Yémen : nouvelle arrivée de migrants

F. 24 ans soignée par MSF à son arrivée sur une plage du Yémen. Après que les passeurs l'ont forcée à sauter du bateau loin de la côte elle a passé plusieurs heures dans l'eau.
F., 24 ans, soignée par MSF à son arrivée sur une plage du Yémen. Après que les passeurs l'ont forcée à sauter du bateau loin de la côte, elle a passé plusieurs heures dans l'eau. © Michael Goldfarb / MSF

Les équipes de MSF ont soigné 164 réfugiés arrivés le 1er décembre sur une plage du Yémen. Ils avaient embarqué deux jours plus tôt à bord d'un bateau de passeurs, au nord de la Somalie. Au moins 24 personnes sont décédées au cours du trajet. Leurs corps ont été ramassés sur la plage entre le 1er, et le 3 décembre.

Un total de 195 migrants avaient pris place à Bossasso - dans la région du Puntland au nord de la Somalie - à bord de deux bateaux surchargés.

Les passeurs les ont obligés à se jeter à l'eau à 400 mètres des côtes yéménites. Quelques-uns des survivants soignés par MSF souffraient de blessures par coups de couteau.

Les passeurs les avaient poignardés parce qu'ils refusaient de sauter du bateau si loin de la côte, là où ils n'avaient pas pied.

164 passagers de ces deux embarcations sont arrivés en vie, tandis que 24 corps ont déjà été ramassés sur la plage.

Parmi les survivants de ce groupe, 60% sont originaires d'Ethiopie, les autres de Somalie. Le 3 décembre, à nouveau, deux bateaux débarquaient environ 225 passagers.

Cette fois-ci, 83% étaient des Somaliens. 197 personnes ont reçu une assistance de MSF, les autres préférant fuir de peur d'être arrêtés par les autorités yéménites.




Des arrivées par bateaux entiers, déjà 350 morts en 2008
- De façon régulière, les migrants arrivent par bateaux entiers sur les plages du sud du Yémen.Les passagers sont en majorité des Somaliens qui fuient la guerre et les persécutions.

Certains, des réfugiés éthiopiens, déclarent aussi être partis pour échapper aux persécutions et à la violence dans certaines régions de leur pays.

Depuis le début de l'année, au moins 350 personnes sont décédées en tentant la traversée. Ce décompte sous-estime probablement la réalité, car certains corps sont perdus en mer et d'autres, ramenés sur les plages du Yémen par le courant, sont enterrés à la hâte par les villageois locaux qui ne les déclarent pas.

« Je ne sais pas où je suis, mais je voudrais aller au Yémen »
R., un garçon d'un an et demi, vient de la région Oromo, en Ethiopie.  Sa mère et sa tante, âgées de 24 ans et 20 ans respectivement, ont décidé de partir en quête d'une vie meilleure au Yémen.
A l'arrivée, R. atteint la plage dans les bras de sa tante.
Sa mère, portée disparue, est d'abord présumée décédée.
Mais sept heures plus tard un pêcheur yéménite la trouve, encore dans l'eau, miraculeusement en vie.


Elle raconte : « Le bateau débordait de monde. Nous n'avions ni eau, ni nourriture. Seuls les passeurs avaient de quoi boire et manger.  Si on bougeait, ils nous battaient. Quand quelqu'un mourrait à bord, ils le balançaient par dessus bord. J'ai vu quelqu'un être jeté à la mer. »


Vingt-quatre heures après l'épreuve de la traversée, cette femme est épuisée, confuse, et peut à peine marcher. «Hier, j'étais en pleine mer, murmure-t-elle. Je ne sais pas comment j'ai été sauvée. Je n'arrive à reparler que depuis aujourd'hui. Je ne sais pas où je suis, mais je voudrais aller au Yémen. »


Depuis le début de l'année 2008, les équipes de MSF au sud du Yémen ont pris en charge plus de 8 000 réfugiés arrivés par bateau. Les survivants reçoivent des premiers secours sur la plage, des vêtements secs, de l'eau et des aliments enrichis. Ils sont alors emmenés jusqu'au centre d'enregistrement des Nations unies à Ahwar, où MSF gère une clinique et un service d'orientation. MSF a débuté ce projet en septembre 2007.

En juin 2008, MSF a publié un rapport, intitulé "No Choice", qui documente les conditions de la traversée périlleuse du golfe d'Aden et appelle à renforcer l'aide fournie aux milliers de réfugiés, demandeurs d'asile et migrants qui fuient leurs pays d'origine.

Lire « No Choice », le rapport de MSF

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