Tchad - Auprès des réfugiés centrafricains

Tchad mars 2006. Les équipes MSF vaccinent des enfants contre la rougeole.
Tchad, mars 2006. Les équipes MSF vaccinent des enfants contre la rougeole. © Philippe Latour/MSF

Depuis le début de l'année, près de 7 000 personnes ont fui leur villages en République centrafricaine. En quelques semaines, le village tchadien de Daha a vu sa population augmenter de 4 000 à plus de 10 000 habitants, et entre 60 et 100 réfugiés continuent d'affluer chaque jour. Les explications du docteur Fatouma Sidikou.
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Depuis le début de l'année, près de 7 000 personnes ont fui leur villages en République centrafricaine. En quelques semaines, le village tchadien de Daha a vu sa population augmenter de 4 000 à plus de 10 000 habitants, et entre 60 et 100 réfugiés continuent d'affluer chaque jour. Les explications du docteur Fatouma Sidikou.

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Le docteur Fatouma Sidikou faisait partie de la première équipe de MSF à se rendre sur place :

"Depuis le 30 décembre 2008, les premiers réfugiés de Centrafrique sont venus à Daha, suite à un combat, avec des villages brûlés. La population était obligée de se réfugier dans le village frontalier du Tchad en fait.

La plupart des réfugiés, qui sont des femmes et des enfants, n'ont vraiment pas grand chose. Ils vivent dans des conditions très précaires et ils n'ont rien.

Ils sont vraiment dans des habitations très très précaires, des petites cases confectionnées très rapidement en paille.

Ils ont au moins un incendie par jour. Ils ont des problèmes d'eau. La population réfugiée aussi bien que résidente s'approvisionne en eau au niveau du fleuve, au niveau des mares, ou alors ils creusent un petit trou de un mètre et demi et c'est par là qu'ils puisent l'eau de boisson.

 

Le troisième problème, le problème des latrines, le problème des déjections dans la nature, constitue un réel problème, si ça continue à côté des point d'eau, ça peut être un réel problème de santé publique à la longue.

Sur le plan économique, ils ont essayé quand même de s'organiser quand ils sont arrivés en attendant que l'aide de la communauté internationale soit disponible. Ils y en a qui vont couper du bois, il y en a qui pêchent les poissons, il y en a qui ont commencé le petit commerce. Et avec ça ils arrivent à gagner un peu d'argent et ils vont au marché acheter la nourriture. ils achètent la nourriture."

Suite à une première visite d'évaluation du Haut Commissariat au Réfugiés fin janvier, les organisations humanitaires sont intervenues.

"Les premiers arrivés, c'était MSF. On a commencé à travailler le 8 février au matin. On a commencé par l'accès à l'eau potable, par chlorer l'eau de boisson.

MSF a donné son appui au centre de santé de Daha avec des médicaments, avec la gratuité des soins, appuyé avec une tente par rapport aux patients à garder en observation. MSF a deux infirmiers qui sont sur Daha. Plus un médecin qui est parti ce matin pour renforcer l'équipe. Et puis, MSF se proposait de faire la vaccination rougeole, mais l'UNICEF est arrivé et voulait vacciner contre la rougeole couplée avec la poliomyélite.

La plupart des réfugiés, qui sont des femmes et des enfants, n'ont vraiment pas grand chose. Ils vivent dans des conditions très précaires et ils n'ont rien.
Le Dr. Fatouma Sidikou

Les organisations des Nations unies sont arrivées. Ils ont distribué de la farine, du CSB. Ils ont distribué des cuillères, des assiettes, des bidons pour l'eau. Ils ont distribué des nattes, du plastic sheeting. Et ils ont amené aussi des médicaments.
Pour l'instant l'aide est suffisante à Daha. Surtout du point de vue médicaments. Pour ce qui est de l'alimentation, effectivement le PAM et les autres acteurs humanitaires UNHCR, ils ont aussi apporté de la bouffe suffisante, parce qu'ils ont amené de la bouffe pour 10 000 réfugiés."


Même si l'installation sous des abris de fortune augmente le risque d'infections respiratoires, qui ont coûté la vie à quatre enfants depuis l'arrivée des réfugiés, Fatouma ne juge pas la situation trop préoccupante pour l'instant.


"Les problèmes de santé des réfugiés qu'on a vu, je ne dirais pas que c'est grave et inquiétant dans la mesure où compte tenu du nombre de cas enregistrés et du nombre de la population réfugiée et résidente, c'est pas du tout inquiétant.

Par rapport à la situation nutritionnelle, il y a très très peu de malnutris, donc la situation nutritionnelle n'est pas très inquiétante, pour l'instant. Mais bon, on ne sait pas ce que ça va donner.

Le problème c'est que c'est une ville qui va être entourée d'eau, qui va être coupée du monde pendant une bonne période, au moins quatre à cinq mois, là ça risque d'être un problème."

Avant que la saison des pluies ne commence, le Haut Commissariat aux Réfugiés envisage donc d'installer les réfugiés sur un nouveau site, plus facilement accessible, à proximité de la ville d'Am Timan.

"Le Haut Commissariat aux Réfugiés a ses raisons pour les déplacer. Justement par rapport à cette histoire d'eau qui entoure Daha pendant la saison des pluies.

Deuxième raison, les réfugiés sont quand même à la frontière avec leur pays, on peut considérer ça aussi comme danger pour pouvoir essayer de les éloigner de l'endroit. Je ne sais pas si les réfugiés seront d'accord. En tout cas des échos qu'on avait, la majorité n'est pas d'accord.

Pour les réfugiés, Daha constitue un lieu qui non seulement est assez proche de leur village, donc ils ne sont pas complètement dépaysés. Mais en plus, Daha a le fleuve, le fleuve leur permet d'avoir le poisson, qu'ils vendent. Et ils arrivent à se débrouiller avec ça. Le processus de relocalisation des réfugiés est encore en discussion.Les organisations par exemple comme Oxfam, ils ne veulent faire quoi que ce soit tant que cette question de la relocalisation n'est pas clarifiée. Je ne sais pas ce que ça va donner."

 

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