RCA - Le banditisme entrave l’aide humanitaire

Des milliers de personnes ont fui les attaques des coupeurs de routes. Une famille dans le camp de déplacés à Kabo.
Des milliers de personnes ont fui les attaques des coupeurs de routes. Une famille dans le camp de déplacés à Kabo. © Spencer Platt/Getty Images

Depuis la mi-décembre 2007, des bandits, également appelés des « zaraguinas » ou coupeurs de routes, ont mené des attaques de plus en plus nombreuses et violentes à Bocaranga, dans le nord de la République Centrafricaine (RCA). Alors qu’une partie importante de la population reste déplacée dans le pays, l’insécurité liée au banditisme empêche les familles d’accéder à l’aide.

En février 2008, MSF a ouvert un programme à Bocaranga, dans le département d’Ouham Pende, situé dans une zone de banditisme très actif.

Le programme vise à soigner les enfants souffrant de problème qui a particulièrement touché les déplacés de Bocaranga et des gros bourgs de la région.

Le premier mois, 100 enfants ont été admis dans le programme, tous en provenance de la ville. Pour soigner plus d’enfants malnutris, il faudrait pouvoir accéder aux villages environnants.
Mais l’augmentation des attaques des « zaraguinas » empêche l’équipe MSF de s’y rendre.

« Le problème des coupeurs de route a pris aujourd’hui des proportions encore jamais vues par la population pourtant déjà bien éprouvée, constate Delphine, chef de mission MSF en RCA. Les commerçants, villageois, personnels de santé, ainsi que le personnel humanitaire se font désormais tirer dessus sans sommation, battre et piller lorsqu’ils tombent dans une embuscade de bandits.

Les transporteurs doublent leurs prix lorsqu’ils doivent transporter des marchandises dans cette zone, les chauffeurs de poids lourds parlent d’un ‘salaire de la peur’. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas sortir de Bocaranga pour accéder aux déplacés des villages environnants. Le risque de se faire attaquer est trop grand.»


En février 2008, aux alentours de Bocaranga, 8 membres du ministère de la Santé ont été pris en otage pendant deux semaines. L’insécurité pousse plusieurs infirmiers à quitter les villages, laissant leurs postes de santé vides de personnel médical. L’accès aux soins est aujourd’hui fortement réduit pour les populations.

En RCA, les lieux où opèrent les « zaraguinas » n’ont pas été jusqu’à maintenant des zones prioritaires pour les secours humanitaires. Les besoins de la population y sont pourtant immenses. Il est indispensable que les secours puissent s’y déployer sans risquer la vie des populations dans le besoin, ni celle des équipes de secours.

Jusqu’à présent, les secours se sont concentrés dans les zones affectées par le conflit entre groupes rebelles et le gouvernement, notamment dans le nord, où la violence a été intense jusqu’à la mi-2007. Ces zones restent marquées par une forte insécurité.

Mi-mars, la mère d’un jeune patient a été tuée par balle dans une ambulance MSF, sur une route de la province de Vakaga, au nord-est du pays. Ce meurtre a entraîné la suspension de toutes les activités de cliniques mobiles de MSF en dehors des principales villes dans la région.

Ceci arrive 9 mois après le meurtre d’Elsa Serfass, une volontaire MSF qui a été tuée dans le nord-ouest du pays, entraînant une réduction prolongée des opérations.

  • En plus du déplacement de population en brousse à cause du conflit entre les rebelles et les forces gouvernementales, des milliers de personnes ont fui la violence des coupeurs de routes, cherchant refuge à l’intérieur de la RCA ou dans les pays voisins.
  • En RCA leur nombre est difficile à chiffrer car ils sont éparpillés dans de petites villes par centaines, jusqu’à environ 2.000 personnes par bourgade. Le premier camp de déplacés dans le pays s’est formé à Kabo courant octobre 2007. Il accueille aujourd’hui plus de 2000 déplacés.
  • Au Tchad, 7.000 Centrafricains ont trouvé refuge en janvier 2008 dans un camp au sud du pays. Au Cameroun, on estime à 45.000 le nombre de réfugiés centrafricains. Une partie vit dans la brousse, avec peu d’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins. Ils continuent être exposés aux attaques des coupeurs de routes actifs tout au long de la frontière et à l’intérieur du Cameroun.

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