de prendre des mesures qui accordent une place significative au traitement des jeunes enfants. Sinon, des millions d’enfants vont continuer de mourir chaque année
Le Dr Jean-Hervé Bradol

« Depuis plusieurs années, Médecins Sans Frontières alerte sur l’inefficacité des mesures internationales mises en œuvre pour lutter contre la malnutrition infantile, conduisant à de nombreux décès qui pourraient être évités, note le Dr Jean-Hervé Bradol, président de Médecins Sans Frontières.

Les Etats et les institutions internationales n’ont jamais eu la volonté politique d’offrir un traitement contre la malnutrition des jeunes enfants. Le problème a été abandonné au profit de mesures économiques inefficaces pour enrayer la dégradation de la situation. Aujourd’hui, il est crucial de prendre des mesures qui accordent une place significative au traitement des jeunes enfants. Sinon, des millions d’enfants vont continuer de mourir chaque année. »

Pourtant, une nouvelle génération d’aliments thérapeutiques pour la petite enfance a été récemment mise au point et, grâces à elles, de nouvelles approches de soins sont rendues possibles. Massivement utilisée au Niger à la suite de la crise de l’été 2005 (250.000 enfants traités en 3 ans), ces produits donnent des résultats jamais égalés dans l’histoire du traitement de la malnutrition infantile.

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