Sud de l'Europe - MSF fournit une assistance aux migrants

MSF travaille sur l'île de Lampedusa dans le sud de la Sicile depuis 2002. De janvier à août 2008 17 340 migrants sont arrivés sur l'île.
MSF travaille sur l'île de Lampedusa, dans le sud de la Sicile, depuis 2002. De janvier à août 2008, 17 340 migrants sont arrivés sur l'île. © Christian Sinibaldi

MSF travaille en Italie, à Malte et en Grèce pour fournir aux migrants qui arrivent aux frontières sud de l'UE par la mer des soins de santé et de l'aide médicale à leur arrivée, pendant leur détention, dans les centres ouverts et les centres fermés.

Italie

 

Aide médicale à l'arrivée - Île de Lampedusa

MSF travaille sur l'île de Lampedusa, dans le sud de la Sicile, depuis 2002. En 2008, le nombre de bateaux qui ont accosté à Lampedusa a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes.

De janvier à août, 17 340 migrants sont arrivés sur l'île, par rapport à 11 889 pour toute l'année précédente. La population a également changé considérablement par rapport aux autres années : de plus en plus de gens viennent de zones de guerre ou de pays touchés par la sécheresse, comme la Somalie, l'Érythrée et l'Éthiopie (33,5 %).

On observe aussi une forte augmentation du nombre de femmes (12 %) et d'enfants et de mineurs (8 %). MSF a également remarqué qu'il y a davantage de femmes enceintes parmi les passagers (151 depuis le début de l'année).

 

Compte tenu des dangers et de la rudesse des voyages en bateau, le besoin d'aide médicale aux premières étapes de l'arrivée a également augmenté (plus de 5,5 % des migrants qui viennent d'arriver ont besoin d'aide médicale par rapport à 3 % en 2006 et 2007), ainsi que l'occurrence de pathologies strictement liées aux conditions de voyage : on retrouve souvent les gens en état de choc, déshydratés, ou montrant des traumatismes ou des blessures liés au voyage.

Aujourd'hui, la présence d'une équipe médicale de MSF au port de Lampedusa pourrait être compromise par les problèmes de collaboration avec les autorités.

 

Accès à des projets médicaux à Naples et à Caserta, dans le Sud de l'Italie

MSF mène actuellement quatre missions ambulatoires publiques ainsi que des activités de proximité auprès des migrants sans papiers aux alentours de Naples et Caserta : Castelvolturno, San Cipriano, Villa Literno et Aversa. Depuis le début de l'année, les équipes médicales de MSF ont examiné près de 5 000 patients et ont renseigné les migrants sans papiers au sujet de leur droit à des soins de santé publique, en vertu de la loi italienne.

À la suite du meurtre de six migrants par la mafia locale le 6 septembre à Castelvolturno, des soulèvements et des manifestations violentes ont poussé les autorités à déployer 2 500 soldats dans la région. Par conséquent, MSF a augmenté les mesures de sécurité pour ses activités : les activités de proximité près de Castelvolturno ont été suspendues, alors que les cliniques ambulatoires sont toujours en opération.

 

Projet saisonnier sur les migrants - régions de Puglia et de Calabre

À la suite de la publication du rapport de MSF  "A season in hell" en janvier 2008 - dans lequel MSF dénonçait l'exploitation massive des migrants dans le sud de l'Italie et mettait en évidence leur manque d'accès aux soins de santé et leurs conditions de vie honteuses - deux protocoles d'ententes ont été signés avec les gouverneurs des régions de Puglia et de Calabre. Dans ces ententes, MSF demandait aux autorités locales d'adopter ses recommandations et de fournir à tous les migrants, quel que soit leur statut juridique, un accès adéquat à des soins de santé et à des logements.

Entre juin et septembre 2008, dans le district de Foggia, la région de Puglia a garanti l'ouverture de 21 cliniques ambulatoires publiques pour les migrants sans papiers et a installé 24 citernes d'eau et 70 toilettes et douches dans quatre endroits où vivent les travailleurs saisonniers de façon temporaire. En juillet dernier, MSF a distribué 1 400 trousses d'hygiène et a tenu des séances d'information sur l'hygiène auprès des collectivités de migrants fermiers. À Calabre, cependant, bien que la région ait formellement accepté de mettre en place la même intervention durant la saison agricole (entre novembre et avril) dans la région de Piana di Gioia Tauro, aucune réunion technique n'a été organisée à ce jour pour discuter de telles interventions.

 

Malte

Accès aux soins de santé pour les migrants de l'île de Malte

En juillet 2008, MSF a signé un protocole d'entente avec les autorités maltaises afin d'améliorer l'accès aux soins de santé des migrants suite à leur arrivée dans les centres de détention et les camps ouverts (établissements temporaires où les demandeurs d'asile et les réfugiés vivent et peuvent circuler librement alors qu'ils attendent un meilleur logement ou de faire partie d'un programme de rétablissement).

Depuis août, une équipe de MSF composée d'un médecin, d'un psychologue et d'un médiateur culturel a visité plus de 400 personnes venant d'arriver, la moitié d'entre elles en provenance de la Corne de l'Afrique. Les principales pathologies enregistrées par MSF sont, tel qu'à Lampedusa, directement reliées aux conditions de voyage difficiles en mer.

Dans les centres de détention, MSF soutient les autorités sanitaires maltaises afin d'établir un système garantissant un accès adéquat aux soins de santé pour ceux qui y sont temporairement détenus.

Depuis le mois d'août, MSF a visité plus de 1 000 patients dans les deux principaux centres de détention de l'Île. MSF a aussi mené une évaluation des eaux et de l'assainissement pour obtenir un aperçu plus large des conditions de vie affectant les soins de santé des détenus. Finalement, MSF a aussi identifié des catégories de personnes vulnérables dans les centres de détention telles que les femmes enceintes, les enfants de moins de 12 ans et les malades de façon à demander qu'ils soient libérés et hébergés dans les camps ouverts.

Dans les camps ouverts, des activités psychologiques ont commencé et en ce moment, 9 cas sont suivis. Surtout que le travailleur social et le médiateur culturel offrent une orientation vers les premières structures de santé publique aux bénéficiaires.

 

Grèce

Établissement temporaire des migrants à Prata

Suite aux missions exploratoires menées par les équipes médicales en février 2008 dans les centres de détention de Chios, Lesvos et Evros et dans le camp de Prata, MSF a décidé de mettre sur pied un programme d'intervention d'urgence au centre de détention de Mytilini et au lieu d'établissement temporaire des migrants de Prata, axé sur l'amélioration des conditions de vie et de l'infrastructure (centres de détention) et sur la prestation de soins de santé primaires et de soutien psychologique.

Prata est une ville de 240 000 habitants qui connaît depuis les dix dernières années un flux constant de migrants en transit vers l'Italie, souvent cachés dans des camions. Le camp de Prata, où vivent des migrants sans papiers, compte actuellement 1 000 personnes. La plupart viennent d'Afghanistan et ont abouti à Prata en chemin vers l'Europe. Ils vivent dans 122 maisons de fortune faites de morceaux de bois et de plastique, sans chauffage et sans accès à des soins médicaux.

MSF gère une clinique au sein du camp depuis mai 2008, fournissant une aide médicale, psychosociale et humanitaire aux sans-papiers. Depuis cette date, les équipes de MSF ont mené un total de 3 400 consultations dans le camp, la plupart concernant des maladies dermatologiques, des infections des voies respiratoires, des dépressions, du stress post-traumatique, et des blessures causées par leurs tentatives de sauter à bord d'un train ou d'échapper aux arrestations. MSF peut également transférer des patients à certains hôpitaux de Patras et suivre certains cas de maladies chroniques.

Centre de détention à Pagani - Lesvos

Le nombre de migrants sans papiers arrêtés par la police et par la garde côtière a considérablement augmenté au cours de l'année 2008. Le nombre total de migrants arrêtés sur l'île depuis 2008 a atteint 6 863 (selon les données des autorités policières de Lesvos), ce qui dépasse déjà les chiffres de 2007 (6 147 personnes). La majorité de ces personnes proviennent d'Afghanistan, de Somalie ou de Palestine et fuient la guerre, la violence, la faim et des conditions de vie extrêmement difficiles.

Depuis le 2 juin 2008, l'équipe de MSF travaillait au centre de détention, puis au Port de Lesvos, où les migrants sont amenés par les policiers. Les équipes de MSF ont fourni des soins de santé primaires et du soutien psychologique à plus de 1 700 migrants sans papiers. Pendant tout ce temps, le médecin et le psychologue de MSF n'avaient pas accès à des locaux appropriés. Le plus souvent, le médecin devait désigner les patients parmi les personnes entassées derrière les barreaux et l'agent de police les amenait dans la cour pour qu'ils soient examinés.

Les diagnostics les plus courants concernaient des infections respiratoires et des maladies dermatologiques. Pour atténuer l'anxiété et la dépression souvent observées, on a utilisé principalement les consultations de groupes ou individuelles, allié à des séances de jeux. La situation clinique était souvent exacerbée par les difficultés et l'insécurité liées au voyage vers l'Europe et aux difficultés vécues par les migrants dans leur pays d'origine.

Les efforts de MSF pour fournir de l'aide médicale et améliorer les conditions de vie de la population détenue ont été largement minés par le manque de soutien et d'engagement des autorités. Compte tenu des circonstances, fin septembre, MSF a pris la décision difficile de quitter le projet du centre de détention de Lesvos.

 

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