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Shurook, assistante sociale MSF à Naplouse : "On mange souvent du pain sans rien d’autre"

Naplouse  Juillet 2009 : Shurook rend visite à une famille de patients de MSF.
Naplouse - Juillet 2009 : Shurook rend visite à une famille de patients de MSF. © Isabelle Merny / MSF

Shurook est palestinienne. Elle est l'assistante sociale du programme MSF à Naplouse et vient en aide à nos patients. En contact avec des organismes sociaux, le ministère de la Santé ou l'UNRWA (organisme des Nation Unies en charge des réfugiés palestiniens), elle leur réfère certaines familles particulièrement démunies. Propos recueillis en juillet 2009

« Les patients que je vois me sont référés par les psys et je me coordonne avec les organisations sociales (locales ou internationales) pour les aider. Je repère les personnes ayant besoin d'une aide psychologique, dans les zones sensibles : près des colonies, là où il y a eu des incursions... Nous y allons, nous présentons MSF, surtout aux femmes. Parfois, les patients viennent directement à nous.

Le problème majeur c'est aussi le chômage, surtout dans les camps de réfugiés. Les Palestiniens n'ont plus le droit d'aller travailler en Israël, les autorisations sont très longues à obtenir. Les hommes sont les premiers à en souffrir. Les familles ont des potagers, quelques cultures pour leur propre consommation, des chèvres, des poules, la base... La vie ici est difficile. On mange souvent du pain sans rien d'autre. Les besoins majeurs concernent la nourriture, MSF fournit un kit alimentaire de base 2 à 5 fois par mois en fonction des besoins de la famille. En hiver, on distribue aussi des chauffages, des couvertures...

C'est toute la famille qui souffre. Il y aussi beaucoup de demandes de soutien scolaire, car les enfants sont de plus en plus violents, dès 4 ou 5 ans, et souvent en échec scolaire. Le niveau de violence croît d'année en année au sein des écoles, il n'y a plus de respect de l'autorité, des professeurs qui eux mêmes sont violents avec leurs élèves car ils ne savent plus les contrôler autrement.

Les petits sont stressés, ont peur, ne dorment pas et ils ne comprennent pas pourquoi ils sont mal. Parce que les pères de famille sont sans emploi, la violence domestique devient un réel problème social. C'est toute la famille qui en souffre. Or, il n'y a que deux organisations de référence pour la prise en charge de la violence familiale. De même, il n'y a qu'une seule organisation pour l'éducation qui soit gratuite à Naplouse. Ce sont des étudiants de l'université qui s'en occupent.

Lorsque la tension monte, l'armée israélienne occupe le toit ou les étages élevés de certaines maisons stratégiquement bien placées. Cela peut durer 6 jours comme 6 mois. C'est usant pour les habitants, physiquement et moralement. C'est humiliant aussi, c'est une réelle pression psychologique qui s'exerce alors sur la famille. Quand enfin les soldats partent, tout est sens dessus dessous, les portes et les fenêtres sont cassées...

Il y a trois camps de réfugiés à Naplouse, et beaucoup de tensions entre les réfugiés et les résidents. La violence y est d'autant plus élevée que la population des camps y vit sans aucune intimité et dans une grande promiscuité. Et il y davantage d'incursions dans ces zones où la vie est déjà misérable et difficile.

Le contexte est instable, volatile. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer. Même économiquement parlant, tout peut se détériorer très rapidement. Ce qui est certain, c'est que l'état psychologique général de la population se dégrade très nettement. Un patient peut être stable aujourd'hui, subir un traumatisme demain et devenir un cas sévère. C'est une maladie chronique ici. Le nombre de cas psychiatriques augmente, mais il n'y a qu'un seul hôpital psychiatrique dans toute la Palestine - à Bethléem, à deux heures d'ici - un seul psychiatre à Naplouse, sinon il faut aller dans des cliniques privées et payantes. Il y a un vrai besoin et peu de compétences cliniques spécialisées pour y répondre. MSF est la seule organisation à proposer trois types de services, psycho-médico-social, étroitement imbriqués et totalement gratuits. Pour moi, ces trois volets ne peuvent fonctionner l'un sans l'autre. »

 

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