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Territoires palestiniens : Prise en charge psychologique des enfants

Fresque murale  Bande de Gaza  2010
Fresque murale - Bande de Gaza - 2010 © Isabelle Merny

Du 24 au 28 avril dernier, une formation sur la prise en charge spécifique des enfants et des adolescents, destinée aux équipes de psychologues de Gaza et de Naplouse, a eu lieu à Amman en Jordanie. Hélène Thomas, coordinatrice des programmes de soins psychologiques MSF dans les Territoires palestiniens, a participé à ce séminaire.

Pourquoi avoir décidé d'amorcer cette réflexion autour des enfants et adolescents ?

Cela fait suite à une demande des psychologues des deux terrains, Gaza et Naplouse, dont 30 à 50 % des patients ont moins de 16 ans. Les conséquences psychologiques pour un adulte et un enfant qui auraient été confrontés au même traumatisme sont problématiques pour tout le monde bien sûr, quel que soit l'âge. Mais enfants et adolescents ont des symptômes de détresse psychologique très particuliers et spécifiques. Ainsi, l'énurésie est très fréquente alors qu'elle reste rare chez les adultes ; il y a aussi des problèmes d'apprentissage (de la lecture, de la parole), de concentration, de mémorisation et donc d'échec scolaire ; ou encore des comportements agressifs envers les autres (frères, sœurs, copains, camarades), des cauchemars...

Tous les psychologues ne sont pas forcément spécialisés en psychologie de développement et sont souvent plus habitués à la psychopathologie des adultes qu'à celle des enfants. Nos équipes souhaitaient donc suivre une formation spécifique à la prise en charge des plus jeunes, apprendre comment mieux répondre à leurs besoins et aussi échanger avec des psychologues travaillant sur d'autres terrains MSF, connaître leur contexte de travail - similitudes, différences - leur approche etc.

Quelles sont les problématiques psychologiques spécifiques aux Territoires palestiniens ?

Les jeunes patients que nous suivons à Gaza et Naplouse ont un proche emprisonné, assisté à des scènes violentes, y compris entre Palestiniens, à des tirs de roquette, vu des personnes blessées voire tuées sous leurs yeux, vécu des bombardements, la démolition de leur maison, subi des attaques de colons ou encore des incursions, en pleine nuit, de l'armée israélienne.

Beaucoup souffrent de troubles anxieux, de syndromes de stress post-traumatique chroniques ou de troubles de stress aigu plus ponctuels, de cauchemars, de flash-back, de phobies comme celle des chiens par exemple, car ils accompagnent souvent les soldats israéliens ...

Le mal être d'un enfant traduit très souvent un dysfonctionnement familial. Si l'enfant va mieux, la famille va mieux. Souvent, lorsque des parents consultent pour leur enfant et sont témoins de rapides progrès, ils demandent à leur tour à être pris en charge. Je me souviens d'une maman de 33 ans, qui nous avait amené son enfant énurétique. Au bout de quelques séances, au vu des résultats obtenus, elle a demandé à, elle aussi, être prise en charge pour énurésie, un problème qu'elle n'avait jamais osé avouer, dont elle avait honte. Le petit devient alors une porte d'entrée en thérapie pour l'adulte aussi.

Quel type de prise en charge psychologique proposer aux plus jeunes ?

Plusieurs types de suivi sont possibles : thérapie individuelle à partir de 4/5 ans ; en duo mère-enfant pour les plus petits ; ou familiale si le problème persiste et que l'état de l'enfant pourrait encore s'améliorer si la situation de l'ensemble de la famille s'arrangeait.

On n'utilise pas les mêmes outils thérapeutiques que pour les adultes. Un enfant est censé jouer donc on se sert de poupées, de figurines, de mises en scène, du dessin ou encore du jeu de rôle. De même, le psychologue doit adapter sa façon de s'adresser au patient, selon son âge. On doit également échanger et interagir avec les parents, même si ces derniers ne participent pas forcément à la séance.

Car un enfant dépend de ses parents et réagit à leur propre anxiété. Toute perturbation dans son environnement, va être susceptible de provoquer des manifestations d'une souffrance psychique. Ainsi, dans le cadre d'une thérapie mère-enfant, en travaillant avec celui qui prend le plus soin de l'enfant - la maman en général, mais ça peut aussi être le père, l'oncle, la tante, les grands-parents - on parvient à soigner des nourrissons/bébés qui seraient angoissés, qui refusent de s'alimenter, de dormir, refusent tout contact affectif, souffrent de manifestations somatiques comme des vomissements ou des régurgitations.

On obtiendra des résultats plus rapidement avec les enfants car ces derniers sont plus réceptifs, plus ouverts, moins encombrés de préjugés ou d'accumulation de traumatismes au fil des années. Dès la deuxième séance on peut déjà noter une amélioration chez les plus jeunes.

 

La prise en charge psychologique à MSF : une approche pluridisciplinaire

En considérant que l'individu est un ensemble psychique, physique et social, MSF essaye autant que possible d'avoir une réponse sur ces trois plans.

En ce qui concerne la prise en charge psy, nous utilisons des thérapies brèves (entre 10 et 15 consultations en moyenne), centrées sur certains objectifs à atteindre et utilisant des techniques particulières basées sur la parole, les thérapies cognitivo-comportementales, la relaxation, le jeu, le dessin, la pâte à modeler etc.

D'un point de vue médical, certaines pathologies (dépression, anxiété...) nécessitent un traitement médical qui doit être mené en même temps que la thérapie psychologique.

Enfin, il est important d'aider la personne à (re)créer un réseau social, à mener des activités, à effectuer certaines démarches administratives. C'est le rôle de nos assistantes sociales : mettre le patient en relation avec les structures concernées, que ce soit pour des papiers, un suivi en orthophonie, une association d'entraide, etc.



Bande de Gaza, consultation psy, 2010
© Isabelle Merny / MSF


Nouveau programme psy à Qalqilya en Cisjordanie

Du fait de leur proximité avec certaines colonies, et parce que l'armée israélienne y mène régulièrement des opérations, les villages du district de Qalqilya, voisin de celui de Naplouse, sont particulièrement exposés à la violence. Les évaluations menées par MSF ces deux dernières années ont conclu à de réels besoins en termes d'assistance psychologique. C'est pourquoi, en 2010, MSF a décidé d'ouvrir un programme de soins psychologiques sur la zone.

 

Vidéo 10 ans de présence continue et d'assistance MSF

 

Vidéo Portrait d'Eric Piel, psychiatre MSF


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